La dialectique du maître et de l’esclave : le cas spécifique de Biram Dah Abeid

La dialectique du maître et de l'esclave : le cas spécifique de Biram Dah Abeid

Le grand philosophe allemand Georg W F Hegel, précurseur de Karl Marx dans une certaine mesure, nous a légués des écrits très intéressants sur la dialectique du maître et de l’esclave. Des écrits encore d’actualité car il s’agit d’un récit analytique de l’histoire humaine.

Et puisqu’il n’ y a sur notre planète autre sujet plus important que l’être social déterminé par sa conscience et sa condition, nous serons en mesure d’affirmer que notre pays la Mauritanie est un réceptacle fertile à la compréhension de la dialectique du maître et de l’esclave, eu égard à son histoire. Parce que Hegel dans sa dialectique se base sur la thèse paradoxale selon laquelle le travail aliéné de l’esclave est aussi la voie de sa libération.

L’esclave, par le produit de son travail, peut renverser le rapport de domination pour se retrouver dans l’accomplissement du monde, à savoir l’égalité, selon le philosophe allemand du 19éme siècle. Mais l’on doit s’interroger, pourquoi certains maîtres s’attachent à l’idée d’avoir des esclaves même si ces derniers ne travaillent plus pour eux, ou ne sont plus sous leurs toits?

Aussi pourquoi certains haratines en Mauritanie, dont Biram Dah Abeid, le président de l’IRA acceptent-ils encore de conserver de relations tacites voire décomplexées d’assujettissement d’avec leurs anciens maîtres, au point de compromettre ou d’aliéner davantage leur libre-arbitre? Biram Dah Abeid est-il vraiment le hartani aux idées salvatrices ou cultive-t-il cette ambiguïté démagogique dont les recettes, surtout matérielles ne bénéficient qu’à lui et sa famille nucléaire, comme d’ailleurs tant d’autres descendants d’esclaves aussi manipulateurs que le président de l’IRA-Mauritanie ?

 

A/ BIRAM DAH ABEID : populiste ou opportuniste, voire….les deux mon capitaine ?

Son cœur bat plusieurs dizaines de pulsations par minute comme un marathonien kényan dans sprint final. Et surtout quand les démons le poussent à narguer son vis à vis. Son débit vocal logorrhéique va plus vite que celui d’un griot mandingue( le Mandingue dont il se dit originaire) chantant les louanges de qualité de son prince bien-aimé. Ce qui fait également la force de Biram Dah Abeid, c’est sa maîtrise du Hassanya, un dialecte dont la sémantique doctrinale est dérivée de l’Arabe, une langue riche en vocabulaire.

Sur cette portion du globe, que ce soit chez les Maures ou les Peuls, le verbe est roi, et celui qui le manie bien comme le brillantissime griot maure Sedoum Ould Ndjartou, sera craint, comme on craint encore de nos jours le sorcier du village. Quand Biram étale sa synonymie de mots au bout de deux ou trois phrases, les visages des Maures se crispent, deviennent pâles, soit pour admirer une verbosité incoercible, soit pour condamner une sémantique ignominieuse. Une auto-flagellation. Biram en parlant hassanya, ne laisse jamais indifférent et il l’a compris, lui qui a baigné dans la culture de l’Iguidi, berceau de la culture maure.

Le grand stratège chinois Sun Tzu dans un manuscrit (l’Art de la Guerre) a dit avant Biram: » apprends à connaître ton ennemi, un ennemi connu est à moitié vaincu ». Les Maures sont déjà subjugués par les mots, malgré les maux dont ils sont l’objet de la part de Biram Dah Abeid. Jusqu’au jour où ils diront: trop c’est trop et ils sauront comment transformer Biram l’impulsif en un « Oncle Tom », docile et empathique.

Si Biram a rehaussé l’auditoire de la conscience humaine quant à la lutte contre les inégalités, particulièrement contre l’esclavage en Mauritanie d’un autre côté, il ne fait pas l’unanimité autour de sa personne, de l’autre côté . Or pour la bonne cause, l’opinion est plus portée sur le comportement, le charisme de celui qui véhicule cette cause que le contour et la trame de la cause elle-même. Pourquoi aime-t-on l’américain Martin L King, l’indien Mahatma Gandhi ou le sud-africain Nelson Mandela, qui étaient eux aussi des chantres des droits de l’Homme, partisans d’une sagesse et d’une non-violence remarquables? Ceux-là n’ont jamais insulté, vilipendé, ni accusé à tort etc…

 

B/ Au commencement était l’Etat mauritanien

Le conflit est inhérent à la condition humaine, c’est d’ailleurs le moteur de la société. Toutes les personnes éprises de justice doivent lutter contre les inégalités, surtout les séquelles de l’esclavage en milieux maure et négro-mauritanien. C’est le devoir de tout homme de progrès, de tout musulman d’ailleurs. Mais les pratiques ostentatoires, radicales qui prônent l’ « explosion communautaire » constituent des manœuvres abjectes, objectes elles-mêmes d’un racisme latent.

Si Biram Dah Abeid pousse à la guerre civile, qu’il sache qu’elle n’aura pas lieu et c’est tant mieux pour lui, il pourra consommer ses centaines de millions d’ouguiya amassés en Mauritanie et à l’extérieur du pays. Car le contraire risque de lui faire traverser le fleuve Sénégal, si d’ici là, il ne serait pas parmi les premières victimes tombées sous les premières balles..

L’explosion communautaire et ses conséquences risquent d’être désastreuses pour les sirènes des « milles collines ». Les vrais négro-mauritaniens resteront sur la rive droite en bons citoyens, les haratines loyalistes resteront dans leurs adwabas ou leurs ensembles tribaux, ou dans leurs maisons. Et tous ceux qui auront pris les armes pour casser du « beidane » (comme ils ont l’habitude de le dire) seront éliminés. Si l’anarchie venait de s’installer alors cela aiguiserait l’appétit des algériens par le Polisario interposé. Les marocains essayeront d’occuper à leur tour notre capitale économique, sous le prétexte de sécuriser Laguera.

Aussi les 40 milles combattants du Polisario, jadis l’arme au pied, bougeront dans le but d’aider leurs « cousins « maures mais feront surtout le jeu du protecteur algérien. Ces Sahraouis envahiront Bir Moghrein, Zouérat, avanceront jusqu’à Atar, Akjoujt. Car l’Armée mauritanien sera occupée à combattre les djihadistes, les séparatistes, les flamistes, les Biramistes etc…Et quand les gens apprendront que les Rgueibatt ne sont qu’à quelques encablures de Nouakchott, tout le monde traversera le fleuve et se réfugiera au Sénégal voisin.

Chaque tribu maure sécurisera son fief, et les anciennes alliances ressusciteront. Le sang coulera à flots, la famine, les maladies, la précarité verront le jour, et les plus touchés seront surtout les haratines. Voilà ce que veut en définitive Biram Dah Abeid, en cas d’explosion communautaire. Un fauteuil présidentiel tout de suite ou à défaut un programme macabre.

La guerre civile n’est dans l’intérêt de personne, surtout les haratines car ce ne sont pas les muscles qui priment, mais plutôt l’armement, en plus de l’intensité et surtout du prolongement du conflit. On sait quand un conflit commence, mais ignore quand il va cesser.

Tout ce scénario(bien sûr fictif) pouvait ne pas être mis sur la table si l’Etat mauritanien n’avait pas permis l’ascension fulgurante de Biram Dah Abeid. A défaut de candidats de l’opposition lors de l’élection présidentielle de 2014, le pouvoir a incité, encouragé Biram à candidater pour « crédibiliser » le scrutin.

Biram passait tout son temps à insulter les « beidanes » sans qu’un seul puisse porter plainte contre lui. L’homme s’est cru intouchable voire indispensable au microcosme politique mauritanien. Il faut savoir que toute chose a une fin, et la fin(faim) du leadership de Biram s’amorce. Car il ne sert plus la cause des Haratines, mais roule pour son propre compte(bancaire).

 

C/ La Chute inattendue

Les Soninké disent « kota kota Baba nawari, lenki Baba….. » et les maures prétendent que les « youyou » de la mère du cambrioleur ne sont pas intarissables. Ces adages qui signifient que toute chose, surtout malsaine a une fin. Biram a vilipendé, injurié, insulté, et enfin diffamé. Il a accusé à tort le président du parlement mauritanien, le général Mohamed Ould Meguett d’avoir assassiné feu le lieutenant Tambadou, comme s’il était présent.

Tous ceux qui connaissent cet homme savent qu’il lui est impossible de tirer à bout portant sur un individu comme Tambadou, qui était inoffensif.. Qui a assassiné cet officier, ça se saura le jour où il y aura un tribunal? Avant on ne doit ni accuser, ni diffamer l’Armée comme l’a fait Biram, ce, devant le ministre de la défense. L’Armée ne peut être responsable de l’agissement de quelques cas isolés de bavure, perpétrés par quelques militaires. Cela n’engage que ces quelques militaires qui ont commis ces bavures. Le ministère de la Défense devrait porter plainte contre Biram Dah Abeid. Mais il ne l’a pas fait , pourquoi?

Parce que jusqu’à présent le Maure blanc a toujours tendance à vouloir infantiliser les agissements des Haratines, soit par culpabilité historique, soit par condescendance déplacée. Nous sommes désormais dans un Etat moderne et c’est le droit pour tous qui en est l’expression ultime. Et c’est cette attitude qu’a exprimée le président de l’UFP, et son staff, Mohamed Ould Mouloud, lorsque Biram a accusé son parti d’avoir empoché une donation du banquier Mohamed Ould Bouamatou, estimée à 500 millions d’ouguiya. Ould Mouloud a saisi cette diffamation pour porter plainte contre Biram Dah Abeid.

L’affaire qu’on ne peut commenter est entre les mains de la justice mauritanienne. Et Biram, s’il est reconnu coupable, risque une condamnation qui pourrait l’empêcher de se porter candidat à la prochaine présidentielle de Juin 2024. Il faut encourager des citoyens comme Mohamed Ould Mouloud et son ami, l’avocat Gourmo Lô qui incitent à la manifestation de la justice dans notre pays. Si Biram parle de manière récurrente de justice pour tous, son égo surdimensionné doit prendre garde au retour de manivelle./.

Le 14 mars 2024
Ely SidAhmed Krombele
Tiré de Cridem