Parmi ces pays, le Nigeria fait figure de bon élève avec 1 476 279 00 de dollars d’avoirs restitués. Ce géant pays de l’Afrique de l’Ouest est talonné par le Kenya (17 025 234), la Libye (14 200 000), la Guinée équatoriale (11 300 000), la Zambie (9 500 000), le Mali (2 400 000), le Mozambique (645 182), le Burkina Faso (500 000), l’Afrique du Sud (67 144) et l’Ouganda (55 000).
Ces faramineux montants ont pu être récupérés grâce à l’Initiative StAR − Stolen Asset Recovery Initiative StAR – (Initiative pour le recouvrement des avoirs volés).
Ainsi, au Nigeria, par exemple, 1 476 279 000 de dollars ont été restitués. Les fonds ont servi à financer des projets dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’eau, de l’électricité et du réseau routier.
Au Kenya, la Commission nationale d’éthique et de lutte contre la corruption a augmenté son taux de condamnation de plus de 50 % et récupéré des avoirs volés pour un montant total de 27 millions de dollars rien qu’au cours des quatre premiers mois de 2019.
« Les pays développés et les pays en développement savent d’expérience que recouvrer le produit des FFI ( flux financiers illicites) est un jeu qui en vaut la chandelle. Par exemple, entre 2013 et 2019, suite à la diffusion par la presse de révélations issues de fichiers informatiques soustraits à un cabinet d’avocats panaméens, la France a recouvré 372 millions d’euros en paiement d’impôts et d’amendes, somme qui, selon des estimations, permettrait de construire 24 écoles primaires de 20 élèves par classe ou deux grands hôpitaux publics, aux prix d’une grande métropole française (France, Assemblée nationale, 2019). Les progrès sont lents dans le monde, mais certains pays africains sont parvenus à préparer le terrain pour un rapatriement de capitaux. À la date de 2018, l’Initiative Afrique, soutenue par l’OCDE, avait aidé les membres africains à identifier plus de 90 millions d’euros de recettes fiscales supplémentaires13. Le Nigéria a réussi à récupérer 0,5 milliard de dollars auprès de banques suisses en 2005 (UNODC and World Bank, 2007 » (Page, 42, rapport CNUCED 2020)
« Ainsi, en 2004 et 2012, après l’aboutissement d’enquêtes pénales ouvertes suite à des allégations de corruption et de blanchiment de capitaux en provenance d’Angola, ce pays et la Suisse ont affecté une partie des fonds recouvrés à la construction d’un hôpital, d’infrastructures et d’ouvrages d’approvisionnement en eau ainsi qu’au renforcement des capacités locales aux fins de la réintégration des personnes déplacées. » (Page, 42, rapport CNUCED 2020)
Au sujet du montant des pertes de revenus et autres imputables à la corruption, la BAfD (AfDB, 2015) estime que la corruption fait perdre environ 148 millions de dollars par an à l’Afrique. (Page, 107, rapport CNUCED 2020)
En Mauritanie, début septembre, les autorités ont annoncé la saisie de 20 milliards d’ouguiya (MRO) dans le cadre de l’enquête anti-corruption qui vise l’ancien président Aziz et des responsables impliqués dans le rapport de la Commission d’Enquête Parlementaire (Cep).
Comme le souligne la CNUCED, dans son rapport sur le développement durable en Afrique, les procédures de recouvrement des avoirs volés sont longues, mais le jeu en vaut la chandelle.
Par Babacar Baye NDIAYE, pour Cridem
Source : Rédaction de Cridem