Voici un extrait d’un rapport de Mai 2019 de la Fondation pour la recherche stratégique présidée par Hamed Moussa.
L’absence de confrontation électorale sur le terrorisme n’est pas surprenante, car ce thème n’a jamais été très présent dans le débat politique national. Cela s’explique d’abord par l’hypersensibilité, plus politique que culturelle, de tout ce qui touche à l’islam en Mauritanie. Les hommes politiques font profil bas.
Il y a ensuite le fait que le pays n’a plus connu d’acte lié à la violence religieuse depuis 2011. Enfin, dans l’opinion comme dans le monde politique, nombreux sont ceux pour qui le thème de l’extrémisme violent ne concerne que… les Occidentaux.
Libérable mais non libéré
Pourtant l’opinion mauritanienne ne cesse de se radicaliser. L’extrémisme religieux exerce une influence croissante sur le comportement et les actes et décisions du gouvernement. L’affaire du jeune blogueur Ould Mkhaytir illustre bien cet état de fait : condamné à deux ans de prison pour apostasie, durée déjà largement épuisée, il n’a toujours pas retrouvé sa liberté.
Dans une interview au journal « Le Monde » (en novembre 2018), le président Mohamed Ould Abdel Aziz reconnaissait l’impuissance de son gouvernement devant ce cas.
Une islamisation rampante
Ce n’est pas la seule manifestation de la complaisance du régime, tactique ou stratégique, envers les religieux. Celle-ci s’est, en particulier, traduite par l’introduction de l’instruction religieuse au baccalauréat national, la création d’une radio dédiée au Coran, une chaîne de télévision publique qui diffuse exclusivement les programmes religieux, la construction de mosquées au sein de tous les édifices publics, la rémunération d’Imams sur le budget de l’État… Le budget du ministère des Affaires islamiques atteint cette année près de 4 milliards d’anciennes ouguiyas (soit un peu plus de 100 millions d’euros).
14000 mosquées à Nouakchott
Le nombre des mosquées est estimé à plus de 21 000, dont plus des deux tiers à Nouakchott. Celui des écoles coraniques s’élève à 12 000. Mosquées et écoles reçoivent annuellement de larges subventions de l’État.
Ces établissements développent pourtant un discours religieux pour le moins violent. Certaines parmi elles fêtent souvent les attentats terroristes au vu et au su de tout le monde. Et développent un discours de haine et d’exclusion.
Face à cette situation, ou plutôt cette bombe à retardement, on constate une démission totale de la classe politique de tous les bords. Quel que soit le vainqueur de la prochaine élection présidentielle.
Tout porte à croire qu’un changement n’interviendra pas de sitôt dans le traitement de ce dossier.
La redaction de Mondafrique