Dans le cas précis, de cette interview, Macron semble avoir deux intentions: la première est la mise sous pression des miliaires maliens pour qu’ils remettent des civils à la tête de la transition.
La deuxième est de les dissuader de penser à l’idée de faire des concessions importantes envers les jihadistes pour obtenir des résultats rapides sur le terrain dont l’opération Barkhane serait exclue.
Macron pourrait aussi avoir voulu signifier que la France se préparerait, si cela devient inévitable, à pivoter du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest vers l’Afrique de l’est et australe où elle pourrait mettre en relief sa vocation de puissance de l’océan indien. Ainsi pourrait-elle être plus proche du nouveau centre du monde: l’Indopacifique.
Quant aux liens de la Russie avec certains acteurs maliens, elle est réelle. Pas forcément parce que certains officiers maliens ont été formés en Russie. Mais parce que c’est une carte importante que le colonel Goita et ses amis utiliserait dans leur face-à-face avec Paris et ses alliés.
A ce stade, il ne me semble pas cependant que l’intrusion de la Russie dans la crise malienne soit aussi avancée au point de faire déjà du Mali une nouvelle Centrafrique.
Cela dit, J’ai oublié de dire qu’ un retrait de Barkahne serait dangereux et irresponsable dans le contexte actuel. L’hypothèse fausse (les islamistes étaient alors peu nombreux pour s’imposer à Bamako) mais largement propagée par Paris et Bamako en 2013 lors de l’opération Serval comme quoi les islamistes allaient prendre le pouvoir à Bamako pourrait cette fois devenir réelle. Si elle se réalise, Bamako pourrait être la base idéale d’une déstabilisation et pourquoi pas une conquête des autres pays voisins.
Lemine Ould M. Salem. Journaliste, Paris, Bamako, Dakar
Source : RMI Info (France)