Une militante mauritanienne des droits des femmes et des minorités, Mekfoula Mint Brahim, a reçu jeudi le prix pour l’Afrique décerné par l’ONG internationale Front Line Defenders pour les défenseurs des droits humains en danger.
Dans un communiqué, l’organisation salue « son travail de promotion des droits des femmes, de soutien au développement communautaire et de protection des droits des minorités ».
« Mekfoula est une défenseuse des droits humains courageuse qui s’attaque à certains des problèmes les plus épineux de la société mauritanienne et le fait avec dignité et grâce », affirme le directeur exécutif de l’ONG, Andrew Anderson, cité dans le texte. « Elle est un modèle pour toute une génération de jeunes Mauritaniens », selon lui.
Dans une interview à l’AFP à Nouakchott jeudi, Mekfoula Mint Brahim a dit se sentir en danger et s’inquiéter de « l’évolution islamiste de la société ». Elle a appelé à la séparation de la religion et de l’Etat et « un Etat laïc ».
Mekfoula Mint Brahim est « la présidente de +Pour une Mauritanie verte et démocratique+, une organisation de défense des droits humains fondée en 2009, qui mène des projets pour l’autonomisation des femmes dans les zones rurales », rappelle l’ONG.
Elle fait également partie de l’Alliance pour la refondation de l’État mauritanien (Arem), créée en début d’année, qui prône la bonne gouvernance et la lutte contre l’impunité.
Elle a été arrêtée et détenue deux fois en février, avec d’autres militants des droits humains, « pour avoir organisé chez elle une réunion de +Pour une Mauritanie verte et démocratique+ et d’Arem », souligne Front Line Defenders.
Après avoir travaillé pendant 10 ans pour la Société nationale industrielle et minière (Snim), elle a démissionné, au moment où elle éprouvait le besoin d’affronter les forces qui restreignent les libertés des femmes, a-t-elle expliqué à l’AFP.
« J’étais révoltée contre la société, ses dogmes, les rôles qu’elle donne à la femme, son mode de vie étouffant », a-t-elle dit, citant « la privation du choix de son mari ou la limitation de ses déplacements, suivant une lecture erronée de la charia », la loi islamique, sur laquelle est fondée le droit mauritanien.
Sur ce plan, elle a croisé le fer avec les oulémas locaux, leur reprochant « leur lecture de la charia, appliquant de vieux concepts ».
AFP