La pauvreté serait-elle une fatalité en Mauritanie, pays pourtant doté de ressources internes et externes incommensurables ? L’évidence montre l’inefficacité de programmes conçus ces dernières années, auxquels s’ajoutent les efforts vieux d’un demi siècle, tous incapables d’offrir une vie décente à la population.
Les mannes des bailleurs et partenaires traditionnels auxquels se joignent les budgets nationaux pour combattre le fléau, font de plus en plus penser à un gouffre sans fonds où la pauvreté s’engrosse année après année.
Le gouvernement pourra toujours flirter avec les bailleurs extérieurs. La pauvreté reste dure à cuire. Combien de milliards d’UM, de millions d’Euros et de dollars, de Francs anciens et de Yen, de Yuan et de Dinars ont-ils été investis enMauritanie, toutes les années passées et dans divers secteurs pour extirper de la pauvreté, ne serait-ce que 30 % de la population mauritanienne, une poignée des quatre Millions d’âmes, l’équivalent d’une petite capitale africaine ?
L’impression est que tout le tintamarre soulevé autour des programmes de lutte contre la pauvreté n’est que du folklore. Juste des ateliers, des séminaires, des conférences, où des élites théorisent entre deux pauses café, signent des documents factuels, dont les chiffres mirobolants n’atterriront jamais dans la marmite des pauvres des périphéries des villes ou des hameaux lointains.
Que le ministre des Finances Ould Ndaye tente aujourd’hui d’assainir les finances publiques, qu’ils revoie à la hausse diverses taxes de l’Etat dans le but de renflouer les caisses du Trésor public, ou que les partenaires étrangers dégagent une énième cagnotte pour relever le niveau de vie des gens de l’AftoutChergui, ne changeront rien à la donne. Ces gestes emplissent les archives de l’Agence mauritanienne d’information. Seuls les acteurs changent.
Tout le reste n’est qu’éternel recommencement. Les gros chiffres et la main davantage tendue des pauvres. Les ventres vides et les regards rachitiques des milliers d’enfants, de vieillards, de diplômés chômeurs, de demandeurs d’emplois devant les inspections de travail, restent d’éternels tableaux immuables. Les milliards passent et les pauvres continuent de crier. Toujours le même nombre, ou presque, tant la pauvreté statistique recule peu.
Selon les résultats de l’Enquête permanente sur la condition de vie des ménages (EPCV) de 2014, 46% des Mauritaniens vivaient avec moins de 2 dollars (environ 500 UM) par jour. L’objectif pour 2015 est de ramener ce chiffre à 25%. Or, la pauvreté ne recule que d’1 point par an.
La cause ? Une mauvaise maîtrise de la croissance démographique et une richesse nationale mal répartie. Pourtant, entre 2006 et 2010, la croissance économique était forte, 3,7% hors pétrole. Pourtant, que de programmes ont été initiés et que de solutions ont été envisagées pour relever le niveau général de vie, à travers notamment la construction d’hôpitaux, d’infrastructures scolaires, de routes et de digues, le raccordement à l’eau et à l’électricité, l’accès à la propriété foncière, le développement de la micro-finance, de l’agriculture…
Des gouffres financiers qui n’ont en rien amélioré la situation des populations. Ce n’est certainement pas pour demain que l’on aura une Mauritanie qui est venue à bout de la pauvreté, c’est-à-dire, une Mauritanie où les gens mangent à leur faim, se soignent convenablement, envoient leurs enfants à l’école et disposent d’emploi.
JOB
Source : L’Authentique (Mauritanie)