Va-t-il se soumettre à l’obligation de déclaration de son patrimoine et édifié l’opinion sur ses avoirs en quittant le pouvoir? Deux bloggeurs sont en prison depuis quelques jours pour avoir évoqué une prétendue affaire de gel de deux milliards d’ouguiyas aux Emirats Arabes Unis pour le compte de l’entourage du président.
Une affaire que le président a niée du revers de la main avant que le parquet ne subroge à lui pour emprisonner ceux qui sont censés l’avoir «diffamé », même si dans les faits, les deux bloggeurs n’ont fait que reprendre une information distillée par des médias étrangers dont Al Jazeera.
Le président dont le traitement mensuel était de 7 millions d’ouguiyas a gouverné 10 ans. Même s’il n’est pas réputé généreux, on peut concéder qu’il a pu mettre de côté après dix ans de fonction un petit pactole personnel. Mais là où le président est souvent attaqué, c’est surtout en relation avec ses prétendus investissements (lui et sa famille).
Le président avait une fois déclaré à Nouadhibou n’avoir qu’une brigade hydraulique avec une à deux citernes d’eau. Dix ans pourtant que le président Aziz est attaqué de toute part sur la constitution d’une fortune colossale. Et ce n’est que la partie visible des accusations souvent portées contre lui par l’Opposition et qui ont profondément marqué son image auprès de l’opinion publique.
Aujourd’hui alors qu’il se prépare à quitter le pouvoir, le président Aziz gagnerait à respecter la loi 2007-054 du 18 septembre 2007. La loi oblige le président à déclarer périodiquement de son patrimoine. L’article 2 de ladite loi dispose expressément en la matière que : «Le président de la République, après son investiture et à la fin de son mandat, fait une déclaration de sa situation patrimoniale et celle de ses enfants mineurs. Chacune de ses déclaration est rendue publique ».
Cette déclaration est faite devant la commission pour la transparence de la vie publique que préside le président de la Cour des Comptes. On se souvient encore du tollé suscité par la réponse du président après son élection en 2014 prétextant que le magistrat l’avait soustrait à cette obligation ; De quoi alimenter encore une vive polémique sur les velléités de transparence sur ses biens.
La déclaration de patrimoine porte, faut-il le rappeler, sur une déclaration exhaustive des biens immobiliers, des actions, des obligations, des titres de valeurs mobilières (et leur fructifications) détenus par le président de la République et tous les responsables de l’Etat concernés par la loi. Il s’agit entre autres du premier Ministre, du président de l’Assemblée nationale, des membres du gouvernement, des hauts fonctionnaires de l’Etat mais aussi les Hauts gradés de l’Armée, et leurs progénitures.
Beaucoup d’interrogations fusent donc ces derniers jours sur l’attitude que va adopter le président sortant pour faire patte blanche devant ses concitoyens et peut-être même mettre fin à toutes les supputations sur la question.
Une éventualité peut-être trop optimiste sachant que depuis 2010, la Commission nationale de transparence de la vie publique ne s’est fait l’écho d’aucune déclaration se murant derrière un blackout total sur les avoirs de ceux qui nous gouvernent.
Pour la petite histoire, seul Messaoud Ould Boulkheir, acculé par les journalistes, avait publiquement fait état de ses avoirs lors d’une conférence de presse. Aziz lui emboitera-t-il le pas ? That’s the question. S’il le faisait, il donnerait en tout cas un bon exemple pour tous les candidats qui prétendent le remplacer.
Jedna DEIDA
Source : Le Calame (Mauritanie)