Le collectif des avocats préposés à la défense des leaders d’IRA, ont été unanimes à reconnaître le caractère politique du dossier des détenus d’opinion,Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan. « Dans cette affaire, la loi a été absente et seul a prévalu la raison d’Etat et un règlement politique qui n’a rien à voir avec les procédures judiciaires » devait indiquer Me El Id.
Ces constats ont ainsi marqué la conférence de presse animée mardi 4 août dernier au siège du Fonadh à Nouakchott, en présence des militants du mouvement antiesclavagiste, victimes d’une féroce répression policière suite à une marche organisée jeudi dernier pour réclamer la libération de leurs leaders emprisonnés.
Le collectif des avocats de défense des détenus d’Aleg, Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan, respectivement président et vice-président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) a animé mardi 4 août dernier au siège du FONADH à Nouakchott, une conférence de presse.
C’était en présence de quelques leaders de l’organisation, Diop Amadou Tijane,deuxième vice-président du mouvement, Abidine Maatalla et Hamady Lehbouss,entre autres ainsi que plusieurs dizaines de militants.
Dans son mot d’ouverture, M. Diop devait souligner les deux points à l’ordre du jour de la conférence, à savoir la situation de leurs leaders emprisonnés et la répression de la marche du jeudi 30 juillet dernier. Selon lui, la détention arbitraire des deux leaders, Birame et Brahim, atteste du non respect des lois dans leur application en Mauritanie.
Il s’est étalé par la suite sur la marche du jeudi 30 juillet dernier et la répression sauvage qui s’était abattue sur les militants d’IRA qui avaient selon lui, initié une marche de protestation pour réclamer la libération de leurs leaders détenus.
Il a fustigé à l’occasion la violence policière et l’arrestation de vingt militants, dont six blessés et un dans un état grave, Abou Diop. Selon lui, la police n’a daigné envoyer les blessés à l’hôpital que des heures plus tard, en refusant d’abord de délivrer des réquisitions avant de se plier à la pression des leaders du mouvement.
Par la suite, dira-t-il en substance, dix militants seront libérés le même jour et les dix autres éparpillés entre les différents commissariats de Nouakchott dans des conditions exécrables.
Ces derniers seront par la suite libérés, selon lui, mais comme leurs camarades, ils ont été largués en dehors de la ville pendant la nuit, pour les obliger à marcher à pied pour rejoindre leurs foyers.
« Tout ceci entre dans le cadre d’une campagne de tortures et d’exactions contre nos militants, dans l’espoir que nous allons cesser le combat, mais nous allons multiplier encore nos actions, et que les autorités élargissent leurs cachots car nous ne cesserions jamais l’action militante pacifique » a-t-il averti.
Tour à tour, les avocats de la défense se sont exprimés, surtout dans le dossier des détenus. « Les charges retenues contre Birame, Brahim et Djiby Sow,n’existent même pas dans la législation mauritanienne » devait préciser Me El Id.
Selon lui, le droit a été bafoué dans toute cette affaire, depuis leur arrestation le 11 novembre 2014 jusqu’à la mascarade de procès organisé à Rosso le 15 janvier 2015, puis leur kidnapping par la gendarmerie sans l’avis des magistrats et leur dépôt à la prison Guantanamo d’Aleg, loin de leurs juges naturels.
« Tout le processus depuis le début jusqu’à son épilogue n’est qu’une succession de violations graves de la loi et textes en vigueur en Mauritanie » fera observer Me Zaim Hemed Vall.
Selon lui, tout de suite après le procès de Rosso et les deux années de condamnation contre Birame, Brahim et Djiby Sow, le collectif des avocats avait déposé un recours devant la Cour d’Appel de Nouakchott Ouest qui s’est dit compétente.
« Puis, et c’est grave, souligne-t-il, la Cour Suprême est intervenue pour cautionner toutes ces violations des procédures et confirmer le transfert du dossier à Aleg, alors que ce tribunal n’a aucune incompétence dans ce dossier », affirme-t-il.
Pour lui, les détenus ne devaient même pas être passibles d’une simple contravention de police et qu’aucun juriste ne s’attendait à leur condamnation, eu égard à l’absence de preuves. « C’est pourquoi, il est devenu évident pour l’opinion publique nationale et internationale que l’affaire des détenus d’Aleg est purement politique et n’a rien de judiciaire.
La justice n’a servi que comme instrument aux mains de l’Exécutif » poursuivra-t-il. Pour le collectif le caractère politique de l’affaire ne fait aucun doute et le pouvoir visait clairement les dirigeants d’IRA, car en définitive il a libéré Djiby Sow.
Ce dernier, selon les avocats, ne devait même pas aller en prison car, et c’est une autre entorse grave de la loi, il était en liberté au moment du procès deRosso, puis condamné sans que le juge ne lui émette un mandat d’écrou comme exigé par les procédures.
Au passage, les avocats ont salué le courage et le stoïcisme de Birame et deBrahim, qui refusent tout rapport avec les instances judiciaires du Brakna Ils exigent leur retour dans la juridiction de leur circonscription compétente et refusent de comparaître devant la Cour d’Appel d’Aleg.
C’est surtout leurs attachements aux principes qu’ils défendent et la croyance intrinsèque à leur combat, qui auraient, selon les avocats, forcé leur estime. « Le sort de Birame et de Birame est entre les mains du président Mohamed Ould Abdel Aziz. C’est lui qui a utilisé la justice pour les jeter en prison et c’est lui seul qui peut décider de leur libération » a fait remarquer un militant d’IRA.
JOB
Source : L’Authentique (Mauritanie)