Une délégation du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même, a effectué une visite de travail au niveau de la ville de KIFFA, dans la période du 23 au 24 Décembre 2017.
L’objet de cette visite était de renouer le contact avec les cadres et les bases populaires locales. Durant ce périple, des points de vue ont été échangés sur les voies et moyens les plus appropriés pour concrétiser les nobles objectifs d’AL MITHAGH ; objectifs qui ne sont autres que la quête perpétuelle de la justice et l’égalité entre tous les fils du peuple mauritanien.
A travers les exposés et les échanges sincères et fructueux, les membres de la délégation ont été suffisamment édifiés sur la portée et l’envergure des méthodes et procédés utilisés pour maintenir le statu quo fait d’injustice et de marginalisation, pratiquées contre de larges franges et classes sociales au niveau de cette ville réfractaire et insoumise.
La capitale régionale, KIFFA, autrefois fleuron des villes émergentes, exemple vivant d’intégration et d’harmonie sociales, incarnait par son rayonnement le modèle à suivre par d’autres contrées du pays.
Aujourd’hui dénaturée, hagarde et désemparée, elle ploie et gémit sous le poids d’un immense chagrin ; celui d’avoir perdu son âme en prêtant le flanc, par mégarde, à la culture et aux comportements typiquement bédouins.
L’infiltration par surprise de ce milieu citadin par des us et coutumes tribales inadaptées mais dopées par l’autorité et les moyens de l’Etat, a eu pour conséquence la mainmise totale des tribus sur tous les leviers de commande et toutes les ressources.
Or, la tribu et l’organisation tribale sont organiquement liées à l’injuste stratification sociale. La pratique qui en découle – communément appelée tribalisme – marginalise machinalement tous ceux qui se trouvent être mal nés et donc promis au bas de la pyramide de cette république toute tribale qui ne dit pas son nom.
Cette réalité amère a généré des déséquilibres évidents dans le fonctionnement des structures sociales. Les victimes de cette grande pagaille ne sont autres que la majeure partie de la population, les Haratine – premiers visés par cette alliance Etat-Tribus – et qui font face en particulier à la privation et divers autres types d’exclusion dont le plus saillant est leur absence presque totale de la conduite des affaires publiques.
A titre d’exemple, l’une des plus grandes moughata’a de cette région – Barkéol, la capitale du triangle de la pauvreté, dont la population avoisine les 100 000 habitants, n’a eu aucun candidat au baccalauréat l’année dernière ; et l’incident de Daghveg qui s’est produit dans la même province, il y a de cela un an, demeure jusqu’à présent sans solution. Ledit incident symbolise désormais l’esclavage foncier procédant de la logique tribale dominante, laquelle est de mèche avec les milieux officiels…
Suite à ce constat qui ne représente qu’une goutte d’eau dans l’océan des pratiques ségrégationnistes, uniformément répandues et toutes plus abominables les unes que les autres, le Manifeste (AL MITHAGH) attire l’attention de l’opinion publique nationale et des autorités étatiques responsables, sur ce qui suit :
1 – Après que la Mauritanie ait été classée première nation esclavagiste du monde, nous ne voulons pas que notre pays ou que le système de gouvernement de notre pays soit mis au ban des nations et taxé de pratiques indignes et honnies de par le monde ; pratiques qui ont été expérimentées et abhorrées par tous les peuples de la planète ;
2 – Nous faisons porter, au pouvoir en place, la responsabilité pleine et entière de l’approfondissement du clivage entre les composantes de la société mauritanienne et la détérioration sans précédents du climat social qui s’en est suivie.
Le parti pris flagrant en faveur des forces rétrogrades, la déchirure sans cesse grandissante du tissu social, l’indifférence par rapport au sort reservé aux couches les plus défavorisées et aux pauvres en général, la partialité dans la répartition des ressources sont autant de faits concrets témoignant d’une mauvaise foi évidente ;
3 – Nous appelons tous les mauritaniens jaloux de l’avenir de leur pays, à un Sursaut National, porté par un grand consensus social et politique, pour faire régner la justice et l’équité afin de refonder la République en rebâtissant ensemble un projet fédérateur pour le progrès, le développement, la cohésion nationale, la justice et l’égalité des chances pour tous.
Nouakchott, le 29 Décembre 2017.
Mohamed Vall Handeya
Le Manifeste
Pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même