Quel procédé utiliser pour faire valoir son point de vue auprès du monde libre ? Ben, inviter de temps à autre des personnalités étrangères, des organismes réputés sérieux, leur en mettre plein la vue pour que ceux-ci aillent vendre nos thèses dans les grands forums internationaux et auprès des dirigeants du monde libre.
Par le passé, le stratagème a fonctionné avec la présidente de la Fondation Frantz Fanon qui n’est autre que Mireille Fanon Mendès-France, fille de Frantz Fanon. De retour en France après une visite en République Islamique de Mauritanie sur invitation du gouvernement, Mireille a clamé : «nous faisons une mauvaise querelle à la Mauritanie».
Ce stratagème-là va-t-il fonctionner avec l’Organisation des nations et peuples non représentés (UNPO) – dont le programme est axé essentiellement sur droits de l’homme, la démocratie, la non-violence… – qui a effectué récemment une visite en Mauritanie suite à une invitation de la part du gouvernement ? On peut en douter.
En fait de passage à Nouakchott, deux dirigeantes de l’UNPO en l’occurrenceJohanna Green et Iva Petkovic sont allées – le mercredi 18 mars – à la rencontre de S.O.S Esclaves ; COVIRE ; COREMI ; Touche pas à ma nationalité et IRA-Mauritanie.
La rencontre qui s’est déroulée chez Diop Amadou Tidiane – un dirigeant de l’IRA– a permis aux différentes organisations de donner leurs points de vue par rapport aux questions qui fâchent, comme on dit familièrement, à savoir l’esclavage, l’exclusion…
Boubacar Messaoud, d’entrée, a laissé entendre que l’esclavage est une réalité quoique les officiels prétendent le contraire. Il a estimé que le combat d’IRA-Mauritanie est pertinent dans la mesure où «il déconstruit la philosophie sur laquelle repose la pratique de l’esclavage».
Boubacar ira plus loin en présentant en filigrane l’acte d’incinération des manuels dits de rite malékite accompli par Biram Dah Abeid en avril 2012 comme étant un acte salvateur.
«Au départ, on s’était opposé à l’acte d’incinération des manuels mais avec le temps, nous avons compris que l’Islam ne légitime pas l’esclavage, nous avons compris que la religion a été instrumentalisée », dit-il tout en mettant en garde ses interlocutrices Johanna Green et Iva Petkovic contre les thèses du gouvernement qui nie l’existence de l’esclavage en République Islamique de Mauritanie.
Pour sa part le docteur Alassane Dia, président de Touche pas à ma nationalité, a dénoncé – dans un même élan – «le déni d’humanité (l’esclavage), le passif humanitaire et le déni de citoyenneté dont le recensement des populations est la preuve la plus patente».
«Le recensement est un prolongement, une continuation du génocide des années de plomb…nous l’avons combattu, nous continuons à le combattre, parce que ce recensement inique continue aujourd’hui encore et de plus belle »,dit-il.
Il a laissé entendre que «la gestion de la cohabitation entre les différentes communautés posent problème », que «les registres de l’Etat civil sont ouverts à des étrangers qu’ils soient Sahraouis ou Touaregs du Mali alors qu’on interdit aux Noirs de Mauritanie de se faire recenser». Et d’ajouter : « c’est cela que nous combattons et nous souhaitons que nos voix soient entendues».
Ahmed Wadi-a, journaliste engagé, a affirmé pour sa part que «le problème de la cohabitation est un problème sérieux ». Il a déploré le fait que les régimes qui se sont succédés à la tête du pays n’aient pas reconnu le problème.
«Haidalla a reconnu l’esclavage mais l’a légitimé, Ould Taya l’a passé sous silence. Aziz dit qu’il n’y a pas d’esclavage. Et dans un pays quand le président dit qu’il n’y a pas d’esclavage, aucun commissaire n’osera arrêter un coupable pour pratiques esclavagistes, aucun magistrat n’osera condamner pour pratiques esclavagistes», dit-il.
Pour Wadi-a, les coupables de pratiques esclavagistes bénéficient de la complicité des autorités. Le journaliste a déclaré en substance que la question de la lutte contre les injustices doit concerner tous les Mauritaniens.
Enfin, il a déploré le fait que l’Occident ménage bien souvent les régimes qui bafouent les droits humains, cela pour préserver ses intérêts. L’UNPO ira-t-elle s’aligner sur les thèses de S.O.S Esclaves ; COVIRE ; COREMI ; Touche pas à ma nationalité et IRA-Mauritanie ; Ahmed Wadi-a ?
Ou prendra-t-elle fait et cause pour les thèses officielles ? Une chose est sûre en invitant cette organisation à visiter la Mauritanie, il semble bien que le gouvernement ait rendu un fier service aux anti-esclavagistes réunis sous la bannière de S.O.S Esclaves mais aussi à ceux réunis sous la bannière d’IRA. Car après tout, IRA est bien membre de l’Organisation des nations et peuples non représentés (UNPO).
SC
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