Loin de représenter un mouvement uniforme d’essence religieuse, le djihad sahélien résulte de l’agglomération de foyers insurrectionnels locaux construits sur des fractures sociales, politiques ou économiques – parfois très anciennes et qui ont sédimenté.
À l’heure où chacun s’interroge sur l’efficacité de la réponse antiterroriste au Sahel, il s’agit tout d’abord de s’assurer que le phénomène djihadiste au Sahel est parfaitement compris. Le djihad au Sahel est avant tout « glocal » et doit se comprendre comme résultant des interactions entre les dynamiques qui se jouent au niveau local et à une échelle plus globale.
Loin de représenter un mouvement uniforme d’essence religieuse, le djihad sahélien résulte de l’agglomération de foyers insurrectionnels locaux construits sur des fractures sociales, politiques ou économiques – parfois très anciennes et qui ont sédimenté. Avec l’extension des groupes djihadistes au centre et au sud du Sahel, loin de leurs bases historiques, cette dimension religieuse risque d’être encore moins perceptible à l’avenir. Elle laissera place à des formes de violence hybrides où autodéfense, rébellion et djihadisme se nourrissent les unes des autres.
Toutefois, la réponse apportée tant par les États que leurs partenaires internationaux semble en décalage avec cette réalité. Ils prônent une réponse purement militaire à un phénomène largement politique. En l’absence de réponse politique, les insurgés sont poussés à une radicalisation cette fois-ci bien réelle.