J’entends beaucoup et lis ces derniers temps des moralistes et des acteurs de la scène politique et médiatique marteler qu’il faut sauvegarder l’unité, la cohésion nationale, la paix et la stabilité. Très à propos sauf que cette unité ne se fera jamais sans justice et sans Etat de droit. Plus les fractures sociales s’approfondiront sur fonds d’injustice, d’iniquité, de marginalisation, de frustration et d’oppression, plus des pans entiers de la population se sentiront exclus par la pauvreté, le tribalisme, le népotisme, l’ethnocentrisme et l’inégalité de chances devant les opportunités, plus l’indignation, les colères et les insoumissions se multiplieront et s’approfondiront.
Le pouvoir sera alors acculé de plus en plus et aura le choix entre l’ouverture, le dialogue, la négociation et le respect des valeurs démocratiques et républicaines, d’une part et l’usage de la force et de la chape de plomb sur les libertés, d’autre part. Certes l’usage de la répression solutionne les problèmes mais superficiellement et de façon éphémère car n’en n’éradique pas les causes. De ce fait de manière cyclique et répétitive, nous vivrons des pics de violence et de soulèvements.
Plus les causes se métastaseront plus, le danger de l’instabilité permanente s’installera. Les propagandes et plaidoyers mensongers et trompeurs n’y pourront rien. Les gouvernements se succéderont, les prédateurs continueront de s’enrichir illicitement. Tout le monde continuera à faire semblant et à se bercer d’illusions jusqu’au jour fatal de l’implosion au grand dam du peuple et de la sauvegarde de l’intérêt supérieur de la nation.
IMAM CHEIKH