Mais, à prime abord, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces relations, établies depuis des dizaines d’années, montrent que la République Populaire de Chine a toujours été, et est toujours, un partenaire de choix de la Mauritanie, notamment au niveau bilatéral.
En effet, nul ne peut contester aujourd’hui l’aide que la Chine apporte et consent pour l’Afrique, en général, et pour la Mauritanie, en particulier, par la mobilisation de moyens aussi bien humains que matériel pour l’assistance (santé, secteur agricole…) ou la réalisation d’infrastructures de toutes sortes : hospitalières, routières, maritimes, bâtiments administratifs, assainissement…
Sur le domaine de la coopération, on ne peut ne pas saluer les solides relations entre la Mauritanie et la Chine, ou ne pas louer l’aide que la Chine apporte pour l’Afrique et la Mauritanie, en ces temps durs où le monde entier se bat contre le Covid-19 et que les espoirs fondés sur l’Occident ne semblent pas produire les effets escomptés.
Autant, il faut apprécier à sa juste valeur l’aide apportée par la Chine à la Mauritanie, autant on ne peut oublier l’importante implication de la Mauritanie pour la reconnaissance de la République Populaire de Chine par les pays africains dont beaucoup penchaient du côté de Taïwan.
A ce titre, les énormes efforts fournis par feu le Président Mokhtar Ould Daddah restent vivants dans les mémoires ; on notera, au passage, la tournée effectuée par feu Hamdi Ould Mouknass (ministre des Affaires Etrangères à l’époque), porteur d’un message du Président de la République auprès des différents Chefs d’Etats africains pour plaider la cause de la Chine.
Sur cette période, où la Chine peinait à se faire reconnaître, je fus témoin de l’activité diplomatique tous azimuts menée par la Mauritanie pour l’aider. Très jeune diplomate à l’époque (début des années 1970), et chargé des Affaires de l’Ambassade en l’absence de l’ambassadeur, j’ai été contacté par l’ambassadeur de Chine venu ouvrir une représentation diplomatique au Nigeria.
Lors de l’entretien que j’ai eu avec lui, il ne tarit pas d’éloges à l’égard du Président Mauritanien et me fit part des instructions de son gouvernement de remercier la Mauritanie pour tous les efforts qu’elle a déployés pour faire connaître et reconnaître son pays auprès des Etats africains, notamment ce grand pays qu’est le Nigeria.
Il s’agit, ici, de souligner que la Mauritanie, dépourvue de moyens financiers, à l’époque, n’en demeurait pas moins un pays qui compte, tant sa diplomatie offensive portait haut les revendications les plus légitimes des peuples opprimés ainsi que les mouvements de libération en Afrique qu’elle aidait tant bien que mal dans leur lutte, en ces temps difficiles de décolonisation ; c’était le cas de la République sœur d’Algérie et d’autres pays, notamment de l’Afrique australe.
Si, aujourd’hui, d’aucuns ont tendance à minimiser ou minorer l’apport de la Mauritanie sur la vie du monde, ceux qui connaissent le cheminement de ce pays peuvent encore témoigner combien, malgré la modestie de ses moyens, il fut à l’avant-garde de plus d’un combat, aussi bien dans le monde arabe que dans le monde africain.
Dommage que son aura d’antan n’a pas assez rejailli sur son envergure d’aujourd’hui.
Maître Mine Abdoullah
Avocat à la Cour
Ancien diplomate