Les médias ne s’y intéressent pas, et les organisations féministes censées le relever au débat public et à la sphère de décision sombrent dans une profonde léthargie.
Je voudrais, d’abord en tant que femme consciente de la nécessité et de l’urgence de lancer un débat public auteur de la cause féminine en Mauritanie, et ensuite en tant que témoin et même victime de ces discriminations sexistes, attirer l’attention des autorités et de la société civile sur l’existence de beaucoup d’inégalités au travail à l’égard des femmes auxquelles il faut remédier.
Je ne vais pas parler dans cet article des discriminations flagrantes faites contre les femmes au niveau de l’embauche, auxquelles on préfère les hommes qui sont, aux yeux des employeurs, plus productifs, et les femmes ne sont que des créatures passives dépourvues de tout dynamisme et créativité qu’il faudrait garder à la maison jusqu’à ce qu’elles aillent à leur dernière demeure. Résultat de ce sexisme d’un autre âge : un taux de chômage bien très élevé chez les femmes par rapport aux hommes. Mais, je vais me limiter à ces inégalités dont souffrent les femmes actives dans les institutions de l’État et au secteur privé.
Les discriminations sexistes se manifestent en premier lieu dans la surreprésentation des femmes dans des professions peu rémunérées. En effet, les femmes se voient le plus souvent attribuer des postes secondaires ou subalternes (secrétaires dans l’administration, guichetières aux banques, aides-soignants dans les hôpitaux, etc.), et c’est malgré le fait que beaucoup d’elles sont aussi qualifiées que leurs supérieurs mâles, et détiennent des diplômes qui sont équivalents aux leurs.
En deuxième lieu viennent les inégalités salariales. Les patrons discriminent froidement les femmes en les payant moins par rapport aux hommes qui occupent pourtant les mêmes postes, ainsi, les femmes n’auraient-elles pas besoin de « gros » salaires, toujours dans le registre du sexisme et des mentalités machistes du Mauritanien. Cette sorte de discrimination est particulièrement présente dans le secteur privé qui jouit d’une « impunité législative » scandaleuse de la part des autorités ; les entreprises privées font ce que bon leur semble sans le moindre souci des droits de leurs employés.
Toujours est-il que lorsqu’une femme demande à son patron une augmentation de salaire ou bien quand elle réclame, à l’instar de ses collègues mâles, de passer au rang supérieur dans la hiérarchie professionnelle, soit il lui fait les gros yeux, soit il lui fait les yeux doux ! Oui, les femmes se voient souvent harceler sexuellement dans le travail, en particulier lorsqu’elles formulent des demandes financières, légitimes bien entendu, ou toute autre demande liée à leur situation au travail visant à améliorer sa situation. J’ai beaucoup d’amies qui m’ont confié avoir été victimes de harcèlement de la part de leurs supérieurs. Ces derniers leur proposent souvent de l’argent ou des privilèges au travail contre des « services » contraires aux mœurs. Et celles qui expriment un refus catégorique pourraient faire l’objet d’un autre type de harcèlement, moral cette fois-ci, pour sanctionner leur audace. Les femmes qui osent vouloir donc changer cet ordre discriminatoire voient parfois leur situation empirer.
En guise de conclusion, j’exprime ici un appel aux autorités et au parlement mauritanien, étant deux sources de la jurisprudence, pour légiférer sur les inégalités en milieu professionnel, et sur le statut de la femme pour plus de garanties contre les discriminations sexistes et le harcèlement sexuel des femmes au travail.
Fatma Cheikh Elemine
Source : Mauriweb (Mauritanie)