Cette résolution adoptée à une large majorité est plus globalement une ferme condamnation du racisme et débute ainsi : « la vie des noirs compte ». La résolution votée ce vendredi 19 juin au Parlement européen pour faire reconnaître l’esclavage comme « crime contre l’humanité » est lourde de symboles, alors que le monde entier s’interroge sur le racisme après la mort de George Floyd aux États-Unis.
Elle a été adoptée à une large majorité : 493 voix pour, 104 contre et 67 abstentions. Voici le texte adopté :
« Le Parlement européen invite les institutions et les États membres de l’Union européenne à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur ; déclare que la traite des esclaves est un crime contre l’humanité et demande que le 2 décembre soit désigné Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves ; encourage les États membres à inscrire l’histoire des personnes noires et des personnes de couleur dans leurs programmes scolaires. »
Le récit de Kelly Pujar, Outre-mer la 1ère / France Ô :
Le 21 mai 2001, le France avait voté la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité au travers de la loi Taubira, du nom de la députée guyanaise Christiane Taubira qui était à l’origine de la proposition de loi, avant d’en être la rapporteure à l’Assemblée nationale.
Résolution contre le racisme
Sur proposition de l’eurodéputé d’origine réunionnaise, Younous Omarjee, elle a été intégrée à la résolution sur les manifestations contre le racisme, étudiée ce jour à Bruxelles.
Selon le député européen Younous Omarjee, Emmanuel Macron a « commis une faute » en passant à côté d’un mouvement historique. Le texte de onze pages a été porté par 5 des 7 groupes du Parlement et débute par une affirmation : « la vie des noirs compte ». Une reprise du slogan « Black lives matter », scandé à travers le monde dans toutes les manifestations anti-racistes.
Un symbole fort
« Il est important que le Parlement européen fasse un acte de civilisation », a expliqué Younous Omarjee à France Télévisions, avant le vote. « Dans ce moment, la mémoire et les actes symboliques ont une grande importance ». Lors d’une prise de parole dans l’hémicycle mercredi 17 juin, l’eurodéputé avait évoqué la nécessité de regarder l’histoire européenne « avec lucidité » et d’avoir « le courage des actes et des symboles ».
– Younous Omarjee, député européen (LFI) : « Nous devons voir que cet événement renvoie à des siècles de domination des Noirs aux Etats-Unis et d’inégalité des conditions en Europe. Gardons à l’esprit que notre histoire européenne a toujours oscillé, comme une pendule, entre la barbarie et la civilisation. Que c’est en Europe, malgré la raison, malgré les Lumières, que les pires théories de hiérarchisation des races sont nées pour justifier les conquêtes, pour justifier l’esclavage, pour justifier la colonisation et pour justifier l’Holocauste. »
L’Europe face au racisme
Au total, vingt-huit points sont abordés dans la résolution adoptée à une large majorité. Elle invite notamment les institutions et les États membres de l’Union européenne « à reconnaître officiellement les injustices du passé et les crimes contre l’humanité commis contre les personnes noires et les personnes de couleur ».
Cela devra passer, entre autres, par l’inscription dans les programmes scolaires de « l’histoire des personnes noires et des personnes de couleur ». La résolution propose également de faire du 2 décembre une Journée européenne de commémoration de l’abolition de la traite des esclaves.