Le président de la Commission nationale des droits de l’homme, M. Mohamed Salem Ould Bouhoubeiny, a souligné dans un discours que la Commission est chargée constitutionnellement du suivi et du diagnostic des questions relatives aux droits de l’homme en Mauritanie et qu’elle assume l’entière responsabilité juridique et morale dans ce domaine.
Il a déclaré que quiconque tenterait de violer les droits de l’homme se verrait infliger les peines prévues par la loi mauritanienne, soulignant que l’arsenal juridique mis en place par l’État protège tous les individus et lutte de manière adéquate contre le phénomène de l’esclavage.
Voici l’intégralité du discours :
« Je voudrai tout d’abord, pour faire connaître la Commission Nationale des Droits de l’Homme, dire que c’est une institution constitutionnelle ayant un statut consultatif auprès du gouvernement et du parlement pour ce qui concerne la protection et la promotion des droits de l’homme. Elle constitue également un cadre national de concertation entre les institutions concernées par les droits de l’homme et les ONG actives dans ce domaine.
Après cette succincte présentation, je dois préciser que notre trouvaille d’aujourd’hui se fait à l’occasion du lancement d’une campagne de sensibilisation globale visant à cerner les données relatives à la situation en matière de droits de l’homme, à sensibiliser et à éduquer l’opinion.
Nous commençons cette campagne en soulignant que l’esclavage (qui est la forme la plus abjecte des violations des droits de l’homme) doit être éradiqué pour de bon.
En d’autres termes, nous devons tourner la page de l’esclavage de manière irréversible, en traitant tous les cas de servilité existants et en dépassant tous ceux qui s’avèrent relever de l’exagération.
La Commission Nationale des Droits de l’homme, en tant qu’institution constitutionnelle, comme souligné plus haut, est le principal organe concerné par cette problématique qu’elle prendra à bras le corps et qu’elle mettra à la tête de ses préoccupations à travers l’éveil et la sensibilisation des populations et à travers l’identification systématique des cas d’esclavages existants.
Cette caravane offre à la Commission l’occasion d’adresser une série de messages à l’ensemble des parties prenantes à cette question.
Le premier message est que désormais, quiconque tente de maintenir un citoyen comme lui sous le joug de l’esclavage assumera, seul, les conséquences de ce forfait. La volonté politique de l’État mauritanien, les institutions officielles chargées des droits de l’homme et les organisations de la société civile ne tolèrent plus de laxisme devant ce phénomène infamant qui s’érige en obstacle devant l’édification de l’Etat de droit. Il s’y ajoute qu’au cours de l’actuelle campagne et de celles qui vont suivre, la CNDH vulgarisera auprès de tous les Mauritaniens l’arsenal de lois et de conventions qui font que tout celui pratique l’esclavage commet un crime contre l’humanité et s’expose à des peines sévères dont nul ne peut le protéger.
Aujourd’hui, nous devons fouiner dans tous les recoins du pays pour dire à quiconque accepte l’esclavage ou y est contraint, qu’il est libre, qu’il dispose de tous les droits dont disposent les autres et qu’il est interdit à quiconque de le réduire en esclavage parce que les lois sont claires à cet effet, parce que les tribunaux compétents existent pour le protéger et parce que l’État a pris un train de mesures efficaces de nature à éradiquer cet odieux phénomène.
Par conséquent, l’État a fait ce qu’il doit faire. Il ne reste plus aux autres parties qu’à conjuguer leurs efforts et à travailler ensemble en parfaite harmonie au lieu de se rejeter mutuellement et de s’affronter.
C’est cela l’unique garantie de triomphe dans cette entreprise.
Les conditions ont, aujourd’hui, changé : nous ne sommes plus au stade de la lutte qui a déjà porté fruit en son temps ; non, nous sommes désormais à l’ère de l’action pour la promotion des droits de l’homme. Or, la meilleure approche en matière de droits de l’homme, c’est de travailler, la main dans la main.
Le deuxième message: c’est que tous les acquis, que nous avons signalés plus haut, ne peuvent être pleinement réalisés qu’avec l’accompagnement de l’administration, des magistrats, de la gendarmerie et de la police pour que les textes de lois ne demeurent pas lettres mortes. Ici, il convient de noter, avec une grande satisfaction, l’enthousiasme et la volonté des autorités, exprimés à travers leur présence à nos côtés au début de cette campagne et leur disponibilité à nous accompagner avec toujours plus de soutien.
La présence des autorités à nos côtés, leur disponibilité et leur enthousiasme sont importants parce que, à lui seul, l’arsenal juridique ne suffit pas, il faut qu’il soit rigoureusement appliqué et il faut que cette machine conçue et mise en marche par l’État pour lutter contre l’esclavage soit opérationnalisée et qu’elle fasse preuve de son applicabilité.
Le troisième message, c’est l’importance de la société civile qui est indispensable pour agir en synergie avec la Commission et les autorités administratives. À cet égard, nous voudrions exprimer nos sincères remerciements aux représentants d’organisations de défense des droits de l’homme, qui travaillent depuis longtemps dans ce domaine et qui ont sans doute de précieux acquis à leur actif, pour leur participation à nos côtés, à cette campagne des droits de l’homme. Et il ne fait aucun doute que ces organisations ont le mérite d’avoir pris part au progrès enregistré dans ce domaine.
Le quatrième message, c’est que la communauté internationale est décidée à accompagner ce dossier. C’est ce que nous avons perçu à travers la participation du Haut-Commissariat aux Droits de l’homme des nations unies et de la coopération allemande à cette caravane.
C’est une opportunité pour la CNDH d’exprimer ses sincères remerciements à ses partenaires étrangers, en particulier à l’Organisation des Nations Unies, à l’Union européenne, à la coopération espagnole et à la coopération française.
Nous nous félicitons de la nouvelle approche adoptée par la communauté internationale qui n’est pas venue pour donner des leçons, mais pour soutenir et aider.
En résumé, notre action, en tant qu’administration, en tant qu’institutions spécialisées, en tant qu’organisations et en tant que citoyens doit se faire suivant une nouvelle vision basée sur la convergence, sur le resserrement des rangs et sur la concertation, loin de la rivalité, de la discorde et des frictions qui ont marqué le dossier des droits de l’homme au cours des dernières décennies.
En vérité, il n’y a plus de raison à ce que le gouvernement soit une partie à part et que les organisations des droits de l’homme en soient une autre.
En tout état de cause, la Commission demeurera aux côtés des citoyens et à leur service pour bâtir un avenir radieux. Le climat général est prometteur et augure de bonnes perspectives.
La commission sortira à l’issue de la caravane avec une image claire et objective de la situation des droits de l’homme dans le pays et adressera ses recommandations aux autorités et à la communauté internationale.
Je déclare lancée la caravane des droits.
Nema le 20 Novembre 2019.
Me Ahmed Salem Bouhoubeyni,
Président de la Commission Nationale des Droits de l’Homme »
Source : CNDH