Ahmed Ould Cheikh, directeur du journal Le Calame, écrivait il y a quelques jours un excellent éditorial intitulé: « Game is over », c’est-à-dire le jeu est terminé. Ahmed a sûrement raison. Seulement, ce jeu là, dont il est question, n’est fini que pour Mohamed ould Abdel AzIz, notre ex-président, et uniquement pour lui. Le reste de l’équipe et du régime sont toujours en place, avec leur jeu et leurs enjeux à l’UPR et ailleurs. On prend les mêmes et on recommence (et rebelote).
D’ailleurs et éternellement nos régimes ne sont qu’étêtés. La preuve; après son come back, Aziz n’a pas trouvé les foules et les partisans de l’UPR comme il les avait laissés il y a de cela seulement trois mois. Ils sont passés tout simplement de l’autre côté, du côté du nouveau président.
C’est triste. Mao Zedong avait dit une fois que plus l’ascension est grande, et plus la chute est terrible. Comprendre: que toute déception est proportionnelle aux degrés d’attachement et d’affectivité. La faute à Aziz, s’il y a faute, est qu’il a cru jusqu’au bout à son propre scénario et à sa propre vision des choses.
En cela il me rappelle étrangement l’histoire de l’hyène, qui, taraudée par les cris de ses petits affamés, leur désigna un endroit, où soi disant, ils y trouveront de la nourriture à profusion. Mais dès qu’elle les vit courir, elle s’est prise à son propre mensonge et elle s’est mise à leurs trousses pensant qu’elle avait raison.
L’hyène a cru à son propre mensonge. Aziz s’est pris à son propre jeu; donc à son propre piège. Il a tellement cru à « son UPR » qu’il a oublié que ce n’était que du bluff, et que les partis-Etat (comme leur nom l’indique) n’appartiennent qu’à l’État.
Les caractères ludiques des politiques en Mauritanie sont évidents et nous ne devrions jamais l’oublier.
Et « l’upr » d’Aziz, dans ce cas, ressemble au boomerang. Cette arme des aborigènes d’Australie, qui, quand elle est lancée et qu’elle n’atteint pas sa cible (l’objectif ), retourne instantanément à son expéditeur, et peut le blesser s’il ne fait pas attention.
Un autre intellectuel a écrit un article que je vous conseille. Ely Ould Krombele, c’est de lui qu’il s’agit, connaît bien les deux hommes pour avoir été leur ami pendant longtemps. Officier supérieur comme eux, ils étaient du même groupe et ils se fréquentaient. Ely Ould Krombele est sincère et droit, selon ceux qui le connaissent. Son témoignage est donc capital.
Dans son article » Quel gâchis !!! », publié dans Le Calame numero1185 du 04 Décembre 2019, il brosse des portraits saisissants des deux hommes. En fin psychologue et, connaissant bien les méandres des relations humaines, il a vu juste, et il n’a pas eu de difficultés à mettre le doigt sur le mal: « les antiviraux ingurgités par mon ami, son ami, n’ont pas eu d’effet sur les « virus »; ces agents pathogènes ambiants rencontrés cette fois à Londres, Paris, Madrid ou tapis à Nouakchott ». Tout a été dit ou presque.
Cette histoire d’hyène s’applique bien à Aziz et à l’UPR. Une autre illustre parfaitement l’état d’esprit de notre nouveau président Mohamed Ould El Ghazwani.
On racontequ’un jeune guerrier se trouvait sous un jujubier à la recherche de ses fruits, quand la jemaa de sa tribu est venue lui annoncer que leur choix s’est porté sur lui pour être leur Émir. Alors il leur intima l’ordre d’arracher l’arbre de dessus sa tête. Ils lui répondirent qu’il n’a qu’à sortir par le chemin qu’il avait emprunté pour rentrer. Sur quoi, il leur répondit: je suis rentré étant simplement moi-même, maintenant que je suis votre souverain, vous devez savoir, dés à présent, que les choses ont changé et vous devrez m’obéir.
Aziz, en bon militaire et ex-chef d’État, se devait d’écouter son ami et ancien compagnon (complice), devenu par son choix et par son concours, chef de l’Etat (donc chef de tous les Mauritaniens), et par conséquent chef de l’UPR, y compris, et surtout le membre, combien emblématique, dont la carte d’adhèrent porte le numéro 0001.
Dans ces histoires de pouvoir; il y a toujours un avant (le pouvoir) et un après, et AzIz le sait mieux que quiconque. Lui qui a vu défiler devant son portail et son bureau tout ce beau monde, en sollicitations et en courbettes. Et avant lui, devant ceux de Maaouya. Il devait dans son for intérieur les comprendre, s’ils défilent devant ceux de son ami de quarante ans et trois mois, nouveau président de la république.
Pour la plupart des Mauritaniens, malheureusement, peu importe l’occupant du palais présidentiel. L’important, c’est de défiler, et toujours défiler inlassablement devant le portail et le bureau du nouveau président. Et peu importent les chemins que ces différents présidents ont empruntés pour y arriver.