Il est vrai que la définition du terme « Haratine » reste floue et ambiguë. Pour certains, il s’agit de « descendants d’esclaves », même si les ancêtres de la majorité d’entre eux sont libres bien avant l’indépendance nationale.
Pour d’autres, il s’agit d’un groupe social , distinct: Biologiquement différent des maures (beidanes, arabes) auquel il est assimilé et culturellement différent des négro-africains (peuls, soninké,ouolof ) desquels il est originaire.
Ce particularisme des Haratines cultive en eux, un amour maternel envers la patrie, plus ancré et plus intime que celui, qui lui est voué par les deux autres groupes cités. Ils ne scrutent pas au Nord (maghreb arabe) comme les premiers, ni au Sud ( Afrique noire) comme les seconds . C’est en cela qu’ils constituent la charnière du corps social et le pivot principal autour duquel gravite le reste.
Ce sont eux , en effet, qui ont supporté et supportent toujours les plus lourds chantiers de construction et développement du pays : activités agricoles, pastorales ,industrielles, domestiques, artisanales, de pèche, de sécurité , de transport , du secteur informel etc.
En raison de la marginalisation dont la plupart d’entre eux étaient victimes avant l’accession du pays à l’indépendance nationale, les Haratines sont habités par l’obsession de prendre leur revanche sur l‘histoire, dans le domaine du savoir.
Ils sont désormais, aujourd’hui, pour la plupart d’entre eux, instruits et exercent dans tous les domaines.
Leur taux démographique aidant, et leur facilité de métissage ( mariage mixte ) avec les autres composantes nationales, permet d’ attester, sans grand risque de se tromper , que les haratines sont le régulateur naturel de la cohésion sociale du pays. Reste que la question qui se pose souvent est : quand est-ce qu’un Haratine sera élu président de la Mauritanie ?
Trois expériences vécues dans le monde peuvent contribuer à imaginer une réponse : En Afrique du Sud, un « Hartani » au nom de Nelson Mandela a accédé au pouvoir, après avoir attendu de 1943 (membre de l’ANC) jusqu’en 1994.
Aux Etats Unis d’Amérique, un autre hartani du nom de Barack Obama a attendu que passent avant lui, sur le fauteuil présidentiel, 43 chefs d’Etat blancs.
Plus prés de nous, la république du Soudan, grâce à la rencontre autour du fleuve le Nil, d’agriculteurs d’origine africaine et d’autres d’origine arabe, un métissage social , au fil du temps , a fait naitre des générations « café au lait » où la couleur de la peau et les origines sociales ne constituent plus un facteur ségrégatif, surtout en ce qui concerne le poste de président de la république !
Cette dernière configuration au soudan se vivra dans quelque temps en Mauritanie.
En attendant, va-t-on voir ces jours ci, un hartani parmi les deux engagés dans la compétition électorale, conquérir le fauteuil présidentiel? Demain, parlera!!!
Ely Salem Khayar
Source : Adrar-info