Comme d’habitude le conseil des ministres du mercredi 19 Fevrier 2025 n’a pas dérogé à la règle de marginalisation des cadres haratines. Les heureux promus l’ont été pour la plupart à des fonctions secondaires. Leur nombre est très réduit comparativement au total des concernés par les nominations.
Au stade actuel de l’évolution de la Mauritanie, continuer ainsi à écarter les cadres haratines des centres de décisions de l’état, est une injustice aussi flagrante que l’esclavage d’antan et ne peut que susciter des réprobations et bien des interrogations.
L’état actuel de promotion des cadres haratines aux hautes fonctions de l’état ;
– est-il à la mesure, de leur mérite, de leur droit ou de leur représentativité nationale ?
– est-il, une charité politique, un levier d’émancipation et de promotion des couches déshéritées, une application des orientations présidentielles de Chinguiti, de Wadane, de Walata, de Djewol, du dernier discours d’investiture du président MOHAMED OULD CHEIKH GHAZOUANI…?
– est-il, un mépris politique, un quota inique et tacite accordé par le système ethno-tribaliste au pouvoir, un maquillage du néo-esclavagisme d’état, une sanction politique pour la dernière élection présidentielle ?
La réponse on ne peut plus manifeste et accablante à toutes ces questions et tant d’autres, est sans nul doute, la fracture sociale actuelle, caractérisée par le clivage ethnique et identitaire sur la base des inégalités sociales, et qui cristallise les impacts du mépris, de la marginalisation, de l’injstice, de l’iniquité, de la paupérisation, avec leurs lots de frustrations, d’amertumes et de tortures morales.
En soulevant ce problème, on est légitimement en droit d’interpeller le président MOHAMED CHEIKH GHAZOUANI pour ne pas avoir donné le bon exemple, au courant de sa présidence, par la concrétisation de ses orientations progressistes, dans la nomination de ses gouvernements. En effet, si aujourd’hui, le president juge normal de ne nommer que cinq ministres haratines dans un gouvernement d’une trentaine de membres, alors quel serait le jugement de ses ministres pour la désignation du reste de l’administration? Quel serait l’intérêt accordé par cette dernière aux déshérités et laissés-pour-compte ?
C’est le lieu d’́interpeller les tenants du système discriminatoire actuel sur le fait qu’il est révoltant, conflictuel et irresponsable d’abuser de la mentalité résignée, fataliste et pacifiste des haratines et de leur accoutumance aux conformismes suprémacistes des uns et au mysticisme conservateurs des autres.
Il est temps d’arrêter de taper chaque mercredi sur une plaie historique qui n’arrive pas à se cicatriser, par des nominations méprisantes par leur nombre et leur importance. De nombreux et valeureux cadres haratines sont ainsi privés des hautes fonctions de l’état où une infime minorité est cooptée par condescendance et souvent exploitée dans des fonctions de seconde impetance, avec des marges de manœuvre très reduites.
Il est temps d’arrêter de cantonner les haratines dans un état de citoyens de seconde zone, et d’insinuer par leur marginalisation, qu’ils ne sont pas dignes ou habilités à occuper les grandes fonctions responsabilités.
Il est temps d’arrêter de naviguer à contre courant du progrès et de la modernité en cherchant à consacrer un néo-esclavagisme d’état périlleux.
Il est temps d’arrêter de remuer le couteau dans une blessure historique, par une torture morale qui n’a que trop durée et aux conséquences déstabilisatrices.
MOHAMED DAOUD IMIGINE
21 Février 2025