Aziz, cesse d’infantiliser les Mauritaniens!

L’entretien que Jeune Afrique a eu récemment avec Mohamed Ould Abdel Aziz était plein de délires. Ce monsieur – comme l’appelait, en connaissance de cause, feu Ely Ould Mohamed Vall – qui n’a  jamais estimé que Jeune Afrique était digne d’estime ou d’intérêt a fini pourtant par choisir cette publication pour s’adresser à l’opinion publique. En réalité, c’est à une certaine opinion africaine qu’il s’adressait. Mais l’objectif de cet entretien était surtout en prélude à l’abandon de sa stratégie de défense qui consistait à refuser de répondre aux questions des enquêteurs en s’accrochant à l’article 93 de la constitution. Ould Abdel Aziz nous annonce donc qu’il jette la planche de salut sur laquelle il surfait parce qu’il sera, dans quelques jours, obligé de répondre aux questions du juge d’instruction. Il va ainsi plier l’échine devant les magistrats du siège en essayant de les noyer dans les méandres de ses délires car il a du toupet et une certaine propension à infantiliser les Mauritaniens.

 

Égo démesuré

L’entretien qu’Aziz a proposé à Jeune Afrique n’a fait que montrer sa vraie nature et tous ses traits de caractère malveillants humains: infatué de lui-même, Aziz est possédé par un égoïsme sans limite dont le noyau sombre se nourrit d’une psychopathie qui développe une méchanceté extrême envers les hommes et une hyperphagie boulimique nuisible aux intérêts publics.
Pour corroborer ce que nous venons de dire, voyons quelques assertions – les moins insolentes ! – formulées sans vergogne par Aziz.
–  » J’avais un parti que j’avais créé moi-même en 2009, mais le gouvernement en place s’en est saisi et me l’a confisqué »: Aziz n’a pas dit « nous avions », il a bien dit : « j’avais…moi-même… », ce qui dénote son égocentrisme. Par cette assertion, Aziz a tout simplement méprisé, comme à son habitude, les centaines de cadres qui avaient passé des nuits blanches et des journées entières au lendemain du 6 août 2008 pour créer le parti dont il parlait! Il s’est approprié leurs idées, leurs efforts et leur temps irrattrapable!
–  » Je défie quiconque de prouver que j’ai détourné une seule ouguiya de l’argent public »: quelle effronterie! Aziz qui refuse de révéler l’origine de sa richesse astronomique a le culot de nous lancer ce défi alors qu’il  ne cesse de crier sur tous les toits qu’il n’a jamais empoché un centime de ses émoluments pendant les dix années qu’il a passées au pouvoir feignant d’ignorer que les Mauritaniens ne limitent pas sa richesse aux détournements de deniers publics, car il y a aussi les commissions illégales de toute sorte et l’exploitation illicite des richesses nationales (fer, or, poisson, etc.). Interrogé sur l’argent saisi par le pôle anti-corruption, Ould Abdel Aziz a déclaré: « ce sont des maisons appartenant à mes petits-fils et à des proches » ! Aziz, quelle est l’origine des biens inscrits au nom de tes petits-enfants et depuis quand des nourrissons qui peuvent à peine tenir dans les mains un biberon construisent les villas et amassent tant de fortunes ?

 

Se défendre avec des mythes

Le moins que l’on puisse dire à cet égard est qu’Aziz est bien décidé à construire sa propre mythologie parce qu’il croit pouvoir se défendre avec les mythes et parce qu’il accorde aux gris-gris des vertus de protection. C’est pourquoi, ses coursiers sillonnent l’Afrique à la recherche de têtes de singes, de griffes de chats, de queues de chacals ou de crocs de lion. Eh, oui; tel est l’homme qui nous a dirigés pendant dix années comme un berger dirige un troupeau de moutons. Les plus courageux parmi nous sont ceux qui avaient préféré partir en exil au prix de sacrifices énormes pour combattre la dictature d’un mégalomane qui s’était arrogé tous les pouvoirs et qui méprisait tout le monde.
Afin d’avoir une petite idée du mépris qu’Aziz a pour les Mauritaniens, on n’a pas besoin de s’absorber dans la méditation de ce qu’il a dit à Jeune Afrique:
–  » il y a aussi des véhicules surestimés, des moutons et une trentaine de cerfs dont la valeur est estimée à 40.000 ouguiyas, ainsi que 650 chameaux ; soit des choses insignifiantes ». 650 chameaux, c’est plus de 110 millions d’ouguiyas! mais ce montant est insignifiant mesuré à l’aune du richissime marchand qu’est devenu Aziz dans une société où l’on considère qu’une famille qui possède deux chèvres dispose d’une bonne source de revenu!
–  » Quand j’ai quitté Nouakchott, après l’investiture du président, je n’ai pas pris un seul dollar. J’ai fait une erreur en voyageant sans rien avoir, puisque j’étais pressé afin de permettre au nouveau président de gérer les affaires publiques et de former son gouvernement « . Quelle improbité ! Aziz, en quoi ta présence sur une dune de sable ou dans un coin de salon gênerait Ould Gazouani? As-tu oublié qu’avant de quitter Nouakchott, tu as appelé le premier ministre et certains membres de son gouvernement au palais des conférences pour leur donner des instructions, alors que  ton successeur venait juste d’occuper le fauteuil que tu rechignais à quitter? A quel titre tu agissais ainsi? As-tu oublié que le passeport avec lequel tu as voyagé portait la mention: Président de la République islamique de Mauritanie? Tu n’as même pas jugé nécessaire de rendre aux archives nationales un passeport auquel tu n’as plus droit, parce que tu te considérais toujours comme le véritable président de la République et croyais que rien n’a changé?

 

Commérages malveillants

C’est ce que prouvaient ton comportement et les dires de ta fille – à l’origine de tous tes maux – et les protestations hargneuses de ton ex-épouse dont les insultes parviennent quotidiennement aux oreilles des Mauritaniens. Et, soit dit en passant, sache que si ces derniers  ne répondent pas du tac au tac à vos commérages malveillants c’est tout simplement parce que leur éducation et leurs mœurs ne le leur permettent pas, contrairement à toi et ta fille qui buvez le calice jusqu’à la lie. Aziz, tu prétends avoir voyagé sans le sou, au lendemain de l’investiture de ton successeur, dis-nous alors ce que contenaient les dizaines de sacs que tu as emportés avec toi et qui ont pris à la douane turque, à l’aéroport d’Istanbul, plus 5 heures pour en contrôler le contenu. Et tes voyages et longs séjours à Londres, Paris, Madrid et Las Palmas, comment les as-tu financés? Crois-tu que les Mauritaniens ne sont pas au courant de l’empire immobilier que tu t’es construit autour du Bosphore, aux Emirats arabes unis, en Espagne, en France et ailleurs? Les Mauritaniens connaissent bien l’origine de ta fortune mais exigent que ce sois toi qui la révèle et personne d’autre!
– « Le gouvernement a accordé 300 millions d’ouguiyas aux députés pour faire passer la commission d’enquête parlementaire »: là encore Aziz feint d’ignorer la réalité car Ould Ghazouani a beau essayer d’empêcher la création de la commission parlementaire mais devant le consensus national sur la nécessité de récupérer tous les biens détournés au cours de l’ère Aziz, personne n’y pouvait rien faire tant l’ampleur des détournements  dépasse l’entendement! Même l’ami d’Aziz ou plutôt son ancien ami, l’actuel président du parlement, ne pouvait rien faire pour le défendre devant la colère de la classe politique et de la rue.
Malgré son impopularité et la haine farouche que lui voue aujourd’hui le peuple, Aziz, comme pour se décerner l’apothéose, termine son entretien avec Jeune Afrique en ces termes: « J’étais un président intègre et exemplaire lorsque j’ai quitté le pouvoir « ! Quel effronté! Si la folie n’a pas déjà gagné ce narcissiste invétéré, il me semble que rien ne l’en sépare.
Ahmed Salem Abdi