On peut se poser des questions sur les raisons d’être de l’administration mauritanienne. Des plaintes et toujours des plaintes de citoyens contre un monstre au visage hideux, devenu pantouflard en un demi-siècle d’indépendance. C’est à croire qu’elle attendait le départ du père de la nation pour disparaitre.
En Mauritanie, personne ne fait plus confiance à l’administration, cœur du système républicain. Si les ministres font tout sauf travailler, que dire de leurs directeurs et agents invisibles les jours ouvrables. Certains parmi eux « assiégés » par des citoyens qui viennent pour un service à rendre, une intervention, quelques billets de banque, font de leurs bureaux une véritable foire.
Peu d’entre eux ont établi un calendrier de travail et des horaires de visites, qui même s’ils existent sont foulés du pied par les visiteurs qui ne servent qu’à meubler les bureaux de l’administration. Si on veut obtenir des assurances, Il faut proposer des remèdes à ce mal. Pour l’instant, la liste est longue face à nos insuffisances administratives.
L’administration mauritanienne n’a jamais pu s’adapter aux mutations nationales et internationales, c’est un monde à part ou ne plane aucun esprit civique pour le service public.
On peut toutefois espérer que le monstre va bouger, pour faire place à une administration capable de servir de véritable bras séculier au secteur privé qui en lui aussi bien besoin pour faire face aux nombreux défis du moment. Vivement l’heure du réveil dans une administration handicapée par une absence de relève de sa vielle garde.
En effet, malgré leur retraite de nombreux fonctionnaires de l’administration mauritanienne continuent d’exercer. Pourquoi ? Parce que l’administration de notre pays souffre d’un manque notoire de relève. Ce n’est pas un secret que l’administration travaille en français, alors que plusieurs agents de l‘Etat qui se disent « bilingues » ne le sont guère.
Le bilinguisme chanté urbi et orbi, est loin d’être une réalité dans le fonctionnement de l’administration, des arabisants de par leur insuffisance l’ont bloqué. Ce que l’ancien qui doit aller à la retraite sait du circuit administratif, son successeur le plus souvent, ne sait pas le faire.
En général, il n’est le plus souvent pas rodé dans les arcanes de l’administration lui, qui s’est trouvé parachuté à un poste par un parent bien placé dans le système, qui lui aussi ne tient pas compte des compétences de « sa » recrue.
La situation de ces retraités qui ne peuvent passer le témoin, « car risquant de paralyser le fonctionnement de l’administration » souligne ce haut cadre et pourtant illégale.
Illégale ? Selon cet avocat de la cour, interpellé sur le sujet, « si un agent part à la retraite, il n’a plus la compétence de prendre des actes administratifs, et tous les actes posés par les fonctionnaires retraités peuvent être attaqués devant un conseil d’état ».
La situation n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement de l’administration, car si l’on se réfère aux textes et lois tous les actes qu’ils posent peuvent être considérés comme illégaux.
Imaginez si tous les extraits de naissances, ou tous les passeports délivrés dernièrement n’ont aucune valeur ? Ou si les actes posés dans le processus d’organisation d’une prochaine élection sont illégaux ? Pourtant, ce ne sont pas des hypothèses, mais des faits qui relèvent de la réalité.
Un retraité toujours en fonction, n’a plus droit à des indemnités de fonctions, comme il n’a plus le droit de prendre des actes administratifs. Il en est de même pour son salaire, au niveau de la direction de la solde, ces paiements sont directement arrêtés.
Les insuffisances de notre administration, « avec son problème de l’homme qu’il faut à la place qu’il faut », Monsieur Ahmedou Vall Ould Messaoud,administrateur civil et ancien gouverneur, revenant sur ses notes en administration publique, nous les explique.
« Quand un agent de l’Etat, quels que soient son grade ou ses responsabilités, est atteint par la limite d’âge, en règle générale, la décision de la mise à la retraite, est quasi automatique. En administration centrale, les gens gèrent cela de manière relativement facile, rigoureuse et orthodoxe.
Par contre, lorsqu’on n’est pas dans l’administration centrale là, il y a plusieurs cas de figures qui peuvent se présenter : Au niveau national, à l’interne, comme les gens qui sont mis à la tête d’un secteur du parapublic, il y a une pluralité de natures juridiques d’entités (établissements publics administratifs ou de santé) »précise-t-il avant de poursuivre.
« Dans ces établissements, quand le gars est atteint par la limite d’âge, il devrait en pratique pouvoir partir. Par contre, dans une société nationale ou une société privée à capital majoritaire de l’Etat, là, c’est le Conseil d’Administration qui nomme, même si sait que c’est l’Etat qui propose.
L’Etat est obligé par formalisme juridique, de passer par le Conseil d’Administration. C’est la même chose quand chose quand il doit partir et être remplacé par quelqu’un. » Pourtant, l’Etat a le fichier de tous ses agents ?
« Certes, l’Etat a le fichier de ses agents, mais dans la fonction publique, les gens ne sont pas tous soumis aux mêmes règles. Ceux qui sont dans le statut particulier, comme nous administrateurs civils, les inspecteurs des impôts, des finances, du trésor, leurs actes d’administration sont gérés par le Ministère de la Fonction Publique.
Il y ceux qui sont sous un statut spécial, comme les magistrats, les douaniers, ils ont un statut qui peut déroger au statut général de la fonction publique. Pour ceux-là aussi bien les actes de leur gestion de leur personnel que les actes d’administration, sont gérés par leur entité.
Même si le fichier existe au niveau de la fonction publique et de la solde surtout, les points d’entrée et de sortie ne sont pas univoques », souligne Ahmedou Vall Ould Messaoud.
ADN
Source : Rédaction Cridem