Juste avant de monter au beffroi, ou au minaret, faire sonner tous les tocsins, pour me faire entendre, jusqu’au-delà de Poitiers et des Pyrénées. Pour faire entendre, de vive voix, mon cri d’indignation. Un rugissement, un grondement de tonnerre ; une sorte de voix de Stentor :
Ici c’est la Mauritanie… Ce n’est pas l’Occitanie… Ici c’est la Mauritanie… Le pays des plus grands savants, « érudits » de la langue Arabe…
Ici, c’est la langue arabe qui est la langue officielle…
Ici, l’article 6 de la Constitution de la République Islamique de La Mauritanie de 1991, stipule : « la langue officielle est l’Arabe»
Donc, lorsque vous persistiez dans l’outrecuidance de nous offenser, de fouler par terre notre souveraineté, de passer outre le texte de référence, la norme supérieure dans notre ordre normatif, à savoir la Constitution; nous allons vous le rappeler. Avec toute la force, la vigueur et la légitimité que nous procure la Constitution.
Pour vous dire, Monsieur Le Ministre que, non seulement vous avez fait usage déplacée d’une langue hégémonique, envahissante, et colonisatrice ; mais vous avez aussi, Excellence, Monsieur Le Ministre, enfreint la loi et offensé vos concitoyens !
Et savez-vous, Monsieur Le Ministre, l’effet que cela fait, quand ceux qui sont aux commandes enfreignent la loi ? C’est tout simplement insupportable, odieux, indignant et alarmant. C’est vous dire, Excellence, Monsieur Le Ministre, combien votre discours en français, a complètement gâché cette fête du 1er mai 2020.
Un 1er mai, déjà suffisamment « terni » par la pandémie du Covid-19. Douleurs sur douleurs. Que de douleurs ! Que de frustrations ! Déjà celles ressenties par la force travailleuse dans notre pays, toutes syndicales confondues, de ne pas pouvoir organiser les manifs et défilés traditionnels pour la circonstance. Mais aussi, ce sentiment d’offense que vous avez tenu à lui infliger, et au-delà, à tout le peuple mauritanien. Votre discours, très mal accueilli par tous les mauritaniens qui se respectent. Votre discours en français. Et si, Monsieur Le Ministre, vous l’avez oublié, le français n’est pas la langue officielle de notre pays. Et les travailleurs, auxquels vous vous êtes adressé hier, à ce que je sache, ne sont ni bretons, ni gaulois, ni normands. Ni Martiniquais, ni calédoniens non plus !!!
En outre, dites-vous, Excellence, Monsieur Le Ministre, -et là, je n’ai rien contre vous en personne, loin s’en faut !- dites-vous que si vous persistiez à continuer pour tenir vos discours dans une langue autre que l’Arabe, celle officielle de notre pays ; vous n’aurez plus droit à rester dans votre poste. Oui, et de la manière la plus simple au monde. Pour motif d’incapacité. C’est-à-dire que, si vous ne pouvez pas prononcer un discours en Arabe, cela veut dire, que, vous êtes incompétent. C’est que vous n’êtes pas digne de la confiance placée en vous. Parce que, en ce moment, la meilleure excuse qu’on peut vous donner, est que vous êtes « illettré ».
Et celle-là, est encore pire ! Oui. Si bien sûr vous êtes incapable de lire un discours en arabe, c’est que vous êtes « illettré ». C’est au moins de cette manière que le colon, naguère, qualifiait nos plus grands érudits, en leur notant, sur des documents d’état civil qu’il leur confectionnait à sa guise. Au plus grand savant, mais de culture arabe, le colon notait : « illettré » ! Pourquoi ? Pour la raison, suffisante, dans l’entendement du colon, que cet érudit, ne parle pas français ! Voyez-vous, c’est à peu près la même raison pour laquelle nous serons en droit, de vous coller la même étiquette : « Ministre illettré ».
D’ailleurs, je saisis l’occasion pour dire que c’est l’étiquette, « Ministre illettré », que les mauritaniens, collent désormais à cette cohorte de « ministres » qui s’acharnent à perpétuer l’usage de la langue française.
Usage ringard, salace, périmé et désuet, des années 70. Genre « Mauritaniens, mauritaniennes », peuple des « zéros »…. Donc, Excellence, Monsieur Le Ministre, épargnez-nous cette bassesse ! Nous ne voulons plus de ces pratiques, vieilles, révolues et complétement déplacées : un ministre africain, singulièrement lorsqu’il s’agit d’un Ministre mauritanien, s’adressant à son peuple en français !
Et pourquoi, est-il dépassé de s’adresser à son peuple dans la langue du colon ? Eh bien, tenez-vous bien. Je vous dis pourquoi.
Primo : ce n’est pas respectueux. Pis, c’est outrageant pour un peuple à culture multiséculaire, comme le peuple mauritanien. Car, la Mauritanie, même si c’est un pays « géographiquement » africain, reste avant tout un pays arabo-musulman. D’ailleurs, j’ose le dire, le peuple le plus attaché à sa culture « arabo-musulmane », vecteur de son unité et ciment de sa paix sociale.
Secundo : vous êtres mauritanien, non des moindres, car Ministre ; et vous vous adressez à des mauritaniens. Vous êtes donc sensé avoir, d’abord, le souci d’être bien compris, et par tout le monde. Et si vous ne le savez pas encore, ils sont peu, très, très, très peu, ceux qui comprennent le français, en Mauritanie. En tout cas pas les dockers ni les manœuvres, ni les vendeuses de légumes, forces « les plus vives » de notre pays !
Tertio : il ne vous sied pas de donner l’image du ministre ringard, « illettré », car ne pouvant pas lire l’arabe. Et, par-dessus le marché, vous vous êtes mis en porte-à-faux avec la loi suprême de la République. Car, en taillant une bavette avec un copain, vous êtes libre de parler avec l’idiome qui vous chante. Mais, lorsqu’il s’agit d’un discours officiel, adressé, en une circonstance aussi solennelle que celle du 1er mai, ce discours-là, ne peut et ne doit être qu’en langue arabe, langue officielle du pays.
Excellence, Monsieur Le Ministre, c’est limpide, non ?
J’ajouterai, Excellence, Monsieur Le Ministre, avant de finir, que vous pouvez facilement dépasser tout cela par des cours intensifs d’Arabe, que vous pouvez prendre facilement avec Son Excellence, l’actuel Ambassadeur de la France en Mauritanie, qui est, pour votre information, arabisant !!!!
Bon Ramadan, Excellence, Monsieur Le Ministre de la Fonction publique du Travail et de la Modernisation de l’Administration.
Bon Ramadan, à vous tous.
Bonne rupture de jeûne en ce 9ème jour du mois béni du Ramadan de l’année 1442 de l’Hégire !
Nouakchott le, 02/5/2020.
Mohamed Yeslem Yarba BEIHATT.
beihatt@gmail.com