L’Association du Barreau Américain, Rule Of Law Initiative (ABA ROLI), en partenariat avec l’Association des femmes chef de famille (AFCF) a organisé du 27 au 29 mars dernier un atelier de formation des parajuristes pour accompagner les demandeurs d’état civil.
Ces participants qui viennent de l’intérieur, notamment du Brakna, du Gorgol, du Guidimakha, du Trarza et de Nouakchott ont été formés sur les procédures d’accompagnements des demandeurs d’état civil, sur les mécanismes juridiques appropriés. A l’issue de cet atelier, les participants et leurs formateurs se sont prononcés sur la formation en question.
–Mariem Hamady Kasset, coordinatrice de l’Afcf à Kaédi : «Cette formation est venue à son heure. Nous avons beaucoup appris. Cette formation nous a permis de connaître des lois que nous n’avons pas connues auparavant. Nous sommes actuellement bien outillées pour faire face à la situation de l’état civile à Kaédi. Nous avons bien compris et il reste à les maîtriser pour mieux accompagner les populations de Kaédi et des villages environnants.
Cette formation nous aidera à accompagner les demandeurs d’état civil. Il faut dire qu’à Kaédi, les populations sont confrontées à un problème d’éloignement par rapport au centre d’enrôlement. Elles passent la plupart du temps à Kaédi alors qu’elles viennent de très loin. Le centre est éloigné de leurs villages. Il se pose un problème de transport».
Autre problème soulevé par cet interlocuteur, c’est le problème d’éloignement des centres d’enrôlement. «Il faut décentraliser les centres d’enrôlement. Il faut aller vers les populations pour les aider à s’enrôler. Je remercie au passage l’Afcf et son partenaire ABA ROLI qui nous ont permis aujourd’hui d’acquérir de nouvelles connaissances en matière d’accompagnement des demandeurs d’état civil.
Nos formateurs aussi étaient vraiment à la hauteur de nos attentes».
–Aissatou Ibrahima coordinatrice de l’Afcf à Boghé : «Cet atelier nous a permis de mieux connaître les mécanismes d’accompagnement des demandeurs d’état civil. Nous sortons de cet atelier renforcer pour faire face à la situation de l’enrôlement. A Boghé, les populations rencontrent des problèmes au niveau de l’administration. Donc nous avons appris ici comment sensibiliser les populations, exhorter l’administration à aider les populations à s’enrôler ».
–Mame Lèye Traoré, chef d’antenne Afcf à Rosso : «Je trouve que la formation était très intéressante. Nous savons beaucoup de choses mais cet atelier nous a permis d’acquérir d’autres connaissances en matière d’accompagnement des demandeurs d’état civil. Cela va nous renforcer dans notre travail. Nous avons maintenant plus de capacités pour faire notre travail sur le terrain.
Vous savez au Trarza, les populations comme partout à l’intérieur du pays, nos populations méconnaissent leurs droits à l’état civil.
Mais aujourd’hui, après cette formation, nous avons appris beaucoup de lois et de mécanismes pour accompagner ces populations. Je remercie les formateurs qui nous ont bien formés, notre Association l’Afcf et ABA ROLI qui ont compris qu’il était plus que nécessaire pour nous d’être formés pour mieux connaître les mécanismes d’accompagnement des demandeurs d’état civil ».
–Yahya Tourad parajuriste de l’Afcf à Sélibaby (Guidimakha). «Cette formation est très importante. Elle nous a permis de mieux comprendre les mécanismes d’accompagnement des demandeurs d’état civil mais aussi les lois qui donnent le droit à tout citoyen d’acquérir le papier d’état civil.
On nous a outillés en connaissances juridiques pour faire face à l’administration. Vous savez au Guidimakha, il y a beaucoup de problèmes d’état civil. Mais en tant que parajuristes, notre rôle, après cet atelier, c’est de sensibiliser les populations pour qu’elles comprennent l’importance d’obtenir le papier d’état civil.
Il faut donc une sensibilisation des populations pour qu’elles sachent qu’il y a un intérêt à avoir un papier d’état civil et ça, c’est l’affaire de la société civile et de leurs partenaires techniques et financiers d’aller dans ce sens ».
–Vatimetou M/ Mohamed Lemine chef d’antenne Afcf à Riyadh (Nkc) : «C’est une bonne formation qui nous ont permis de mieux comprendre les lois et les mécanismes d’accompagnement des demandeurs d’état civil. Car à Riyadh, les populations habitent très loin du centre d’enrôlement qui est dans un lieu enclavé. Certaines populations travaillent en ville et n’ont pas le temps.
Il y a un problème de sensibilisation des populations qui n’ont pas encore compris l’intérêt d’avoir le papier. Elles se découragent vite à cause des rendez-vous incessants, des problèmes de réseau d’internet et cela constitue un handicap chez les populations qui préfèrent aller chercher le pain quotidien que de faire la queue à longueur de journée sans s’enrôler. Il faut que l’administration soit beaucoup plus proche des citoyens et leur soit accessible».
–Mohamed Ahmed Meissigué Djégui, formateur: «J’ai eu à intervenir sur le mécanisme d’enrôlement. J’ai traité cette question avec les parajuristes et nous avons fait des travaux pratiques en groupes. Nous avons fait des évaluations et j’ai eu l’impression que ce sont des participants au niveau très élevé parce qu’ils avaient bien restitué le travail.
D’ailleurs, j’ai senti tout au début que certains étaient bien imprégnés mais il leur manquait une organisation et des procédures à suivre avec des documents nécessaires. J’ai donné des exercices qui leur ont permis de bien comprendre le processus de l’enrôlement. Et ils ont compris comment insister pour convaincre l’administration et trouver une solution aux problèmes des populations ».
–Youssouf Diakité, consultant spécialiste des questions d’état civil : «Je voudrai revenir d’abord sur la présentation que j’ai faite relative aux notions de base des droits de l’homme. Je leur ai fait comprendre la mission du parajuristes et les techniques d’engagement qu’ils vont adopter pour se faire accepter par la communauté qui doit adhérer à leur cause.
J’ai présenté le rôle particulier que le parajuriste doit avoir et l’attitude qu’il doit faire face dans les cas les plus délicats. Et on a abordé les différentes phases pour accompagner les parajuristes. Donc toute une démarche intégrale du processus a été expliquée. Mon évaluation a été très positive du niveau d’ensemble des parajuristes et du niveau de compréhension des cours que nous avions présentés.
Nous avons fait des tests d’évaluation par groupe et nous avons procédé à des restitutions. Nous estimons que les parajuristes ont un rôle primordial à jouer pour régler les problèmes des autres mais aussi du citoyen. Nous avons abordé des cas possibles et des solutions appropriées, les démarches auprès de l’administration, les contacts avec la communauté et les autres administrations. D’une manière générale, nous leur avons donné des outils qui peuvent les aider à accomplir leur mission.
En retour, il m’a semblé que compte tenu de l’engagement personnel, de leur disponibilité et de leur volonté manifeste, nous pensons qu’ils sont dorénavant susceptibles d’accomplir leur mission convenablement et dans de très bonnes conditions. Enfin, je remercie le bailleur, ABA ROLI qui contribue par ce genre de formation des parajuridstes, à renforcer les capacités des organisations de la société civile».
Au cours de cette formation, les formateurs ont parcouru tout l’arsenal juridique national et les conventions internationales que la Mauritanie a ratifiées. Tout comme ils ont abordé les lois sur l’esclavage, les déclarations de 1789 et de 1948 relatives aux droits de l’homme, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et les textes qui organisent les droits de l’homme en Mauritanie
Propos recueillis par I.Badiane
Source : Journal Tahalil (Mauritanie)