Incontestablement depuis son élection, le président mauritanien utilise les vieilles recettes des régimes autoritaires pour restreindre les libertés publiques. Ould Ghazouani a la tentation de régler les problèmes de sa gouvernance en utilisant la justice pour y parvenir.
Le projet de loi qui vient d’être adopté par le conseil des ministres de cette semaine sur les sanctions contre les insultes de chef de l’Etat et les symboles nationaux, s’inscrit dans cette démarche.
Il avait déjà mis en garde contre les fauteurs de rumeurs et diffuseurs de haine et de racisme sur les réseaux sociaux lors de sa dernière visite à Rosso.
Désormais, les bloggeurs qui portent atteinte à l’islam, à l’unité nationale, à la personne du chef de l’Etat et les symboles nationaux devront s’attendre à des peines lourdes allant d’une à 4 années de prison ferme et une amende 200 à 500000 de nouvelles ouguiya. Et même le moral des forces armées et de sécurité fait partie de la panoplie judiciaire.
Ce sont les publications ou distributions de textes, les vidéos et supports audio et Facebook qui sont visés par cette nouvelle loi.
C’est un durcissement des lois contre les libertés d’expression pointées par les observateurs qui craignent un État encore plus policier et partial contre les opposants au régime. Un mauvais signal que le président Ould Ghazouani envoie à l’opposition et considéré comme un net recul des libertés.
Après près de deux ans à la tête du pays, le nouvel homme fort fait deux pas en arrière dans la restauration d’un Etat de droit qui respecte la citoyenneté et les libertés.
Cherif Kane
Source : Kassataya (France)