Les autorités mauritaniennes restent toujours de marbre dans ce qu’il est convenu d’appeler l’histoire du « trafic de ménagères » en direction de l’Arabie saoudite. Complicité ? Insouciance ?…
Malgré le témoignage des organisations des droits de l’homme mauritaniennes et malgré les récriminations des femmes victimes de ce qu’il est convenu d’appeler « le trafic de la honte » vers l’Arabie Saoudite, les Autorités mauritaniennes gardent le silence.
D’où la vive réaction d’activistes de droits de l’homme qui sont persuadés d’une complicité entre lesdites autorités et les chaines de trafic d’être humains. Pour eux, « les agences de recrutement auteurs de « ce commerce d’êtres humains vers les pays du Golfe et en Arabie Saoudite en particulier sont intouchables »puisque dirigées par des personnes « bien placées sur l’échiquier national.
Ainsi, ce serait grâce à la pression de ces organisations, et sans que l’Etat mauritanien ne réagisse, que les autorités saoudiennes ont décidé de rapatrier les femmes qui étaient jusque-là maintenues en otage, par le biais d’un trafic ourdi à partir de Nouakchott par des agences véreux qui avaient trouvé dans le « créneau des bonnes mauritaniennes » une source qui leur permettait de pallier leur manque de ressources financières.
Une partie de l’opinion avait d’abord cru à des manipulations créées de toutes pièces par des organisations et des acteurs hostiles au pouvoir en place, lorsque la question fut abordée il y a quelques semaines relayant la souffrance des bonnes en Arabie Saoudite.
Sous le couvert de recrutement d’une main d’œuvre féminine pour servir de domestiques en Arabie, les candidates dont les documents de voyage et les billets étaient entièrement pris en charge par les agences de recrutement ont découvert à leur arrivée, l’écart entre les termes des contrats signés àNouakchott et leur travail effectif. La plupart parleront de viols, de sévices et de brutalités de la part des familles pour lesquelles elles étaient sensées travailler.
Les cris d’alarme poussés à partir des différentes villes de l’Arabie Saoudite ont ainsi très vite été relayées par les défenseurs des droits de l’homme qui ont alerté l’opinion publique nationale et internationale sur ce trafic d’être humains.
Mais l’Etat mauritanien est resté silencieux. Aucune enquête n’a été menée pour déterminer la véracité des faits et aucune action judiciaire n’a été menée contre les agences incriminées, qui continuent d’avoir pignon sur rue, menant leurs activités en toute impunité.
La plus décriée de ces agences est sans doute celle gérée par un individu qui se fait appeler Hadrami Ould Mome, lequel n’a rien à voir ni avec la famille Ehel Moma ni avec l’ancien administrateur civile qui porte le même nom. « Ce dernier n’a jamais été inquiété, tout comme les autres escrocs qui opèrent dans ce trafic illicite » déclare un membre de l’organisation de défense des « Hartanyatt enArabie Saoudite ».
Les victimes ont ainsi organisé en début de semaine une conférence de presse au cours de laquelle elles ont décrit tout le processus qui a précédé leur voyage, les contrats de bonne qu’elles ont signé ici à Nouakchott avant de partir, leur calvaire à leur arrivée et durant l’exercice de leur travail de bonne, les sévices subies de la part de leurs employeurs, la confiscation de leurs passeports, les insultes et violences qui furent leur lot et l’absence de tout interlocuteur à qui se plaindre.
Aujourd’hui les bonnes victimes en Arabie Saoudite réclament la fin du trafic et demandent la punition la plus sévère envers les agences de recrutement qui sont à l’origine de leurs malheurs par le biais du mensonge et de l’escroquerie.
JOB
Source : L’Authentique (Mauritanie)