Le congrès, réuni les 28 et 29 Octobre 2016 à l’ancienne maison des jeunes de Nouakchott, à la demande de l’écrasante majorité des instances provisoires, des cadres, des militants et sympathisants, se fondant sur :
○ Les enseignements supérieurs de notre sainte religion énoncés dans le Coran et la Sunna ;
○ Les principes fondamentaux tels qu’édictés dans le Document du Manifeste (AL mithaagh) pour les droits politiques, économiques et sociaux des haratine du 29 Avril 2013, visant à promouvoir les idéaux d’égalité, de justice sociale et d’unité pour construire une nouvelle Mauritanie;
○ Les luttes passées et actuelles des mouvements politiques et sociaux – à commencer par le mouvement des Kadihine, passant par le mouvement EL HOR et toutes les autres organisations et mouvances qui ont emprunté le même sillage -, luttes qui ont été initiées depuis les premières années de l’indépendance et les acquis accumulés ayant contribué grandement à l’éveil politique et citoyen de toutes les couches opprimées et particulièrement les Haratine ;
○ Les principes d’égalité et de justice tels que proclamés dans les différentes Constitutions et Législations de la République Islamique de Mauritanie ;
○ Les principes et les valeurs définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948, les Conventions et Traités arabes et africains , relatifs aux droits politiques et civils, économiques et sociaux des peuples et des citoyens.
Analysant la situation préoccupante de la communauté Haratine marquée par l’esclavage et la persistance de ses différentes formes traditionnelles et modernes, caractérisée par l’ignorance , l’extrême pauvreté, le chômage, la difficulté d’accès aux soins et au savoir, ayant eu pour conséquences :
○ Une présence insignifiante au niveau du Gouvernement, une représentation réduite à sa portion congrue dans les Assemblées parlementaires et les différentes instances électives par cause d’aliénation électorale empêchant l’expression du libre arbitre des Haratine ;
○ Une quasi-absence des différents secteurs économiques formels (Banques, Assurances, Grandes entreprises…etc.), réduisant leurs possibilités d’investissement et d’emploi aux métiers manuels, pénibles et mal rémunérés ;
○ Le détournement des différentes reformes foncières, notamment celle de 1983, qui ont abouti paradoxalement à une expropriation massive des communautés villageoises et des paysans locaux au profit des groupes de pression tribaux et du lobby de l’agro-business ;
○ L’exclusion quasi-systématique des fonctions administratives supérieures suivant une logique de discrimination négative.
Appréciant les dynamiques politiques et sociales caractérisant l’évolution de la société mauritanienne, portées par :
○ Le processus de démocratisation entamé au milieu des années 80, qui a influé positivement sur les rapports entre groupes dominants et dominés ;
○ l’intensification des luttes sociales et politiques dans le nouveau contexte électoral avec comme moteur le suffrage universel et l’égalité entre les citoyens qu’il induit;
○ L’émergence de nouveaux acteurs sociopolitiques prônant un discours de rupture avec l’ordre ancien et l’édification d’une nouvelle société plus juste et plus égalitaire ;
○ Les tentatives hésitantes, les efforts mitigés et parfois contradictoires des gouvernements successifs feignant de prendre en compte les nouvelles revendications légitimes de la communauté Haratine et des différentes couches marginalisées, ont toujours oscillé entre le déni et les demi-mesures avec pour conséquence finale le maintien de l’écrasante majorité de ces exclus dans l’extrême pauvreté, l’ignorance et la misère sans aucun espoir de lendemains meilleurs.
La preuve en est que, au jour d’aujourd’hui, 80 à 90% des citoyens mauritaniens analphabètes ou vivant en deçà du seuil de pauvreté, sont des Haratine.
Malgré les évolutions politiques et sociétales initiées par les différents gouvernements depuis le début des années 80 visant à améliorer la représentativité politique, l’adoption d’un arsenal juridique dissuasif contre les pratiques esclavagistes, suivi de la création récente de tribunaux spéciaux chargés de réprimer les crimes et pratiques esclavagistes, la création de l’agence Tadamoun dont l’impact demeure insignifiant, les résultats de l’ensemble de ces efforts restent sans aucune incidence sur le vécu quotidien des populations.
Le congrès, prenant en compte la situation politique, économique et sociale de la communauté Haratine et du pays dans son ensemble, les dynamiques politiques et sociales à l’œuvre et la volonté exprimée des Pouvoirs Publics, décide, en phase avec les débats, idées et propositions des congressistes qui ont fortement appuyé la refondation d’AL Mithaagh, de :
○ Réaffirmer l’ancrage d’AL Mithaagh parmi les forces du progrès et de la transformation politique, économique et sociale, tout en soulignant son caractère non partisan le situant à équidistance du pouvoir et de l’opposition ;
○ Engager l’ensemble des cadres et militants d’AL Mithaagh à une mobilisation de tous les jours pour faire triompher ses idéaux et objectifs à travers des campagnes d’information et de sensibilisation ainsi que l’organisation d’activités sur toute l’étendue du territoire national et à tous les niveaux et échelons (Organisations paysannes, des jeunes et des femmes ; coopératives, organismes socioprofessionnels …etc.).
○ Lancer un appel pressant à toutes les forces vives de la nation : organisations sociopolitiques et syndicales, les élites intellectuelles et universitaires, les médias et autres leaders d’opinion, les leaders religieux et opérateurs économiques, pour soutenir l’action d’AL Mithaagh, et contribuer activement à atteindre ses objectifs ;
○ Tendre la main à toutes les forces politiques (pouvoir et opposition) pour un nouveau partenariat fondé sur la confiance et la concertation pour servir les intérêts supérieurs de la Nation et renforcer la cohésion et l’unité nationales ;
○ Demander la mise en œuvre de nouvelles politiques économiques, sociales et éducatives, rompant avec le passé et ouvrant de nouvelles perspectives pour accélérer la lutte contre toutes les formes d’exclusion, favoriser l’accès équitable aux activités génératrices de revenus , tout en intensifiant les stratégies pour éradiquer définitivement les pratiques esclavagistes et les séquelles qui en découlent ;
○ Joindre sa voix aux différents courants demandant la libération immédiate de tous les détenus d’opinion des mouvements : IRA , mani chari gaz oil, 25 Février ;
○ Mandater le Bureau Exécutif et les autres instances pour : 1/ – Assurer une large diffusion des travaux et résultats du congrès ; 2/ – Prendre contact avec le gouvernement, les partis politiques de l’opposition et de la majorité, les syndicats et les organisations socioprofessionnelles, les mouvements des femmes et des jeunes, les chefs d’entreprises, les opérateurs économiques et les différents leaders d’opinion pour partager et échanger autour des idéaux et conclusions du congrès pour fonder une relation utile et durable au service du pays ;
3/ – Mettre en place des mécanismes permanents de suivi et de concertation afin de favoriser la participation de tous.
Nouakchott, le 29 Octobre 2016.