Avec l’actuelle direction de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), dont la mission est de défendre le droit, concrétiser l’engagement du gouvernement dans la protection des droits et libertés des citoyens et d’affirmer l’attachement du pays au respect de ses engagements internationaux en matière de protection et de promotion des droits de l’Homme, tout le monde en Mauritanie, est d’avis que le pari est perdu.
Ces quatre dernières années, l’institution qui a été plus politique que droit-de-l’homiste, a failli aussi bien dans son rôle de promoteur et de protecteur des droits de l’Homme que dans sa mission de vulgarisation du droit. Reste maintenant aux Nations Unies de juger l’action de la CNDH, voire le niveau du respect du droit par le régime.
Ce sera le 10 novembre courant à Genève, dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU). La perspective est d’importance, puisqu’il s’agira de dire si la Mauritanie est regardante sur les droits de l’homme, ce qui la conduira à conserver son statut « A » ou si au contraire, elle a fléchi dans le domaine du respect des droits de l’homme.
Ce qui la remettrait dans le cercle des pays mis à l’index et conséquemment peu fréquentable. Conscient de la situation et surtout, de l’enjeu, le gouvernement s’est d’emblée engagé en campagne, pour aider la CNDH à relever le défi.
C’est dans ce cadre que des contacts et des accords ont été scellés entre la CNDH de Mauritanie et certaines des CNDH membres du comité d’appréciation des Nations-Unies, parmi lesquelles La Jordanie. C’est aussi dans ce cadre que d’importants moyens ont été déployés pour baliser le terrain.
Il faut dire que le combat n’est pas simple. En amont, le processus de nomination des membres de la CNDH est resté entièrement contrôlé par le président de la République ; nombreux sont ceux-là qui continuent à se poser des questions sur la présence en son sein de personnalités politiques.
Ces quatre dernières années, la CNDH a non seulement fait fi, de la question de l’esclavage, mais, plus, très proche de l’Exécutif, elle n’a jamais dénoncé des situations avérées de manquement aux droits de l’homme tels les cas de torture de prévenus par les forces de l’ordre et de mauvais traitements de citoyens qu’ils soient nationaux ou étrangers vivant en Mauritanie.
En fait, ayant été sommée lors de son dernier passage à l’EPU de renforcer son indépendance et la confiance des citoyens et de la société civile, d’améliorer l’efficacité de son mécanisme de plaintes individuelles, de faire connaitre ce mécanisme auprès du grand public et d’adopter une approche plus critique vis-à-vis du gouvernement, la CNDH est exactement passée outre.
Reste à savoir si elle pourra passer le seuil du 10 novembre prochain. Un échec, remettrait non seulement en cause tous les acquis droits-de-l’hommiste de ces dernières années – ce qui éloignerait les potentiels investisseurs étrangers, éventuelement les bailleurs de fonds, entre autres-, mais aussi et surtout avilirait le statut extérieur de la Mauritanie qui souffre déjà de l’image faite d’elle de nation esclavagiste.
Faut-il rappeler que l’Examen Périodique Universel (EPU) est un processus unique en son genre. Il consiste à passer en revue les réalisations de l’ensemble des Etats membres de l’ONU dans le domaine des droits de l’homme. Il s’agit d’un processus mené par les Etats, sous les auspices du Conseil des droits de l’homme.
Il fournit à chaque État l’opportunité de présenter les mesures qu’il a prises pour améliorer la situation des droits de l’homme sur son territoire et remplir ses obligations en la matière.
Il rappelle aux Etats leur responsabilité de respecter pleinement et de mettre en œuvre tous les droits de l’homme et libertés fondamentales. L’objectif ultime de l’EPU est d’améliorer la situation des droits de l’homme dans tous les pays et de traiter des violations des droits de l’homme, où qu’elles se produisent.
Source : L’Authentique (Mauritanie)