Après le lancement officiel, à Nouakchott, de sa campagne électorale, Biram Dah Abeïd a rallié, à bord d’un jet privé, Néma où en était prévue l’ouverture. Dès son arrivée à l’aéroport de la capitale de l’Est, Il y a été l’objet d’un accueil somptueux de ses partisans. Après ce bain de foule, le candidat est longuement ovationné tout au long du parcours le menant à son hébergement et c’est dans une liesse populaire qu’il a tenu, vendredi soir à Néma, un meeting devant la foule de ses sympathisants galvanisés, scandant son nom à tue-tête.
Le voici à prendre la parole, sous un tonnerre d’applaudissements. « Néma », commence-t-il, « est représentative, pour nous, des problèmes que vivent tous les Mauritaniens », avant de répertorier quelques-unes des difficultés que vivent la capitale régionale du Hodh ech-Charghi et toute la région. « L’élément haratine vit un véritable calvaire supplémentaire à Néma, en raison du népotisme et du clientélisme, instaurés et entretenus par le régime en place, pour organiser politiquement la société. Ce sont des dignitaires cooptés par le pouvoir pour leur propension à jouer les laudateurs et les faux témoins pour le parti-Etat. C’est via ces allégeances que le régime distribue des postes à ces valets qui portent la voix du mensonge, qui portent le message qui trompe le peuple.
Cette « élite » est composée uniquement de dignitaires maures haratines. Leurs cadres ne sont pas cooptés mais obligés de se courber en esclave politique pour les anciens maîtres qui sont, eux, cooptés. Ces cadres ne bénéficient que de subsides, pour les localités haratines totalement délabrées, sans aucun service de base (eau, électricité…) ». Et le candidat de mettre en relief le phénomène d’exclusion qui frappe, de plein fouet, cette composante sociale. Il évoque l’esclavage pur et dur, dénonçant « cette tare sociale toujours pratiquée dans cette région et protégée par l’Etat qui refuse de laisser fonctionner une justice indépendante vouée à réprimer l’odieuse pratique ». Biram réitère alors son engament à prendre des décisions fermes et rapides, dès sa prise de pouvoir, pour résoudre tous ces maux.
Puis il évoque la question des éleveurs. Il promet d’instituer un ministère de l’Elevage qui siégera à Néma. En plus d’un Haut conseil de l’élevage, Biram projette de mettre sur pied une agence chargée d’assurer l’éclosion d’une production industrielle de lait et de viande, fermement rentabilisée, fournir des emplois et rendre cette richesse de l’élevage beaucoup plus bénéfique pour les populations mauritaniennes. Agence et Haut conseil siègeront également à Néma.
Avant l’intervention du candidat, son directeur de campagne au Hodh ech-Charghi, Moulaye ould Messaoud, avait, avec d’autres orateurs, mis en exergue son programme électoral, vantant les mérites et la constance de Biram, dans son combat contre les injustices sociales et pour l’avènement d’une société juste et démocratique. Et tous les orateurs d’insister sur la nécessité d’élections transparentes.
Aïoun : Haro sur les leaders haratines
Nouveau meeting le samedi 8 Juin. Cette fois à Aïoun. Biram Dah Abeïd y a dézingué les présidents de partis et d’ONG haratines, « bras armés du régime », qui n’ont de cesse de le vilipender. Les qualifiant à nouveau de «laudateurs » et de « valets », Biram répète que ce sont les porteurs de la voix du mensonge et de messages qui trompent le peuple.
Sur cette lancée, c’est en les plus durs mots qu’il s’en prend au régime d’Ould Abdel Aziz, « à l’origine », dit-il, « de la marginalisation de toutes les couches populaires », estimant que « les Mauritaniens sont victimes de l’arbitraire et d’inégalités criantes ». Le candidat met à nu la politique exclusionniste du régime qui « a rejeté, durant toute une décennie, des composantes importantes, notamment celle des Haratines, à la marge de la sphère étatique et des rouages économiques ». Déroulant son programme électoral fondé sur la « renaissance du pacte social », Biram promet l’émergence d’une « société juste et égalitaire où tous les Mauritaniens se reconnaîtront ». Et de réitérer, en suivant, son intention de combattre l’esclavage et le racisme.
Il appelle les populations d’Aïoun, à l’instar de celles de Néma, la veille, à saisir l’occasion qui leur est offerte, le 22 Juin 2019, de matérialiser les aspirations des Mauritaniens à un changement pacifique, en votant massivement en sa faveur.
Kiffa : Exceptionnelle mobilisation en la populeuse capitale de l’Assaba
Retour vers l’Ouest, dans l’après-midi, jusqu’à Kiffa où c’est encore sous les tonnerres d’applaudissements de ses sympathisants qui ont afflué en masse, que Biram s’est engagé, lors d’un imposant meeting, à restaurer les fondements d’un Etat de droit, bâtir une société juste et égalitaire, une juste répartition des richesses du pays. Il s’est aussi engagé, en cas de victoire, «à rendre disponibles les services publics, inexistants en trop de localités de la wilaya, en raison de la mauvaise gestion et de l’iniquité des régimes précédents ». Biram a axé une bonne partie de son intervention sur la jeunesse, lui promettant des emplois, une formation professionnelle et des centres de loisirs. Et de fustiger, encore et toujours, le régime actuel coupable, à ses yeux, de pratiques esclavagistes, discriminatoires, excluant des franges importantes de la population, des secteurs vitaux de l’économie, notamment les banques, et de sa politique systématique, au cours de la décennie écoulée, à dresser les Mauritaniens les uns contre les autres.
Devant des militants enthousiastes, Biram développe les grands axes de son programme, soulignant combien le programme qu’il soumet aux Mauritaniens est innovant, centré sur le développement économique, culturel et social. Il appelle les électeurs à voter massivement en sa faveur, candidat issu des milieux pauvres des faubourgs de Nouakchott. Tout au long de son parcours entre Aïoun et Kiffa, passant par Tintane, Belwar et Fam Lekhdheiratt, le leader harratine se sera appliqué à démontrer que le seul motif de sa candidature est la «préservation des intérêts de la Mauritanie et la défense des laissés pour compte. […] J’ai fait le choix de mener le combat aux côtés des Mauritaniens, depuis l’intérieur du pays et non de l’étranger, contrairement à d’autres », citant son soutien sans faille aux orphelins et aux veuves. Il en a payé, se souvient-il, « le prix, en termes de séjours en prison, privations et autres tracasseries en tous genres. Mais rien de tout cela », répéta-t-il, « ne m’empêchera de déconstruire les fondements injustes de la société mauritanienne et sa reconstruction, sur de bases saines, loin de l’arbitraire et de l’injustice. Sur des bases où la couleur de la peau cesserait d’être cause d’exclusion ou motif de promotion, comme ce fut le cas durant les décennies écoulées », promettant «de toujours se ranger du côté des victimes, quelle que soit la couleur de leur peau ».
Commentant l’autodafé des livres de fiqh justifiant l’esclavage, Biram a rappelé que les autorités en place avaient fait répandre, jusque dans la Mauritanie profonde, des rumeurs selon lesquelles il avait brûlé le Saint Coran, poussant certains oulémas à réclamer sa mise à mort. « Mais, rapidement, la vérité se dévoila et il fut établi que le pouvoir avait mis à profit sa presse, ses réseaux, ses services et même les mosquées, pour diffuser ses thèses mensongères, racistes et esclavagistes ». Et d’ajouter que les chefs de tribus qui les exploitent, les valets du pouvoir et les oulémas qui ont prononcé la fatwa le traitant de mécréant, ne font que défendre des « livres négriers », perpétuant les pires pratiques esclavagistes.
Le candidat du « vrai changement » a convié les populations de Kiffa à se placer en « fers de lance de l’alternance » et à saisir l’opportunité qui leur est offerte, le 22 Juin 2019, de matérialiser les aspirations des Mauritaniens à un changement pacifique en votant massivement en sa faveur. Différents orateurs, notamment le directeur de la campagne en Assaba, s’étaient auparavant relayés au micro, pour vanter le programme électoral du candidat et son combat méritant pour l’avènement d’une société démocratique et juste, et pour dénoncer les maux dont souffre le peuple mauritanien résultant, selon eux, de la gestion gabégique du régime d’Ould Abdel Aziz. Sur la lancée des partisans du leader abolitionniste dans les deux Hodhs, ceux de l’Assaba ont également «appelé les Mauritaniens à sanctionner le candidat du régime qui espère perpétuer un système honni par l’écrasante majorité de la population ».
Tidjikja : Biram dénonce le bradage des ressources naturelles
Lundi 10 juin, C’était à Tidjikja que Biram s’employait à vilipender le régime de Mohamed ould Abdel Aziz qui a « ces dernières années, davantage enfoncé le pays dans la paupérisation extrême et accentué la déliquescence des services sociaux de base ». Sur cette la lancée, le candidat national indépendant n’a pas mâché ses mots pour dénoncer « le bradage des ressources naturelles du pays, le clientélisme et le népotisme [qui] ont atteint », dit-il, « des proportions inégalées et menacent la bonne gouvernance et font sombrer de plus en plus de gens dans la pauvreté ». Il évoque « les nominations sélectives, en Conseil des ministres, et autres promotions loin d’être fondées sur le mérite ou les qualifications ». Et de revenir, comme ailleurs, sur «l’assujettissement, l’esclavage et l’exploitation de l’homme imposés, des siècles durant, abusivement au nom de l’islam », rappelant « les prêches vindicatifs des imams appelant au meurtre », lors de l’incinération de livres de fiqh vantant l’esclavage.
C’était à pas de course que Biram avait rallié la capitale du Tagant, après avoir tenu des rassemblements populaires à Guérou, Tensigh et Nbeïka. Durant ces étapes où il a toujours été l’objet de somptueux accueils populaires, le candidat a, comme partout en son périple, déroulé son programme électoral et promis d’améliorer les conditions de vie des populations.
THIAM Mamadou
Envoyé spécial