Le dialogue national (ou les concertations, selon le camp où l’on se situe) a enfin démarré la semaine dernière. Plus d’un an après l’accord de principe entre les partenaires politiques sur la nécessité de s’asseoir autour d’une table pour discuter des problèmes du pays, les voilà enfin réunis. Après la désignation par le président de la République de la personnalité chargée de le diriger (en l’occurrence Yahya ould El Waghf, le tout nouveau ministre secrétaire général de la Présidence), les choses sérieuses peuvent commencer. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Alors qu’on pensait le terrain aplani, des difficultés surgissent d’un peu partout. Messaoud boude et Biram, arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle, se prévaut du titre de leader de l’opposition, en lieu et place de Tawassoul. Sans compter les sautes d’humeur des uns et des autres. Il faut tout le talent de négociateur d’Ould Waghf pour que tout ça ne finisse pas en eau de boudin. Pourtant le pays ne peut plus se permettre de tels enfantillages. Les problèmes sont là, cruciaux, nombreux et il faut les affronter. Il faut savoir dépasser les divergences lorsque les intérêts vitaux du pays sont en jeu. Il y a quelques années, au plus fort de la crise entre le pouvoir et l’opposition, maître Abdoulaye Wade n’avait pas hésité à répondre à l’appel d’Abdou Diouf en se joignant à l’équipe gouvernementale. Le Sénégal vacillait à l’époque et la crise pouvait le plonger dans des lendemains incertains. Wade en tirera le plus grand profit politique. Il rejoindra l’opposition lorsque les choses rentrèrent dans l’ordre puis gagnera la présidentielle suivante. C’est ce qu’on appelle communément avoir de la suite dans les idées. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de tout le monde…
Ahmed Ould Cheikh