Le changement de pouvoir intervenu en Mauritanie à la faveur de l’élection présidentielle du 22 juin 2019, et l’investiture de Mohamed ould Cheilkh El Ghazouani le 01 août de la même année, doit servir à l’arrêt de certaines pratiques et l’amélioration de la protection des droits humains, selon le rapport 2020 de Human Rights Watch (HRW), une ONG de défense des droits de l’homme.
Le nouveau président mauritanien «devrait inscrire dans ses priorités l’abrogation des lois répressives qui limitent la liberté d’expression, garantir les droits des femmes et ordonner aux forces de sécurité de respecter le droit à manifester pacifiquement », explique le document.
Sous le règne de Mohamed ould Abdel Aziz, des jeunes actifs sur les réseaux sociaux, à l’image de Cheikh ould Jiddou et Abderahmane ould Weddady ont été arrêtés et détenus pendant plusieurs mois pour avoir dénoncé des faits de corruption présumée.
« Le président Ghazouani devrait inscrire dans ses priorités une réforme qui n’a que trop tardé, celle d’un Code Pénal (CP) extrêmement dur, qui prévoit la peine de mort pour les affaires de blasphème et qui est de fait utilisé de fait pour museler l’expression. Le nouveau président devrait prendre des mesures décisives pour veiller à ce que les femmes et les filles survivantes de violence reçoivent le soutien dont elles ont besoin pour aller de l’avant», selon Eric Goldstein, directeur par intérim de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de Human Right Watch (HRW).
L’évocation de loi sur le blasphème est inspirée par le cas du blogueur Mohamed ould M’Kheitir, emprisonné et condamné à mort pour cette infraction, dont la peine a été réduite à 2 ans de prison, mais qui ne retrouvera la liberté, suivie d’un départ en exil que plus de 5 ans après le déclenchement de l’affaire.
Par ailleurs, le rapport de HRW exhorte les autorités de Nouakchott « à abroger la législation actuelle pénalisant les rapports sexuelles hors mariage » et déplore l’inexistence de loi contre la violence basée sur le genre « alors que les femmes et les filles rencontrent de nombreux obstacles pour accéder à la justice, car celles qui dénoncent le viol courent le risque d’être poursuivies pour relation sexuelle hors mariage (zina), si elles ne peuvent pas prouver que l’acte n’était pas consenti ».