Le monde que l’on croit à première vue chaotique, contingent, avec ses montagnes par-ci, ses dunes de sable par-là, ses fonds-marins à perte de vue, ses forêts denses etc, est pourtant régi par des lois physiques qui obéissent à un déterminisme constant et nécessaire. Quand toutes les conditions sont réunies pour que la pluie vienne, elle tombe, pour que le vent se lève, il souffle; les mêmes causes produisant les mêmes effets.
L’architecture du monde dans lequel nous évoluons est élaborée de façon intelligible par un démiurge qui transcende inéluctablement notre entendement. Certains théologiens musulmans croient que les procédés généraux de la pensée qui ont abouti à un nouvel esprit scientifique, sont incompatibles avec l’idée de Dieu Créateur de l’univers.
Au contraire, Allah a créé le monde afin que nous puissions, selon l’expression de René Descartes en être les « vrais maîtres et possesseurs ». Ainsi l’esprit scientifique ne se pose plus la question dogmatique « pourquoi », domaine exclusif de l’omniscience et de l’omnipotence d’Allah, mais plutôt la question« comment? »
Comment la pomme tombe de l’arbre, pas en virevoltant mais verticalement tout en obéissant à la loi universelle de la chute des corps, l’attraction terrestre. L’avion vole et il ne tombe pas, mais il atterrit en obéissant également à la loi de la pesanteur.
Alors comment se débarrasser des vieilles croyances, des préjugés de l’opinion tout en libérant les mécanismes généraux de la pensée aboutissant à une lecture rationnelle de notre petite planète, de son système solaire dans l’espace-temps? L’espace et le temps deux éléments intimement liés, comme les deux autres dimensions équivalentes que sont la matière et l’énergie, selon la théorie de la relativité restreinte.
Cela veut tout simplement dire qu’un siècle d’histoire sur notre petite planète, la terre, est par exemple l’équivalent d’une minute sur des lointaines galaxies. Pour l’éminent épistémologue français Gaston Bachelard, il faut procéder d’abord à la psychanalyse de la connaissance.Voilà qu’après Descartes qui a voulu « faire table-rase » de la « vieillerie » aristotélicienne avec son « cogito ergo sum »(je pense donc je suis). Un psychanalyste de renom, Sigmund Freud (1856-1939) met en cause à son tour le rationalisme à l’image d’Epinal de l’homme dans toute sa mégalomanie.
1/ Le premier démenti infligé à la mégalomanie humaine:
« La nature a horreur du vide »: cet aphorisme aristotélicien qui a traversé les siècles jusqu’à la révolution copernicienne, suivie de la condamnation inquisitoire du savant italien Galiléo Galiléi, n’est en fait qu’une réponse anthropomorphique du philosophe. Le grand Aristote, le magister dixit (le maître a dit) n’avait sans doute pas de réponse épistémologique à la redoutable question : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?
L’horreur de la nature du vide, qui lui est le contraire du mouvement, constitue la pièce maîtresse du géocentrisme qui stipule que c’est le soleil qui tourne autour de la terre et que celle-ci est le centre de l’univers.Cette théorie du géocentrisme a été défendue par Aristote et Ptolomée, un romain né et ayant fait ses études auprès des prêtres égyptiens.Quelques siècles plus tard c’est le savant polonaisNicolas Copernic (1473-1543) qui,grâce à ses observations astronomiques a admis que c’est plutôt le soleil qu’est au centre de l’univers et que c’est la terre qui tourne autour de cet astre lumineux.
Ce qui était contraire à toutes les croyances de l’époque. En réalité c’est Galiléequi, au début du 17ème siècle a défendu avec des arguments mathématiques l’approche modélisatrice copernicienne de notre univers face à la puissante Eglise romaine, adoptant depuis des siècles le géocentrisme stable, pour un ordre immuable des éléments et des corps de la nature.Cette tribune a valu au savant Galilée une comparution devant la maîtrise inquisitoire pour apostasie en 1633.
Ainsi, celui qu’on appellera plus tard « chef de file de la psychanalyse », Sigmund Freud qui a affirmé que l’héliocentrisme a « été le premier démenti infligé à la mégalomanie humaine ».
2/Le deuxième démenti:
D’après le même Freud le deuxième démenti infligé à la mégalomanie est le darwinisme social,théorie avancée par Charles Robert Darwin(1809-1882)dans son ouvrage « De l’origine des espèces » selon laquelle l’évolution du règne animal reposerait sur un principe de sélection naturelle.
Selon notre psychanalyste toujours, l’œuvre de Darwin annihile la prétention de l’homme à une place privilégiée dans l’ordre de la création divine,en établissant sa descendance du règne animal et en montrant l’indestructibilité de sa nature animale.Tout le contraire de l’herméneutique(explication et interprétation des textes)dans les trois religions monothéistes révélées qui enseignent la descendance de l’homme d’Adam et Hawa.
De là à dire que la « science simplifie le réel mais complique la raison », il n’ y a qu’un pas que je me refuserai de franchir. Etant donné que d’autres biologistes,toujours à partir de sciences expérimentales ont contredit la théorie évolutionniste de Darwin.
3/Le troisième démenti:
C’est justement la « psycho-analyse » de Freud qui a bouleversé tous les enseignements de la psychologie traditionnelle par l’émergence d’une nouvelle science qu’on appelle désormais psychanalyse. Selon Freud elle consiste à « démontrer au moi qu’il n’est pas seulement maître dans sa propre maison, mais qu’il en est réduit à se contenter de renseignements rares et fragmentaires sur ce qui se passe en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique.
« Autrement dit l’homme qui se croyait raisonnable, altier, n’agit pas avec lucidité, en toute connaissance de cause mais est plutôt « agi » car soumis à la volonté de pulsions du ça (l’inconscient freudien le plus profond). Le ça où bouillonne tout ce que nous avons refoulé d’interdits depuis notre enfance,est soumis à la censure des souvenirs qui veulent venir à la conscience claire. D’où un perpétuel combat entre un inconscient amoral,toujours à la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir et le « moi »ou partie de la personnalité la plus consciente, en contact permanent avec la réalité. La troisième instance qu’est le « surmoi » étant le support de tous les interdits d’abord parentaux, et des contraintes sociales et culturelles.
Comme on peut le constater, le cerveau humain n’a pas dévoilé tous ses secrets. Il parait que l’homme n’a pas encore déployé les vingt pour cent de la capacité cognitive de sa cervelle. Mais n’allons pas pavoiser de triomphalisme car notre système solaire n’est qu’une infime partie de cet immense univers qui, j’en suis sûr, n’a pas encore dévoilé lui aussi le millième de ses secrets.
Malheureusement l’homme est beaucoup plus enclin à faire le mal, et surtout à l’entretenir plus que le bien. Les bombes atomiques et à neutrons sont capables d’anéantir la civilisation humaine, d’annoncer donc l’apocalypse. Au même instant où la science est incapable d’animer une cellule. Et pourtant Dieu a crée le monde en le modelant de manière positiviste. Ce qui a fait dire au physicienAlbert Einstein cette citation: « ce qu’il y a d’incompréhensible, c’est que ce monde soit compréhensible ».
Ely Ould Krombelé, France