« A l’évidence, constate Ledjely, le souffle contestataire qui a emporté Bouteflika n’en avait pas qu’après l’Algérie. C’est du moins ce que nous incitent à penser les événements qui font l’actualité respectivement au Soudan et en Libye. Comme en Algérie, le Soudan est secoué par des manifestations dont les meneurs, décidés à chasser Omar el-Béchir du pouvoir, font preuve d’une audace sans précédent.
Ce, parce qu’ils en ont marre des multiples restrictions de leurs libertés et surtout du marasme économique qui étrangle l’immense pays.
En Libye, poursuit Ledjely, la situation, qui n’est pas sans rappeler le rôle trouble que la communauté internationale y a joué pour se payer la tête de Kadhafi, la situation est quelque peu différente. Là, c’est Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est-libyen, avec l’incompréhensible soutien de certains grands acteurs de la communauté internationale, qui est sur le point de marcher sur Tripoli, la capitale. Avec un agenda que personne ne maîtrise. »
Libye : Haftar soutenu notamment par la France ?
En effet, croit savoir le site guinéen, la France, l’Egypte, les Emirats arabes unis ou encore la Russie soutiennent Haftar.
« Même s’ils ne le disent pas officiellement, ces pays misent davantage sur le général et sur son armée nationale libyenne que sur le Gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj que soutient pourtant l’ONU. Ainsi, la spectaculaire progression des troupes du général dissident en direction de la capitale libyenne ne serait pas étrangère à du ravitaillement en armes qu’il recevrait notamment de la France, affirme Ledjely, où il peut compter sur un inconditionnel en la personne de Jean-Yves Le Drian (le ministre des Affaires étrangères). C’est à croire que Macron ne s’est pas instruit de l’expérience de ses prédécesseurs. »
En tout cas, estime Aujourd’hui au Burkina, « la Libye post-Kadhafi frôle le chaos et si Haftar ne tend pas une oreille ouverte à l’Union européenne qui lui demande de surseoir à son équipée tripolitaine, ce sera le cas. »
Soudan : le début de la fin pour Béchir ?
L’Observateur Paalga, toujours au Burkina, s’attarde sur la situation au Soudan… « Le glas a-t-il commencé à sonner pour le président Omar El-Béchir ?, s’interroge le quotidien ouagalais. Il est peut-être encore trop tôt pour se prononcer de façon péremptoire. Mais ce qui s’est passé hier à Khartoum montre à quel point le régime vieillissant est particulièrement fragilisé. » En effet, précise L’Observateur Paalga, « il y a peu, cela eût été inimaginable : un accrochage est intervenu entre les forces de sécurité, qui voulaient disperser les manifestants qui occupent depuis plusieurs jours une place de la capitale, et l’armée. On a même assisté à des scènes de fraternisation entre la foule et les soldats qui faisaient ensemble le V de la victoire. »
Et L’Observateur de s’interroger : « à l’image de l’armée algérienne qui a fini par épouser la cause des insurgés pour pousser Abdelaziz Bouteflika à la sortie, les militaires soudanais ont-ils donc trouvé eux aussi leur Ahmed Gaïd Salah ? »
Algérie : Bensalah président par intérim ?
Ce qui nous amène à la situation en Algérie… Etape importante ce mardi : une semaine après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le Parlement se réunit ce matin à Alger. Députés et sénateurs doivent officialiser la vacance du pouvoir et nommer un président par intérim.
Et, croit savoir Le Matin, « contrairement à toutes les supputations lues et entendues ces derniers jours, Abdelkader Bensalah sera bien l’homme qui conduira par intérim les affaires de l’Etat pendant 90 jours en vue de la préparation de la présidentielle. (…) A la tête du Conseil de la nation depuis 2002, Abdelkader Bensalah a les faveurs de l’Armée qui voit en lui l’homme de la situation. Pourtant, relève encore Le Matin, c’est un des fidèles du clan Bouteflika, aujourd’hui décrié par le mouvement populaire. A ce titre, il y a lieu de savoir quelle sera la réaction de la rue (…). »
Pour El Watan, il ne fait guère de doute que « les Algériens ne manqueront pas d’envoyer un message fort vendredi prochain quant à leur volonté de voir le départ de tous ceux qui incarnent le système et que tous les verrous doivent absolument sauter. »
Par Frédéric Couteau
Source : RFI Afrique