Non seulement, l’Etat mauritanien a renié tous ses engagements vis-à-vis des riziculteurs nationaux, à qui il avait promis pourtant de racheter toute la production et de les protéger contre le riz importé, mais aujourd’hui, les producteurs font fasse à une spectaculaire chute du prix du riz qui selon eux, ne survient en général que lors de coups d’Etat, comme en 2005, 2006 et 2009.
L’avenir du riz mauritanien est en danger, compromettant ainsi l’effort national et celui des partenaires technico-financiers, consenti depuis des décennies. Ces sont ainsi des centaines d’études et de projets ayant coûté des milliards d’UM à la collectivité qui sont insouciamment passés à perte et profit, sabotant du coup toutes les stratégies et politiques d’autosuffisance alimentaire.
La déception des producteurs mauritaniens du riz est aujourd’hui d’autant plus grande que l’Etat mauritanien semble avoir lâché le secteur. Aujourd’hui, le gouvernement a renié ses engagements, se plaignent les producteurs, rappelant la promesse lancée par le président Mohamed Abdel Aziz lors de sa dernière visite dans le Trarza.
Il avait solennellement déclaré que l’Etat mauritanien allait acheter l’ensemble de la production rizicole du pays pour encourager le secteur. Plus tard, le Premier ministre montera au créneau pour annoncer le désistement de l’Etat par rapport à cet engagement avant que le ministre des Finances ne se présente devant le Parlement, lors des dernières discussions sur le budget, pour dire qu’un tel engagement n’a jamais eu lieu.
Une telle cumulation de frustration poussera le président de l’Association pour la modernisation et la diversification agricole, Yahya Ould Beiba, d’épancher son amertume sur une contribution écrite publiée dans plusieurs sites d’informations. Il parle de la plus importante chute jamais connue par la production agricole en Mauritanie comparée aux années précédentes.
Selon lui, la production rizicole n’a jamais connue une situation aussi dramatique, sauf dit-il, lors de périodes troubles, comme les coups d’Etat où les hommes politiques sont occupés par des guerres de positionnement, citant les bouleversements politiques survenus en 2005, 2006 et 2009. Il dit reconnaître avec effarement que la situation s’est révélée encore pire à ce que les acteurs du secteur s’attendaient il y a encore quelques semaines.
La production à l’hectare n’a pas dépassé dans le meilleur des cas, 2,5 tonnes, là où elle se situait les années passées à 5 tonnes. Ce qui selon lui dévoile les pertes énormes enregistrées par les producteurs eu égard à l’augmentation des charges par hectare.
Si pour un seul hectare, explique-t-il, les charges tournent autour de 450.000 UM pour une production moyenne de 5 tonnes, la charge de production d’une tonne équivaudrait à 90.000 UM.
Cette valeur sera de 180.000 UM si la production d’un hectare ne produit que 2,5 tonnes, comme la situation actuelle, ajoute-t-il. Au prix de 73.000 UM la tonne de riz sur le marché local, avec des chutes possibles à chaque instant, il demande d’évaluer la pression liée à l’écoulement du produit, si l’on sait qu’il faudrait payer les créanciers, les travailleurs et dégager toutes les charges fixes.
Pour Yahya Beiba, le secteur du riz vit une crise dramatique en l’absence de toute aide de l’Etat, lequel selon lui, aurait déserté toutes ses missions régaliennes, en s’abstenant de tout financement du secteur, de toute intervention contre les prédateurs et les ennemies de culture, de toute aide en matière d’engrais et d’intrants, de toute politique de rachat de la production.
MOMS
Source : L’Authentique (Mauritanie)