Tidiane N’Diaye, anthropologue et économiste, auteur de « Le génocide voilé » était l’invité de Jean-Pierre Elkabbach dans #LaMatinaleInfo.
Tidiane N’Diaye, anthropologue et historien sénégalais, musulman, auteur du livre « Le génocide voilé » fait une brillante mise au point sur l’esclavage dans un entretien avec Jean-Pierre Elkabbach dans son émission du 10 mai.
Tidiane N’Diaye : Le 10 mai, journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage marque l’arrêt de 4 siècles de traite transatlantique pourtant l’esclavage moderne existe et la communauté internationale regarde ailleurs, c’est bien de commémorer mais il faut agir aussi sur le terrain, dans les pays du Golfe, il existe un esclavage moderne, on organise des marchés d’esclaves noirs en Libye, c’est très grave…
JPE : vous racontez dans votre livre réédité et complété qui en appelle à la vérité historique, à la dignité et à la justice pour les Africains, que le commerce négrier conduit par les Arabo-musulmans a plus dévasté l’Afrique que les traites transatlantiques
TN’D : il n’y a pas de monopole de la cruauté mais on peut dire sans risque de se tromper qu’effectivement la traite négrière arabo-musulmane a été beaucoup plus dévastatrice que la traite transatlantique, dans le monde arabo-musulman le débat n’est toujours pas ouvert alors que les chiffres sont énormes, on parle de 17 millions…
Dans l’inconscient collectif des Arabo-musulmans aujourd’hui, pour dire noir on dit Abd esclave, puisque le débat n’a jamais eu lieu, dans l’Europe des Lumières des voix fortes se sont élevées alors que les intellectuels arabo-musulmans avaient abdiqué face aux obscurantistes et autres doctrinaires de la foi…
JPE : quelle est votre légitimité pour le dénoncer, vous ?
TN’D : d’abord je suis un chercheur africain, sénégalais et musulman, le voile qui entoure cette triste page de notre histoire est due simplement à une sorte de solidarité religieuse, il y a entre 400 et 500 millions de musulmans en Afrique, on a l’impression d’assister à une sorte de syndrome de Stockholm à l’africaine…