La présidente de l’Association des femmes volontaires pour le développement (AFVD), Madame Seydi Camara, sage-femme de son état, œuvre depuis 19 ans à sauver des vies des femmes victimes entre autres de fistule, de mutilation génitale féminine et des violences basées sur le genre. Parcours d’un quinquagénaire qui a mis tout son temps au service du bien-être de la femme.
A Assaba, 600 km de Nouakchott de la capitale mauritanienne vit une femme extraordinaire. Elle s’appelle Seydi Camara. Tout le monde l’appelle « maman fistule ».
Ce sobriquet, elle le doit à son engagement et à son dévouement dans la lutte contre les fistules obstétricales (FO), les mutilations génitales féminines (MGF), les violences basées sur le genre et à la promotion de la santé de la reproduction/ planification familiale (SR/PF). Elle sillonne plusieurs régions du pays pour des campagnes de sensibilisation sur les différentes thématiques susmentionnées.
Très remontée par des actes inhumains de certains maris qui abandonnent leurs femmes victimes de fistule, elle a cherché à comprendre auprès des leaders musulmans s’il y a des préceptes religieux qui expliquent cela. « D’après un Hadith un homme n’a le droit d’abandonner ou de divorcer de sa femme malade, qu’à l’issu d’une année calendaire », explique-t-elle.
Et voilà la maman fistule armée d’un argument religieux pour « affronter » les hommes afin de les exiger au moins de ne pas abandonner leurs épouses dès que la FO intervient.
Des souvenir tristes elle en a, et les raconte les larmes aux yeux comme c’est le cas de cette jeune fille victime de MGF. « J’ai pris la fille dans mes mains et j’ai couru vers la salle d’urgence où je l’ai déposée ; l’équipe de santé est venue tout de suite, car moi aussi je criais en même temps que tout le monde ; je n’arrive pas à effacer cette image ; la fille avait perdu beaucoup de sang et au final, elle a rendu son dernier souffle entre mains ».
Avec son association et à l’aide de ses partenaires dont l’UNFPA, elle a contribué à la réinsertion sociale des centaines de femmes victimes de fistule. « Je viens en aide aux femmes de ma région ainsi que d’autres régions à guérir de la maladie de fistule obstétricale, et à devenir également autonomes ».
Apporter tout simplement le sourire aux femmes constitue la fierté de Mme Camara. « Mon plus grand bonheur, dit-elle, est de voir des femmes victimes de fistule opérées, réinsérée, autonomes, exerçant une activité génératrice de revenue, payant des études de leurs enfants et devenir des modèles ».
Mme Mariem Bossou, sage-femme au FNUAP, connait bien Mme Camara. « Seydi, est une sage-femme, compétente, dévouée pour la profession, qui a un sens de l’humanité et est très engagée dans les questions de SR. Elle est une pionnière dans la lutte pour l’élimination de la fistule obstétricale et a joué un grand rôle dans la recherche des cas, le suivi de la prise en charge. Elle a contribué efficacement à redonner la dignité à beaucoup de femmes victimes de FO », Soutient-elle.
Mme Seydi Camara a reçu plusieurs distinctions et décoration de l’Etat et des partenaires La communauté de plus en plus reconnait le service rendu par la quinquagénaire. « Merci pour ce que tu fais, tu nous as rendu service, car il est très difficile pour nous de prendre soins de nos femmes malades de fistule obstétricale », rapporte-elle des témoignages des bénéficiaires à son endroit.
Hawa Bâ
Initiatives News