Le congrès du patronat s’ouvre aujourd’hui à Nouakchott. Occasion de voir la nouvelle configuration de cette instance de représentation de la très grande, de la grande et de la moyenne bourgeoisie du pays, après la « rectification » en cours depuis le Coup d’ État de 2008, dans ce secteur décisif de la vie nationale. Spécialement depuis la crise entre ce patronat (avec à sa tête M. Azizi) et le Chef de l’Etat.
Ce dernier voulait une » nouvelle » classe économique (des hommes d’ affaires à lui) comme il avait voulu une « nouvelle » classe politique. Il n’ aura au fond ni l’une ni l’autre. Mais, les hommes d’ affaires de tous calibres qui sont en conclave feront semblant de plier à ses volontés formelles et éliront « qui de droit » à la place que lui, le vrai patron des patrons, leur aura réservé à chacun. A coups de marchés biaisés pour les amis et de bâton fiscal pour les autres (adversaires en affaires), le super patron tient en respect tout ce beau monde. Dont l’immense majorité n’en pense pas moins! Que de récriminations et de jérémiades en privé en effet! La quasi totalité de ces patrons sont psychologiquement en état de révolution permanente camouflée à force de subir le diktat des gouvernants que nombre d’entre eux considèrent comme de simples concurrents (déloyaux) en affaires. Mais comme tous bons hommes d’affaires, ils feront semblant de tout accepter tout en attendant de voir venir les choses….
Sur un autre plan, la configuration des patrons présents confirmera de manière encore plus retentissante la polarisation ethnique et même sous ethnique et tribale de cette classe économique. Confirmé, le laminage des restes de la bourgeoisie negroafricaine désormais quasiment inexistante du pays comme l’est la composante hrattine de la communauté arabe au sein de cette classe économique dominante. On touche là du doigt, l’une des clés qui explique l’accélération et l’approfondissment de la dérive chauvine qui fracture le pays en deux, puisque l’Etat, au lieu d’ être un régulateur et un intégrateur social, est devenu, de plus en plus, un simple instrument entre les mains d’un pôle économique et social dominant et de plus en plus restreint à sa plus simple expression, qui lui dicte une politique discriminatoire de courte vue. Au détriment de l’unité nationale et de la paix sociale future.
Les questions nationale et sociale en Mauritanie sont avant tout, fondamentalement, des questions de nature largement élitaire et patronale. Il ne faut jamais l’oublier.