Mr le Président,
Mon organisation SOS-Esclaves et Minority Rights Group nous réjouissions que le gouvernement mauritanien ait adopté les recommandations visant à renforcer le cadre juridique de lutte contre les violences faites aux femmes.
Nous émettons l’espoir que l’adoption de ces recommandations sera suivie d’actes concrets pour protéger les femmes des violences perpétrées à leur encontre et garantir leur pleine participation dans toutes les sphères de la société. Cependant, nous regrettons que le gouvernement refuse d’abolir les dispositions discriminatoires du Code du statut personnel qui place la femme sous la coupole de l’homme et l’infantilise.
Nous exprimons aussi des réserves quant à l’adoption de recommandations liés à la lutte contre l’esclavage que le gouvernement estime qu’elles sont « déjà mises en œuvre ou en voie de l’être ».
L’adoption en 2015 d’une loi renforcée contre l’esclavage, l’établissement de tribunaux spécialisés, la promulgation d’une journée nationale contre l’esclavage sont des mesures importantes dans le texte, mais qui n’ont apporté aucun changement dans la vie des victimes.
En effet, à travers un projet financé par ONU Femmes, SOS-Esclaves a libéré, entre 2014 et 2015, 37 personnes, dont 20 mineurs et 17 femmes adultes, au Hodh Echarqui et en Adrar, dont les dossiers une fois la plainte déposée n’ont toujours pas été traités. Nous tenons à rappeler à l’Assemblée que depuis la criminalisation de l’esclavage en 2007, seulement un maitre d’esclaves a été condamné, puis remis en liberté provisoire après seulement 4 mois en prison.
Nous regrettons aussi que l’Etat n’a jamais envisagé de mener des actions d’identification et de libération massive d’esclaves bien qu’il en ait les moyens (forces de police et de gendarmerie), ce qui devait être la première mesure d’accompagnement à la loi. Il n’y a que les associations, SOS-Esclaves en tête, qui mène des actions de libération d’esclaves et accompagne la recherche de réparation pour les victimes.
Je vous remercie.
Intervenante: Mme Salimata Lam
Source : SOS Esclaves