Dans le cadre des festivités marquant la célébration, le 8 mars 2019, de la fête internationale des femmes, l’Association «J’aime Lire » a organisé une conférence débat à l’Institut Français de Mauritanie (IFM).
Une occasion qui a permis aux hommes de s’exprimer sur la situation de la femme mauritanienne dans le domaine de la santé de la reproduction et de l’éducation. Quatre panélistes se sont exprimés dans ces domaines précis devant un public dominé par la présence massive des femmes.
D’emblée Madame Houleye Kane, présidente de l’Association «J’aime Lire» a indiqué que «la femme est le présent qui construira notre avenir» en ce sens qu’elle est parvenue à «réduire le fossé des possibles qui le séparait des hommes» et ce, grâce aux nouvelles technologies.
Toutefois, Mme Kane a souligné que la productivité des femmes africaines est sous-évaluée dans la mesure où ces dernières sont victimes de préjugés et de stéréotypes, corolaires de considérations religieuses et culturelles.
Ce qui en ses yeux constitue, «un paradoxe» eu égard à ses capacités de productivité et de transformation. En dépit de ces entraves, elle a invité aux hommes à reconnaitre que «l’entreprenariat féminin est un des plus importants au monde» même s’il est circonscrit à des revenus de subsistance.
Pourtant, note-t-elle, «8% du PIB du continent vient du numérique». Ce qui fera dire à Mme Kane que «les femmes doivent se saisir des opportunités qu’offrent les NTICs afin de nous propulser dans un monde beaucoup plus ouvert et davantage concurrentiel». Elle a ainsi appelé les décideurs politiques à la mise en place de mécanismes incitatifs pour «réduire le gap numérique entre les femmes et les hommes». Elle a cité des exemples d’œuvres salvatrices de femmes mauritaniennes qui ont déjà posé les jalons d’un développement harmonieux grâce au numérique.
Néanmoins, indique Houleye, «l’apport du numérique ne doit pas faire oublier la persistance d’une réalité discriminante dont est victime beaucoup trop de femmes » telle que le mariage précoce des femmes avant 18 ans, l’excision et la déperdition scolaire à partir du collège.
Cependant, malgré ces discriminations, certaines femmes mauritaniennes se sont distinguées dans des domaines variés à l’image de l’ancienne ministre Aïssata Kane, de l’avocate Me Fatimata Mbaye et de deux premières co-pilotes de ligne dont Maimouna Haida. Selon Mme Kane, cela a été le fruit de la ténacité, de l’abnégation et du sens de l’engagement de ces femmes.
Toutefois, elle a reconnu l’apport des hommes en ce sens qu’il a toujours existé une complémentarité soutenue entre hommes et femmes, constituant ainsi des soupapes d’une société juste, égalitaire et apaisée.
Auparavant, l’artiste rappeur Cheikh Sidi Diagne dit Mister X, a gratifié le public de proses élogieuses pour magnifier ces mères qui sont disparues sans jamais vivre l’amour, l’affection de leurs progénitures.
Un récit qui retrace les prouesses, l’élégance, l’endurance, l’abnégation et la ténacité des femmes sous les ovations du public visiblement acquis à la cause des femmes en ce jour mémorable de celles qui ont laissé leur vie en donnant la vie. Tout comme il n’a rien laissé pour extérioriser les sévices subis par les femmes, «ces reines, ces braves dames infatigables mais prises sous le feu de l’insouciance des hommes», exalte-t-il.
Les hommes nous parlent …
Ils étaient quatre hommes et non des moindres à s’exprimer sur la situation alarmante des femmes aux plans sanitaire et éducatif. Si le Dr Abdallah Bouhabib, coordinateur du programme de lutte contre le tabac en Mauritanie a fait l’exposé sur les méfaits de l’usage du tabac sur la santé des femmes, car, plus de 8 millions de personnes meurent par an, ses co-panélistes Dr Abdallah Diombar Dieng et Aliou Abdoul Diop ont mis l’accent sur la santé de la reproduction (SR).
Sur ce plan, Dr Dieng a indiqué qu’en Mauritanie, 16 femmes meurent par semaine en donnant la vie. La plupart de ces femmes sont victimes de fistules obstétricales, d’excision, de mariages précoces, de viol etc.
Il a ainsi mis l’accent sur les méfaits liés à la SR invitant les pouvoirs publics à mettre en place des services de santé publique dans tout le pays pour limiter ou réduire les dégâts. Son collègue Aliou Abdoul Diop, a souligné la nécessité de vulgariser la politique d’espacement des naissances qui doit être une des priorités de développement en Mauritanie.
Pour sa part, Mr Ciré Camara, éducateur culturel, conteur et acteur de la société civile a quant à lui, souligné l’organisation par sa structure, d’activités dédiées aux femmes qui parfois n’ont jamais été à l’école et ce, dans toutes les langues nationales. Mais aussi l’organisation de festivals de contes chaque année avec la participation d’établissements scolaires sous forme de concours culturels.
D’autres intervenants ont également parlé de la situation de la femme mauritanienne et africaine de façon générale. Le public a eu droit à poser des questions aux panélistes qui ont apporté des réponses en rapport avec leurs exposés. Ainsi, grâce à l’IFM, la célébration de la journée de la femme en ce 8 mars, a été riche en activités, son et lumière au profit d’un public venu nombreux accompagner les femmes à l’occasion de cet évènement planétaire.
I.Badiane
Source : Journal Tahalil (Mauritanie)