Une partie de l’opposition le réclame : un dialogue non des concertations

Une partie de l’opposition le réclame : un dialogue non des concertations Dans ses différentes interviews à la presse étrangère, le président de la République a exclu la tenue du dialogue réclamé par l’opposition mais également approuvé, tacitement, par la majorité qui s’y prépare depuis plusieurs mois. Cette déclaration a déplu à divers partis de l’opposition. Dans une conférence de presse organisée le lundi 16 Août à la CASE, Tawassoul, APP, CVE, CVE/VR, El Moustaqbel, le RAG et le Parti mauritanien pour la défense de l’environnement, ont marqué toute leur différence avec l’attitude du président de la République qui banalise, selon eux, jusqu’aux problèmes qu’affrontent les Mauritaniens depuis son arrivée au pouvoir en Août 2019.

Pour ces partis de l’opposition embarqués dans les préparatifs et la confection d’une feuille de route avec les partis de la majorité dans la perspective, justement, du dialogue en gestation, affirmer que le pays ne vit pas de crise et qu’il n’y a aucun problème, c’est tout simplement adopter la célèbre « politique de l’autruche ».

« Rien n’a changé par rapport à la gouvernance de son prédécesseur », ont affirmé tour-à-tour tous les responsables des différents partis et coalitions présents.

Pis : la mal-gouvernance, les inégalités criantes, les exclusions des Haratines, Négro-africains et autre minorités et castes ; les graves manquementsau vivre ensemble : passif humanitaire et esclavage ; la gabegie, le clientélisme, le tribalisme, les recrutements et nominations monocoloresperdurent, s’accentuent même. On a suffisamment peint en rose, clament les opposants, les deux années du successeur d’Ould Abdel Aziz dont on attend la restitution des biens spoliés de l’État,dans une justice équitable.

Sortant de ses gongs, Messaoud ould Boulkheïr n’est pas passé par quatre chemins : « La gouvernance de Ghazwani n’est pas meilleure que celle d’Ould Abdel Aziz. » Ce fut donc un véritable réquisitoire contre le régime d’Ould Ghazwani dont beaucoup avait salué l’esprit d’ouverture et la modération.

Nouveau front ?

Pour les responsables de cette opposition, seul un dialogue national franc et inclusif peut panser les plaies de la Mauritanie.« Refuser d’en débattre, c’est compromettre l’avenir du pays », a averti le président de l’APP. Et l’opposition de lister ses exigences (voir encadré) dans un communiqué publié au cours de la conférence de presse qui aura, au final, réuni beaucoup de monde : presse, militants et sympathisants.

Mais pourquoi le RFD et l’UFP n’ont-ils pas été associés à ce qui ressemble à un nouveau front ? Ils avaient été des rencontres précédentes ayant conduit à la confection, avec les partis de la majorité présidentielle, d’une feuille de route qui devrait servir de base de discussions, voire d’ordre du jour,au dialogue tant attendu. Ces deux partis répondront-ils aux « concertations » que le président « pourrait » lancer,selon le président de l’UFP, Mohamed ould Maouloud ? Assisterions-nousalors à une nouvelle scission au sein de l’opposition démocratique ? Wait and see !

Mais au-delà de toutes ces questions, ce qui taraude l’opinion est la sortie au vitriol de Messaoud Ould Boulkheir alors qu’il a adopté jusqu’à présent un profil bas. Celui qui, après tout, fait partie du système puisqu’il est président du Conseil économique et social, devrait commencer par démissionner s’il est en désaccord avec le pouvoir.

En reprenant sa liberté, il aura toute latitude pour critiquer à sa convenance. Amadoué par Ould Abdel Aziz pendant 10 ans, le vieux lion avait fini par perdre l’habitude de rugir, si bien que ceux dont il défendait les causes il n’y a pas longtemps, ont fini par se détourner de lui et de son parti au profit de nouveaux leaders plus charismatiques. Réussira-t-il à reprendre sa verve habituelle ? Le pouvoir parviendra-t-il à lui couper l’herbe sous les pieds ?

Dalay Lam

Source : Le Calame (Mauritanie)