Tout un chacun connaît l’importance de la SNIMdans la vie économique et sociale de notre pays. Sa contribution à l’emploi, au financement du budget national, à la stabilité de la monnaie nationale, à l’approvisionnement de la partie septentrionale du pays en produits de base, etc. sont connus de tous.
Et pourtant, ce fleuron de l’économie nationale, fierté de l’ensemble des mauritaniens, est aujourd’hui menacé d’effondrement. Du fait d’une gestion chaotique de ce qui a, jusque-là, été une entreprise moderne. Quand la Présidence prit en mains la gestion quotidienne de la SNIM, la société était dans la situation suivante :
1. Un marché international en forte expansion. La demande internationale de minerai de fer a crû de près de 50%, passant de 840 MT en 2009 à 1200 MT en 2011, alors que les prix de vente connaissaient une augmentation exceptionnelle de 97$/T en moyenne en 2009 à 168$/T en 2011, pour revenir progressivement à 135$/T en 2013 et 97$/T en 2014.
2. Un projet Guelbs-II dont les études étaient achevées et le financement bouclé. Il visait à l’augmentation de la capacité de la production de la société par la mise sur le marché d’un produit de très grande qualité. 3. Une société dotée d’une solide réputation auprès de l’ensemble de ses partenaires (clients, fournisseurs, bailleurs de fonds).
On est en droit de se demander ce qui a été fait de ces belles opportunités, dont certaines sont le fruit des efforts de milliers de cadres et travailleurs mauritaniens au cours de plusieurs décennies. Que s’est-il passé en un peu plus de cinq ans ?
Grâce à l’expansion du marché mondial du minerai de fer, la SNIM a engrangé, au cours des cinq dernières années, plus de 900 milliards d’ouguiyas de bénéfices nets cumulés. Le fait est que l’outil de production n’a pas été modernisé, les conditions de vie des travailleurs sont demeurées les mêmes, la dette n’a pas été remboursée par anticipation. Qu’a-t-on alors fait de cette manne exceptionnelle ? Il est symptomatique de cette opacité que le site web de la SNIMa cessé de publier les Rapports Annuels de la SNIM depuis celui de 2010 !
De son côté, l’Etat a bénéficié, en plus de ses parts dans la distribution des dividendes et de la TVA sur certains biens consommés, de la taxe unique sur le Chiffre d’affaire. Au cours de cette même période, 2010-2014, le montant versé à ce seul titre par la SNIM a été de plus de 190 milliards d’ouguiyas. Il faut encore ajouter à tous ces chiffres les ressources de la Fondation SNIM. Celles-ci étaient auparavant limitées aux seuls produits de la vente de la ferraille générée par l’activité de l’entreprise. Elle bénéficie depuis de généreuses dotations de laSNIM. Près de trente milliards d’ouguiyas au cours des cinq dernières années. Qu’a fait l’Etat de toutes ces ressources ?
Les montants mobilisés en vue de l’extension de la capacité de production de laSNIM ont été décaissés. Alors que l’Usine des Guelbs-II devait entrer en production en 2012, elle est toujours en phase de montage ! Parce que des instructions malheureuses ont perturbé le fonctionnement normal du processus de passation des marchés, voilà la SNIM et la Mauritanie démontrant à la face du monde leur incapacité à exécuter ce qui devait être le plus grand projet du pays. A la grande déception des bailleurs de fonds, des fournisseurs et des clients potentiels. Cette usine aurait été un merveilleux outil pour faire face à la dure réalité actuelle du marché mondial de minerai de fer.
La grève que vit actuellement l’entreprise doit être comprise comme un cri du cœur des travailleurs pour mettre fin à la gabegie qui ronge leur entreprise. Ceci est d’autant plus clair que, manifestement, ce mouvement social est géré, non par la Direction Générale mais par la Présidence à Nouakchott. Le conflit n’est pas, comme trop simplement indiqué, pour le paiement de primes ou d’augmentations de salaires, mais pour la reconnaissance du labeur de ceux qui font fait réellement vivre l’entreprise et aussi et surtout pour sa pérennité. A ce titre, il interpelle tous les mauritaniens.
L’ancien président Ely Ould Mohamed Vall
Source : Mrabih Deid