Genèse et cheminement du ‘’Manifeste des Haratine’’ (Partie 4)/Par Mohamed Ould Handeya, Président du Manifeste des Haratine

Les réunions du comité permanent se sont souvent transformées en procès d’intentions à notre égard. On nous reprochait toute forme de sensibilisation au profit de la vulgarisation du Manifeste. Les réunions de quartier que nous organisons de temps à autre sont considérées par certains comme une « action de constitution de cellules clandestines », les voyages dans les villes de l’intérieur du pays pour la mise sur pied d’antennes locales, sont perçus comme étant des actions de dissidence…etc.

Au cours de cette première année, nous avons fait la sourde oreille et tenu bon sous les feux croisés des uns et des autres.

Contraints et forcés, notre action fut circonscrite, durant toute cette période, à des communiqués ou des déclarations que nous publions de temps à autre en réaction aux évènements qui surviennent. Cette situation de blocage est révélatrice d’un état d’esprit sclérosé qui traduit dans les faits, ses théories et ses ambitions par leurs contraires. Tout se passe comme si nous étions solidement englués dans une nasse de gens dont la déficience intellectuelle et mentale les rend inaptes à l’action et incapables de comprendre la conjoncture historique par laquelle passe la Mauritanie. Leur seule stratégie consiste à bloquer, à critiquer et à suspecter des manipulations qui n’existent que dans leur imaginaire. S’ajoute à cela une mauvaise foi manifeste qui consiste à récuser toute proposition sans rien mettre à sa place.

De guerre lasse, vers la fin du mois de février 2014, nous avons posé avec force l’organisation de la marche commémorative de la proclamation du Manifeste le 29 Avril prochain. La réponse fut la même que par le passé : le RFD doit chercher une voie autre que celle de l’instrumentalisation des Haratine pour renverser le pouvoir…

Devant ce refus catégorique et maintes fois réitérés, j’ai décidé en concertation avec mon ami Mohameden Ould Elbou d’aller de l’avant dans la mobilisation et la sensibilisation pour cette marche, quitte à ce que nous l’organisions contre l’avis de la majorité des membres du comité permanent que nous avons cooptés pour la plupart mais qui rechignent à la moindre entreprise. Nous nous sommes aussi résolus à ce qu’après avoir organisé cette marche, nous nous séparerons de tous ceux qui ne nous auront pas accompagné et donc ne partagent pas avec nous la même vision pour faire aboutir nos doléances et nos revendications. Heureusement qu’à quelques deux à trois semaines de la marche, M. Samory Ould Beye a changé de position par rapport à la marche du 29 avril : il la soutient désormais. M. Boubacar Ould Messaoud n’a pas exprimé ouvertement son soutien mais ne s’oppose plus à son organisation lors des réunions. Il a même signé la demande d’autorisation de la marche adressée aux autorités au nom de SOS-Esclaves.

 

Marche forcée

Une commission d’organisation de la marche,  présidée par Samory Ould Beye, a été désignée. Mais le gros du travail de mobilisation a été fait par la commission de communication présidée par Oubeid Ould Imijine qui était secondé par le dynamique Yeslem Ould Hamoud.

Malgré la demande d’autorisation déposée dix jours avant la date de la marche, l’administration rechignait toujours à nous délivrer l’autorisation. Des rumeurs de toute sorte couraient sur l’éventualité de l’interdiction de la marche. En concertation avec mon ami Mohameden Ould Elbou, nous avons décidé que, si au 28 avril à 17heures, nous n’avons pas encore reçu d’autorisation,  nous demanderons aux masses qui nous soutiennent de bloquer toutes les routes menant à Nouakchott à partir de l’après-midi du 29 Avril et jusqu’au crépuscule du même jour. Nous savons bien qu’une telle décision ne passera pas au comité permanent en plus du risque d’être portée à la connaissance des autorités. C’est donc la seule alternative qui nous reste : garder notre plan au secret.

Entretemps, le comité permanent a décidé qu’il n’y aura que des slogans unifiés et un discours unique du président. Ce qui a provoqué une crise avec IRA dont le président Biram Dah Abeid conteste cette décision et je ne peux certifier si IRA a été représentée lors de la réunion de prise de cette décision. Il est certain que le président Biram n’était pas présent à cette réunion et qu’il a boycotté depuis lors toutes les réunions tant que ces dispositions n’auront pas été révisées.

Le soir du 26 Avril 2014, j’avais programmé, avec mon ami Mohameden Ould Elbou, de nous rendre chez le président de IRA pour essayer de trouver une solution au malentendu avec le comité  permanent, quand je reçus, juste après la prière du Maghreb, un appel téléphonique de M. Mokhtar Ould Hende, alors secrétaire général du ministère de la santé et actuel Wali du Tagant. Celui-ci me dit qu’il doit me voir d’urgence pour me transmettre de vive voix une information d’une importance capitale. Il ajoute qu’il est prêt à se rendre chez moi ou n’importe où je pourrai être en ce moment. L’important, dit-il, est de vous trouver tout de suite compte tenu de l’urgence de la situation. Je lui réponds que je suis en circulation non loin de chez lui et que je serai avec lui dans quelques minutes. Il logeait en ce moment-là dans un appartement jouxtant les bâtiments de l’ENS, tout près du stade du Ksar.

Arrivé chez lui, il me fait savoir que le pouvoir a une communication importante à transmettre au comité permanent du Manifeste et qu’il me demande de préparer, ce soir même,  une réunion entre les dirigeants du Manifeste et tout ce que compte le gouvernement de grandes figures Haratine avec à leur tête, le président de l’assemblée nationale, Mohamed Ould Boilil. Lui ayant posé la question de savoir quelle est la nature de cette communication, il me répond qu’il n’est pas autorisé à me dévoiler son contenu qui ne sera connu que lorsque la rencontre se tiendra. Il ajoute qu’ils sont prêts à nous recevoir comme ils sont prêts à se rendre là où nous voudrions bien que cette réunion se tienne.  Je lui réponds qu’au cas où cette réunion aurait lieu, elle se tiendrait nécessairement au domicile de l’un d’entre nous pour des raisons qu’il comprendra aisément…Sur ce, je pris congé de lui tout en lui promettant de faire tout mon possible pour faire aboutir sa requête.

De chez Mokhtar Ould Hende, je me rendis immédiatement au domicile de feu Mohamed Said que je trouve en réunion avec quelques personnes. Je suis sorti dans la rue et lui ai téléphoné pour lui signifier que je dois lui faire un compte-rendu sur quelque chose d’urgent et de confidentiel.

Il me rejoint devant la porte de la cour de sa maison et après mon compte-rendu, il me demande : où croyiez-vous que cette réunion pourra se tenir?

Je lui réponds que j’ai déjà dit au secrétaire général du ministère de la santé que la réunion se tiendra chez l’un d’entre nous et non pas chez eux. Chez moi, lui dis-je,  il y a un salon qui n’est pas très grand mais je sais que celui de Samory beaucoup plus spacieux et mieux meublé que le mien.

Il m’a chargé de prendre contact avec Samory s’il accepte de recevoir nos hôtes, on ira chez lui sinon on se rabat chez-toi, me dit-il. Il m’a enfin recommandé de ne déranger ni Boubacar Ould Messaoud ni feu Ely Ould Allaf qui sont tous deux en convalescence et viennent de rentrer de Tunisie.

Main tendue du pouvoir

Samory Ould Beye a accepté de recevoir nos hôtes de gaieté de cœur et nous nous retrouvions quelque une heure de temps plus tard chez lui. Il y avait d’un côté Mohamed Ould Boilil, président de l’assemblée nationale, Bekaye Ould Abdel Malick ministre de l’enseignement Supérieur et de la recherche scientifique, Dr. Fatimetou Mint Habib, ministre de l’habitat et de l’urbanisme et Mokhtar Ould Hende, secrétaire général du ministère de la santé. De l’autre côté, se trouvent avec Mohamed Said Ould Hammody, Breika Ould M’bareck, Mohameden Ould Elbou, Samory Ould Beye, Achour Demba, Mohamed Mahmoud Ould Oumar, Ghaly Ould Mahmoud et moi-même.

Le président de l’assemblée nationale, M. Mohamed Ould Boilil, a pris la parole en nous disant qu’à sa connaissance la marche n’est pas autorisée et ne le sera pas. En contrepartie, dit-il, le pouvoir en la personne du président de la République, est disposé à dialoguer et à  négocier avec vous afin de trouver des solutions à vos doléances. Par ailleurs, continua-t-il, les actions populaires ou de masse sont en général organisées pour faire pression sur le pouvoir afin qu’il accepte de s’asseoir sur la table de négociations. Et puisque le pouvoir est disposé à négocier, pourquoi serait-il nécessaire de recourir à la pression et risquer de troubler l’ordre public ? Il a terminé son intervention en nous gratifiant d’une rodomontade retentissante : je défie quiconque – a dit le président de l’assemblée nationale – de prétendre avoir fait plus que moi pour la cause Haratine !

Les autres membres de la délégation gouvernementale ont intervenu tour à tour pour dire qu’ils sont tous sensibles aux problèmes que nous posons mais étant donné que le président de la République est disposé à engager les discussions avec nous, ils nous demandent, en tant que frères, de surseoir à la marche, de saisir la main tendue et d’engager, sans attendre, des pourparlers constructifs avec le pouvoir.

J’ai demandé la parole au président Mohamed Said pour rassurer le président de l’assemblée nationale et la délégation qui l’accompagne que, d’une part, il n’y aura pas de désordre public si notre marche est autorisée et que, d’autre part, nous sommes disposés à dialoguer avec le pouvoir une fois la marche terminée. Je fus soutenu très fortement dans cette position par Samory Ould Beye et mon ami Moahmeden Ould Elbou. D’autres intervenants ont plus ou moins abondé dans le même sens à l’exception d’un des nôtres dont les positions étaient fortement alignées sur celles de la délégation gouvernementale. Ce qui a provoqué le commentaire ironique de mon ami Mohameden Ould Elbou qui, à la fin de la réunion, a suggéré à la délégation du gouvernement d’inclure prochainement notre ami parmi les leurs. Feu Mohamed Said s’est contenté d’écouter et n’a intervenu qu’en fin de séance pour signifier en souriant au président de l’assemblée nationale, Mohamed Ould Boilil : Vous voyez bien, monsieur le président, que mes amis n’entendent négocier qu’après avoir organisé leur marche.

Tout le monde se lève alors et nous nous avons pris congé les uns des autres.

L’heure qui nous était impartie avant la réunion m’a permis, avec mon ami Mohameden Ould Elbou de nous concerter et de faire le tour des sujets probables qui pourront être posés tout en essayant de faire la prospective des intentions de nos hôtes. Nous sommes parvenus à la conclusion évidente que cette réunion est provoquée par la marche. Son objet portera donc très probablement sur le report ou l’annulation de cette marche en contrepartie de certaines promesses ou concessions du pouvoir, réelles ou illusoires. Nous nous sommes aussi mis d’accord que l’option d’annulation n’aura pour nous que des retombées néfastes. Elle brisera notre élan, cassera la dynamique en faveur de la marche, créera un climat malsain au sein de notre mouvance et nous placera dans une position inconfortable où nous prêtons le flanc à toutes sortes de suspicions…C’est donc une option à éviter à tout prix.

C’est pourquoi, dès que le président de l’assemblée nationale termina son introduction, je pris la parole pour exposer notre point de vue qui, tout en étant ouvert à toute forme de négociation, considère l’organisation de la marche comme une ligne rouge et une option indiscutable.

Le lendemain, le 27 Avril 2014, aux environs de neuf heures, je reçus un coup de téléphone de la Wilaya de Nouakchott qui me demande de me présenter dans ses locaux instamment.

Arrivé sur les lieux, je fus introduit dans le bureau du Wali qui me signifie que la marche a été autorisée, me remet une autorisation signée de la marche et me met en contact avec des responsables sécuritaires pour coordonner avec eux la sécurisation de la marche. J’informe aussitôt le président Mohamed Said et après lui le président de la commission de communication Oubeid Ould Imijine qui produit immédiatement un communiqué de presse dans ce sens.

A partir de la Wilaya de Nouakchott, je me rendis directement en compagnie de mon ami Mohameden ould Elbou au domicile du président d’IRA/Mauritanie, monsieur Biram Dah Abeid pour essayer de régler le petit malentendu qu’il aeu avec le comité permanent concernant les détails d’organisation de la marche.

En effet, IRA était en froid avec la direction du Manifeste depuis quelques jours et menace de boycotter la marche pour des raisons de divergence  avec le comité permanent du Manifeste sur les détails d’organisation. Le président Biram voulait que IRA puisse porter ses slogans lors de la marche et que lui-même prenne la parole lors du meeting prévu à la fin de la marche alors que le comité permanent du Manifeste a décidé qu’il n’y aurait que des slogans unifiés et un discours unique prononcé par le président du Manifeste, feu Mohamed Said Ould Hammody.

Défections

Arrivés au domicile du président Biram à Riyadh, pour essayer de trouver un terrain d’entente et concilier les positions, nous le trouvions lui et son organisation, plongés dans la commémoration du premier anniversaire de l’incinération des « livres du code négrier ». Après quelques heures d’attente, nous avons pu nous réunir avec lui en présence d’une bonne quinzaine de cadres et de militants d’IRA/Mauritanie parmi lesquels se trouve Saad Ould Louleid. A la suite de ces discussions houleuses, nous avons convenu avec le président Biram qu’IRA ne portera pas ses slogans lors de la marche et qu’en contrepartie, nous essayerons de convaincre le comité permanent d’ouvrir la parole et de permettre à ce que plus d’un leader puisse discourir lors du meeting prévu à la fin de la marche et lui permettre ainsi au président  de s’exprimer lors du meeting. Le même jour, dès notre retour de Riyadh, nous avons convoqué une réunion du comité permanent où nous avions exposé et expliqué le modus vivendi conclu avec IRA.

J’ai personnellement été surpris par la violence des réactions de certains membres du comité permanent qui dénotent d’une hargne et d’une aversion certaine pour IRA et son président. De notre côté, nous avons défendu becs et ongles le protocole d’accord convenu avec IRA qui nous semble être des plus réalistes et doit être entériné par les membres du comité permanent s’ils ont le souci de réussir leur marche… Le désordre résultant des discussions qui ont suivi notre annonce, a amené le président Mohamed Said à clore les débats sur ce point en décrétant que le comité permanent ne revient pas sur les décisions déjà prises…

Dépité et confus à la fin de la réunion, je fais appel à un certain membre du comité permanent, Malick Fall, dont je connais les liens avec le président Biram et lui dis ceci : Puisque vous avez assisté à cette réunion, vous avez tout vu et entendu. Je vous demande  de faire un compte-rendu fidèle au président d’IRA/Mauritanie et lui transmettre mes profonds regrets pour n’avoir pas pu honorer nos engagements et faire entériner l’accord conclu avec lui par l’organe compétent. Dites-lui aussi que si j’avais réussi, ce serait moi-même qui lui aurais annoncé la bonne nouvelle mais comme nous avons échoué, je suis quelque peu indisposé pour lui annoncer cet échec car je sais que lui et l’ensemble des militants de son organisation brûlent d’impatience pour participer à cet événement historique.

Ainsi, nous avons perdu l’opportunité de donner un plus grand élan populaire à cette première marche par la perte de l’un de nos piliers majeurs, incontestablement le plus à même de mobiliser les foules, et ce en raison de la haine, la rancune et l’envie de certains des nôtres envers IRA et son président. C’est là aussi l’un des handicaps majeurs et l’une des causes principales des échecs répétés des différents mouvements d’obédience Haratine. En plus des tares inhérentes à la condition d’esclavage selon Nietzsche, la plupart de nos dirigeants considèrent que la cause Haratine constitue leur chasse gardée et que tout autre qu’eux qui y apporterait sa contribution hors de leur coupole, serait un dangereux adversaire ou un ennemi à abattre. C’est bien cet état d’esprit qui a prévalu ce jour-là et conduit à pousser IRA vers la porte de sortie.

Le jour suivant cette fin de non-recevoir du comité permanent du Manifeste, IRA déclare, dans un communiqué, se retirer définitivement de toutes les instances du Manifeste.  C’était regrettable… d’autant plus qu’il ne fallait rien d’autre que permettre la prise de parole de plusieurs orateurs comme il est de coutume dans tous les meetings. J’ai réalisé sur le tard que cette disposition ou plutôt cette chausse-trappe a été introduite pour faire barrage principalement au président de IRA et à un moment où personne n’y prêtait attention et par manque de vigilance nous sommes tombés dans ce piège.

Et comme un malheur ne vient jamais seul, nous fûmes surpris le même jour ou le jour suivant par une violente prise de position contre la marche par l’APP de Messaoud Ould Boulkheir qui, dans un communiqué véhément, fustige non seulement l’organisation de la marche mais aussi interdit à ses militants et sympathisants d’y assister sous peine de lourdes sanctions.

Devant ces deux coups de massue portés à l’organisation de la marche par le retrait de IRA et la position gratuitement hostile de l’APP, il y a lieu de s’inquiéter et même de douter fortement de notre capacité de réussite d’autant plus que la faiblesse des actions de sensibilisation et de mobilisation, est plus qu’évidente.

Il fallait donc redoubler d’efforts dans le court laps de temps qui nous reste pour essayer de combler une partie du grand vide laissé par les défections de dernière minute.

Ce à  quoi nous nous sommes employés sans relâches…

Au soir du 29 Avril, j’arrive assez tôt  à la place sise devant la mosquée marocaine où était prévu le déclenchement de la marche. Bien avant 17 heures, l’affluence était bonne contrairement à ce qui se passe habituellement lors des marches de l’opposition où les premiers arrivants se présentent en général à  partir de 17 heures. A l’appel du muezzin pour la prière d’El Asr tout le monde se rue dans la mosquée.

Après la prière,  j’ai vu que la foule s’est considérablement gonflée. J’ai pris place sur un petit piédestal à l’Ouest de la route pour pouvoir surveiller l’affluence des masses qui continuent à  charrier de tous les côtés. J’ai même commencé à  jubiler quand, soudain, aux environs de 17heures 15mn, la marche s’ébranle sous mes yeux en scandant des slogans que je ne différenciais pas. Paniqué, je me porte au-devant de la marche en criant qu’il reste au moins une heure de temps avant le départ prévu et qu’on est victime d’un sabotage visant à faire échouer notre marche…etc.

Rien n’y fait. Malgré mes cris et vociférations,  certainement inaudibles car couverts par le vacarme de la foule dense des marcheurs, je me rendis à  l’évidence qu’il m’était impossible d’arrêter cette marée humaine qui marche à une cadence soutenue, menée de surcroît par quelques groupes de marmaille qui se disputent, au pas de course, la pointe de la marche.

Arrivée à la place Ibn Abass, le discours prévu à cet effet fut prononcé par feu Mohamed Said Ould Hammody et tout était fini aux environs de 18heures 10 mn, heure à laquelle les marches de l’opposition commencent, en général, à faire le plein. Quelques 10 mn après la fin du meeting, aux environs de 18heures 20mn, je reçus un coup de téléphone de la députée Mariem Mint Bilal qui me demande où en est la marche.

Je lui réponds que tout est fini ; et la marche et le meeting. Elle n’a pu s’empêcher de me dire : Ça,  c’est un sabotage ! D’ailleurs, je suis entièrement d’accord avec elle sur cette appréciation car l’affluence populaire aurait pu tripler ou quadrupler si la marche avait pris son départ aux horaires prévus entre 18 heures et 18heures 30mn. Tant d’autres gens ont téléphoné pour demander où se trouve la marche ? D’autres se sont rendus à la mosquée marocaine où ils n’ont trouvé personne et ont cru à l’annulation de la marche, tant son horaire était déphasé par rapport à tout ce qui la précède.

Malgré toutes les vicissitudes et les insuffisances de l’organisation, la marche était grandiose et diversifiée. Elle dénotait d’un large consensus national autour de la question Haratine. Ce fut une première. Nous avons eu également droit à un méga meeting où l’enthousiasme des participants était débordant dans un climat de liesse populaire.

Ainsi, nous pouvons dire que nous avons réussi, contre vents et marées, notre pari de susciter le consensus autour de la problématique Haratine dont la solution constitue le passage obligé pour le devenir d’une Mauritanie unie et perenne.

 

(A suivre)