Une cour mauritanienne a fixé au 20 août l’ouverture du procès en appel de trois militants anti-esclavagistes condamnés en janvier à deux ans de prison ferme pour « appartenance à une organisation non reconnue », selon une source judiciaire mercredi.
Les prévenus sont Biram Ould Dah Ould Abeid, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, anti-esclavagiste), son adjointBrahim Ould Bilal, ainsi que Djiby Sow, président d’une ONG qui lutte pour les droits culturels. MM. Ould Dah Ould Abeid et Ould Bilal sont actuellement incarcérés à Aleg (centre), ville dans laquelle ils ont été transférés peu après leur condamnation le 15 janvier à Rosso (sud) par le tribunal correctionnel.
M. Sow, jugé, condamné à Rosso et conduit à Aleg en même temps qu’eux, avait ensuite été transféré à la prison de Nouakchott, la capitale, pour des soins intensifs. Il a bénéficié en juin d’une mesure de liberté provisoire pour raison de santé, selon sa famille.
La Cour d’appel d’Aleg « a distribué aux détenus et à leurs avocats les convocations pour comparaître le 20 août », a affirmé à l‘AFP la source judiciaire ayant requis l’anonymat, sans plus de détails.
En attendant leur procès en appel, les condamnés ont régulièrement réclamé leur transfert à Nouakchott ou à Rosso, où tous ont été arrêtés en novembre 2014.
Ils estiment que leur dossier relève de la Cour d’appel de Nouakchott et non de celle d’Aleg, selon la défense, qualifiant « d’entorse » au droit leur transfèrement dans cette localité à environ 250 km de la capitale.
Dans un communiqué diffusé le 14 avril, l’IRA a prévenu qu’ils ne comparaîtront pas à Aleg.
Elle a annoncé « le refus » des trois prisonniers « d’assister à toute audience organisée à Aleg ou dans un tout autre endroit ne relevant pas de la Cour d’appel de Nouakchott, seul lieu de compétence à ce stade de la procédure ».
Biram Ould Dah Ould Abeid fut candidat au scrutin présidentiel de juin 2014 face à Mohamed Ould Abdel Aziz, qui a été réélu.
Les deux autres responsables anti-esclavagistes et lui ont été condamnés pour« appartenance à une organisation non autorisée, manifestations et incitation à la révolte ».
L‘IRA a organisé des manifestations, souvent dispersées par les forces de l’ordre, pour dénoncer leur « condamnation injuste ».
Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme y encourent des peines pouvant aller jusqu’à dix ans de prison. Le phénomène perdure néanmoins, selon des ONG.
Source : Africatime