La Mauritanie n’a pas besoin d’un « numéro vert pour dénoncer les cas d’esclavage » mais plutôt des structures d’accueil pour les victimes

Gaëlle Laleix de la rédaction Afrique RFI avait publié le 16 novembre 2022, l’information « qu’un numéro vert a été ouvert en début de semaine pour dénoncer les cas d’esclavage à l’initiative de la CNDH, la Commission nationale des droits de l’Homme. Elle mène une caravane, « Esclavage Tourner la page », dans tout le pays pour sensibiliser les populations à cette question. » Lien source : https://www.rfi.fr/fr/afrique/20221116-en-mauritanie-un-num%C3%A9ro-vert-pour-d%C3%A9noncer-les-cas-d-esclavage

L’esclavage ne se combat pas avec des slogans creux tout en faisant du marketing sous le label des droits de l’homme. La CNDH-Mauritanie n’a jamais présenté un seul cas d’esclavage devant les tribunaux depuis sa création. Pourtant, elle peut s’autosaisir mais elle ne le fait pas. Ceux qui possèdent des esclaves, sont des fonctionnaires de haut rang, ceux qui bloquent ou entravent les procédures judiciaires contre les esclavagistes sont également dans l’administration bien placé. La CNDH n’accepte pas de porter plainte contre les fonctionnaires de l’état sous prétexte qu’elle n’est là que pour conseiller le pouvoir exécutif, donc, à quoi sert d’ouvrir une ligne pour dénoncer l’esclavage ?

On aimerait savoir combien d’esclaves ont été libérés grâce à leur fameuse caravane «Esclavage Tourner la page » ? Cette institution de la CNDH n’est pas indépendante, malheureusement, elle ne pourra pas l’être puisque son président et certains membres sont nommés directement par un décret de la présidence.

Le coup médiatique de cette mise en scène d’un simple numéro vert pour dénoncer les cas d’esclavage en Mauritanie, n’avait pour objectif que de saboter le travail des ONG abolitionnistes tout en essayant de préserver le statut A de la CNDH, qui a été acquise d’une manière très douteuse. Malgré une loi criminalisant l’esclavage, des tribunaux pour juger les esclavagistes, l’état mauritanien n’a aucune volonté politique et sociale pour libérer les esclaves. Je rappelle que la loi 0031-2015 ne prévoit aucune indemnisation pour les victimes. Tadamoune qui est devenu Taazour ressemble plus à une structure d’un lobby de blanchiment d’argent et de la création des emplois fictifs pour les soutiens du régime. Il y a des informations qui nous disent que beaucoup de chefs de tribus propriétaires d’esclaves, ont bénéficié du soutien financier de Taazour puisqu’ils sont considérés comme des grands électeurs, il faut les fidéliser de cette manière.

Voici quelques recommandations envers l’état Mauritanien pour en finir avec l’esclavage  

  • La création des structures d’accueil pour  les victimes de l’esclavage ; les assurer d’une formation afin qu’elles puissent s’intégrer dans la société pour le long terme. Construire des écoles et centres médicaux dans les Adwabas (villages des victimes de l’esclavage) ;
  • L’indemnisation des victimes de l’esclavage pour les permettre de s’intégrer dignement  dans la vie de citoyens libres. Des terres irrigables et habitables pour toutes les victimes de l’esclavage ;
  • Renforcer la loi 0031-2015 incriminant l’esclavage avec des mesures d’accompagnements les victimes, création d’une brigade de répression qui est chargée d’accompagner les abolitionnistes dans leurs missions à l’intérieur du pays pour libérer les esclaves sur l’ensemble du territoire national ;
  • L’instauration d’un système de quotas en faveur des HARATINE (esclaves-et-anciens esclaves) longtemps exclus dans les institutions de la république islamique de Mauritanie
  • Faire de la Mauritanie un Etat laïc, juste, égalitaire et indivisible. Partage du pouvoir et richesses entre toutes les composantes du pays ;
  • L’application de la loi qui protège les enfants mineurs, rendre obligatoire la scolarité des enfants et le service militaire dès l’âge de 18 ans avec à la clef un métier pour l’avenir ;
  • L’intégration dans les manuels scolaires que le racisme et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité ;
  • Une couverture sociale pour l’ensemble des citoyens Mauritaniens, création de revenus minimum, une assurance maladie qui protège l’ensemble des citoyens mauritaniens.

Diko Hanoune, Secrétaire général de l’Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E)