La société civile mauritanienne a fait éclaté son courroux lundi 29 avril dans les rues de la capitale pour défendre l’égalité d’accès aux droits sociaux, politiques et économiques des Haratins. Ces descendants d’esclaves noirs – amenés des régions subsahariennes par les marchands arabes ou berbères, ou issus de la période d’esclavagisme du monde arabo-musulman – sont effet largement marginalisés par les élites locales.
Dans les faits, cette manifestation avait reçu l’aval du gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz, pourtant généralement “peu “avenant” lorsqu’il s’agit d’aborder la problématique de l’esclavage, véritable chimère du pays.
En conséquence, les participants ont défilé sans heurt particulier pour dénoncer une injustice historique. Un dénouement que n’a pas manqué de souligner auprès de Xinhua le député El Id Ould M’Barek, dirigeant du mouvement à l’origine de la manifestation.
« Le public issu de toutes les composantes de la société a pris conscience de l’urgence de la question des droits des Haratins pour prendre part à cette marche qui constitue en soi, un message d’espoir, de sérénité pour une Mauritanie réconciliée avec elle-même », s’est ainsi félicité l’intéressé.
Une politique étatique à deux vitesses
Pour information, la position de Nouakchott en la matière peut laisser perplexe puisque outre son abolition en 1981, l’Etat a également érigé l’esclavage au rang de crime contre l’humanité en vertu d’une loi votée en août 2015. Un texte sensé sanctionné “les contrevenants” à des peines pouvant aller jusqu’à 20 ans d’emprisonnement, contre 5 à 10 ans auparavant.
Pourtant, dans les faits, près de 43 000 personnes en subissaient encore les conséquences ces dernières années, soit environ 1% de la population totale, souligne un rapport d’Amnesty International.
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Source : Le Monde Arabe