Faudrait-il donc que l’on s’habitue à ce que nos concitoyens noirs puissent être froidement tués par les policiers de leur propre pays en toute impunité ? L’histoire, le contexte politique, les conditions de la cohabitation dans le pays entre les différentes populations et les circonstances de la mort de ces trois hommes sont très différentes.
Et pourtant, dans tous ces pays, la liste est longue des citoyens noirs qui ont été soupçonnés d’être dangereux et tués parce que noirs. Et dans tous les cas, les membres des forces de sécurité mentent sur les conditions du décès en se sachant protégés par leurs supérieurs et trop souvent par la justice.
Leurs concitoyens blancs bénéficient systématiquement de traitements plus favorables. Il s’agit donc bien de racisme, de mépris pour des hommes dont la vie n’aurait pas la même valeur que celle de leurs concitoyens blancs.
Ceci n’a que trop duré ! Dans le monde entier, des femmes et des hommes se lèvent et disent leur colère face à un tel déni d’humanité et ils sont soutenus par une partie importante de la population. Cette colère des peuples opprimés rappelle en général à la raison des dirigeants qui pensent pouvoir s’accommoder de tels comportements criminels.
IRA-France-Mauritanie réaffirme solennellement l’égale dignité de tous les êtres humains et l’impérieuse nécessité pour tous les gouvernements de garantir que la vie sociale puisse s’organiser et se dérouler sans discrimination. Ce n’est pas le cas aujourd’hui en Mauritanie.
Le gouvernement doit enfin prendre à bras le corps la question très sensible du racisme, reconnaître que l’histoire du pays depuis son indépendance compte malheureusement une suite ininterrompue de crimes racistes perpétrés avec l’accord ou à l’initiative des autorités, proposer des réparations aux victimes et prendre des mesures concrètes rapidement pour que les Noirs de Mauritanie puissent être enfin traités comme des citoyens à part entière et, en particulier, bénéficier du droit élémentaire de se sentir en sécurité dans leur propre pays.
En ces moments dramatiques pour tous nos frères noirs, rappelons-nous les mots du grand intellectuel anticolonialiste tunisien Albert Memmi, récemment disparu : “On dit toujours que quelqu’un exagère quand il décrit une injustice à des gens qui ne veulent pas en entendre parler “. Pouvons-nous espérer que les autorités mauritaniennes entendent enfin le cri des citoyens noirs de leur pays ?
Le 12 juin 2020
Le Bureau d’IRA France Mauritanie
Source : IRA France Mauritanie