Ousmane Amadou Anne, à l’état civil et « ZO » pour les intimes, est un enfant de Nouakchott. Ce jeune Mauritanien est né le 06 août 1980. Fils du colonel Anne Amadou Babaly, une mémoire emblématique de la marche de la Mauritanie.
Le colonel a marqué d’une encre indélébile plusieurs évènements importants du pays. La mère d’Ousmane est Dia Fatimata, assistante sociale et ancienne cadre à la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), « la maman de tout le monde ».
Ce jeune des grandes ambitions et qui a une pensée pour le bien être de tout le monde, comme on aime le qualifier, est marié à Mme Raki Barro. Il est père d’un garçon de 2 ans. Très tôt, il rejoint l’Agence française de tourisme Allibert pour un poste de responsable administratif à Atar au nord de la Mauritanie. Il y passera 4 ans et demi entre 2002 et 2006 avant de regagner Nouakchott pour rejoindre, en septembre 2006, la société Mauritano-espagnole Grupo Barber & Cie en qualité de responsable commercial jusqu’en Mai 2011.
Ousmane travaillera par la suite à la SOGECO en tant qu’assistant projets. Poste qu’il occupera jusqu’en novembre 2013 où il est promu Client Opérations Manager Airfreight (COM). Il s’envole pour Dakar pour une formation en management des métiers transit chez Bolloré avant de prendre sa nouvelle fonction. Il sera envoyé à Abidjan en juin 2014 d’où il reviendra certifié IATA pour le transport des matières dangereuses de l’académie « Sayna Consulting ».
En août de la même année, il sera certifié AIEA à Nouakchott par l’ARSN (Autorité de régulation de sûreté et de sécurité nucléaire) pour le transport et la manipulation des matières radioactives. Ousmane fut très tôt animé par un amour de sa nation. Et pour cela il est en prison aujourd’hui.
En 2007, il se trace une voie dans les mouvements politiques, son entrée au parti AJD/ MR marque ses premiers pas dans un tourbillon d’opposants et de résistants.
Mais le chemin ne sera pas long : Ousmane, frappé par certaines injustices liées aux politiques à l’époque, décide d’écrire « Sauver la Mauritanie ». Dans cet article, le jeune homme fait part de ses inquiétudes et dénonce la politique qu’il juge « fantôme » à l’époque. « Les militaires dans les casernes », c’est la vision du jeune halpuular qui maîtrise bien la langue de Molière.
Ousmane est militant des premières heures de « Touche pas à ma nationalité » qui dénonce l’enrôlement biométrique qu’il continue d’appeler « le génocide biométrique ». En 2012, il rejoint l’Initiative de la Résurgence Abolitionniste (IRA) et accompagne Biram Dah Ould Abeid dans sa course à la Présidence. Il occupera le poste de président de la Section de Tevragh-Zeina et Directeur de campagne adjoint à Nouakchott lors des présidentielles de juin 2014. Ousmane reste ferme dans sa position de militant des droits humains.
De l’esclavage à la discrimination des noirs en Mauritanie en passant par le racisme, Ousmane dit NON ! Le jeune nouakchottois aspire à une véritable unité nationale où les droits de tous sont consacrés et non cette unité de façade qu’on sert au peuple mauritanien. Pour Ousmane, donner un sens à la vie en tant que jeune noir mauritanien, c’est promouvoir les droits des Noirs, des Harratines et l’égalité de tous les fils de la Mauritanie. C’est soucieux de cela que « ZO » s’est armé de mots et de plaidoiries pour éveiller l’opinion internationale sur les questions de différences et d’identités en Mauritanie.
Il devient ainsi le porte-parole de Biram, le 29 janvier 2014, auprès des médias nationaux pour parler de la candidature de Biram Dah Abeid pour les présidentielles. Au côté d’IRA, il soutient la marche du Manifeste pour les droits politiques, socioéconomiques et culturels des Harratines. Le 8 mai 2015, il est l’invité de la plus grande émission géopolitique d’Afrique « Le Grand rendez-vous » de la chaîne sénégalaise 2STV pour parler de l’esclavage en Mauritanie et des actions d’IRA.
Il voyage à travers la Mauritanie et le Sénégal, lance les actions d’IRA à travers des médias nationaux et internationaux. En septembre 2015, il décide de créer avec des amis de très longue date ce qu’ils ont appelé « Groupe de réflexion et d’action » où il sera désigné Coordinateur pour approcher les leaders politiques afin d’attirer l’attention sur les dangers qui guettent la cohésion nationale. Ce groupe reçoit la majorité des leaders politiques et met en marche un plan d’action qu’il compte porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale dans les prochains jours ou semaines…
Suite aux émeutes qui ont opposé les habitants d’un squat (Gazra Bouamatou) et avec les arrestations de ses camarades de lutte (militants d’IRA), Ousmane élabore un plan et passe des jours et des nuits à la recherche de la vérité auprès des politiciens de renom de ce pays afin de réfléchir à la situation de ses compagnons de lutte. Un combat « pacifique et patriotique », dira Ousmane lors de la conférence de presse qu’il a animée pour dénoncer les arrestations injustifiées des membres de l’IRA le 3 juillet 2016.
Dans son élan de recherche de la vérité, Ousmane se verra priver de la liberté le 8 juillet 2016, une liberté de parler, celle de plaider, de militer, et surtout une liberté de vivre auprès des siens. Il sera enfermé entre le commissariat du CSPJ et le commissariat Tevragh-Zeina 3, où il passera des jours dans des conditions de détention inhumaines, privé de la visite de sa famille, de ses avocats et des ONG des droits de l’homme, avant d’être présenté au Procureur en compagnie de ses camarades de lutte dans la nuit du 11 au 12 juillet à 4 h du matin. Ils seront déférés à la prison civile de Dar Naim, jugés et condamnés le 18 août 2016 à de très lourdes peines de prison allant de 3 ans à 15 ans.
Ousmane Amadou Anne écopera de trois ans d’emprisonnement ferme. Et depuis, il croupit avec ses camarades dans les geôles du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz. Il a été piégé pour son amour pour une Mauritanie juste et égalitaire.
Son ami Birane Sakho confie que : « Ousmane Anne, ZO comme j’ai l’habitude de l’appeler, symbolise, à mes yeux, Le Patriotisme. De son engagement pour les nobles causes, de l’Honneur (pour tous les Mauritaniens), de la Fraternité (entre tous les Mauritaniens) et de la Justice (pour tous les fils du pays) prend naissance son Amour pour sa patrie, pour notre patrie. Je lui connais un patriotisme et une conviction qu’aucune prison ne peut étouffer».
Et l’ami Ahmed Barro d’ajouter : « Ousmane est l’une des rares personnes qui arrivent à voir et comprendre l’essentiel des choses sans tergiversations ni hésitations. Ousmane, c’est aussi l’intelligence, l’indépendance d’esprit, le pragmatisme et l’extrême générosité ». Quant à ses proches, ils tiennent le coup, le petit, avec, parfois, un regard perçant, sembler chercher son Papa qu’il ne voit plus à la maison. On lui avait dit que Papa était parti en mission. En mission pour la restauration de l’honneur et de la dignité de l’homme mauritanien. En mission pour une Mauritanie avec des citoyens des droits et des devoirs ; des citoyens à part entière et non entièrement à part.
ZO, à bientôt.
Camara Seydi Moussa
Source : La Nouvelle Expression (Mauritanie)