L’ancien chef de l’État, au pouvoir de 2008 à 2019, s’était rendu lundi en fin d’après-midi au siège de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), sur convocation de la police. Il «a dormi à la DGSN, où il se trouve toujours, sans la présence de son avocat», a déclaré à l’AFP l’un des membres de son collectif de défense, Taghioullah Aïda, selon qui l’interrogatoire de l’ancien président «continue».
M. Aziz doit répondre à de «fortes présomptions de mauvaise gouvernance et de détournements de biens publics», avait indiqué lundi à l’AFP une source sécuritaire. Le président Aziz avait pris le pouvoir dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de 4,5 millions d’habitants par un coup d’État militaire en 2008, puis remporté la présidentielle en 2009, suivie d’une autre en 2014.
Marginalisé par le nouveau pouvoir
L’actuel président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui lui a succédé en août 2019, fut son chef de cabinet et ministre de la Défense. M. Aziz a depuis lors été marginalisé par le nouveau pouvoir. Une commission parlementaire, chargée en janvier de faire la lumière sur plusieurs dossiers pendant ses années à la tête de l’État, a transmis début août son rapport à la justice mauritanienne.
Le nouveau chef de l’État a dans la foulée procédé à un remaniement ministériel, écartant quatre ministres, dont le chef du gouvernement Ismaïl Ould Bedda Ould Cheikh Sidiya, afin de leur «laisser le temps dont ils auront besoin pour prouver leur innocence», selon le secrétaire général de la présidence, Adama Bocar Soko.
Parmi les dossiers étudiés par la commission parlementaire figurent la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’État à Nouakchott, la liquidation d’une société publique qui assurait l’approvisionnement en denrées alimentaires ou encore les activités d’une société chinoise de pêche, Pully Hong Dong, selon des sources parlementaires.
L’ex-président Aziz avait ignoré début juillet une convocation de la commission parlementaire. Les députés ont ensuite voté fin juillet une loi instituant une Haute cour de justice, compétente pour juger le chef de l’État et les ministres en cas de «haute trahison».
Par Le Figaro avec AFP