Général Mohamed Ould Abdel Aziz
Président de la République islamique de Mauritanie
Monsieur le Président,Par la présente, Solidarité Mondiale (WSM) et la Confédération des Syndicats Chrétiens de Belgique (AV-CSC), affiliée à la Confédération Syndicale Internationale (CSI), partenaires de la Confédération Libre des Travailleurs de Mauritanie (CLTM), dénoncent fermement les intimidations contre Samory Ould Beye, Secrétaire Général de la CLTM.
Le 25 août 2017, le Secrétaire Général de la CLTM a été convoqué par la police chargée de la lutte contre la criminalité économique et financière, sans donner aucune raison officielle.
Depuis lors, le Secrétaire Général subit des interrogatoires régulièrement sans assistance possible de son avocat. Ces interrogatoires portent sur les sources de financement, les partenaires et les positionnements de la CLTM. Suite à ces interrogatoires, une information judiciaire a été ouverte contre Monsieur Samory Ould Beye, et sans que l’accusation soit dévoilée, il a été mis sous contrôle judiciaire et ses passeports de voyage lui ont été retirés. Chaque lundi, le Secrétaire Général doit se présenter auprès de la Direction de Sureté pour confirmer sa présence à Nouakchott.
Ces événements récents ne sont pas isolés. Au contraire, depuis des années, la CLTM nous informe sur la situation, se détériorant, de la liberté syndicale en Mauritanie. Depuis trois ans, la CLTM n’a plus accès à plusieurs instances paritaires, dont le Conseil économique et social, la Caisse nationale de Sécurité sociale et la Commission nationale des Droits de l’homme. Depuis 2013, le Secrétaire Général a été exclu de la délégation officielle de la Mauritanie pour la Conférence Internationale du Travail à Genève.
Finalement, les positions courageuses de la CLTM sur les droits de l’homme, les dénonciations de l’esclavage et du trafic des femmes envoyées en Arabie Saoudite et les interpellations de la CLTM au gouvernement mauritanien devant la Commission des Normes de l’OIT, semblent faire de la CLTM une cible prioritaire de votre gouvernement.
Ces événements constituent de sérieuses violations des droits fondamentaux du travail, en particulier de la Convention 87 sur la Liberté d’association. Nous vous rappelons que la Mauritanie a ratifié la Convention 87 et est donc tenu de respecter et de faire respecter la liberté d’association, y compris le droit de circulation de tout syndicaliste. En vertu des dispositions de cette convention, les autorités publiques ont l’obligation de s’abstenir de toute intervention de nature à limiter la liberté d’association, la promotion et la défense des intérêts des travailleurs et travailleuses mauritaniens.
Nous prions le gouvernement mauritanien à mettre fin immédiatement à ces pratiques d’intimidation et d’exclusion contre la CLTM et son Secrétaire Général Samory Ould Beye en particulier, et à abandonner toutes les procédures judiciaires contre lui.
Monsieur le Président, tout en espérant, votre coopération et action hautement urgente, veuillez agréer l’expression de notre considération distinguée.
Marc LEEMANS
Président ACV-CSC
Solidarité Mondiale
Andre KIEKENS
Secrétaire Général
Source : Solidarité Mondiale