Le Président, l’Ex-Président, face à la Mauritanie et à son rêve de Justice

Le Président, l’Ex-Président, face à la Mauritanie et à son rêve de Justice   Je réfléchi depuis quelques temps, j’essaie de comprendre hier, maintenant et demain. Parce que je voudrai réfléchir en bon musulman, j’essaie de donner à chacun ce qui lui revient.

L’Ex-Président n’en déplaise aux deux extrêmes, de ceux qui lui renieraient jusqu’à son humanité et de ceux qui l’avaient soutenus, sans réserve, au point, parfois, dans l’euphorie et l’exaltation, de le déifier, a fait de bonnes choses, des choses moins bonnes et peut être aussi des choses pas bonnes. L’instruction en cours, si elle devait être menée en respect des textes et des droits de chacun, nous le dira avec force détails.

Cet Ex-Président mis en cause avec une partie de son équipe, pour une partie de leur gestion passée de la chose publique a engagé des dizaines de chantiers dans les secteurs des infrastructures routières, des aéroports, des ports, énergie, de la pêche, des mines, de l’habitat, de l’éducation, de l’administration, des forces armées, des services de sécurités, des relations extérieures, enfin, dans beaucoup de domaines.

Pour dire la vérité, il n’a pas, toujours dormi depuis qu’il a pris le pouvoir, pour se le donner ensuite, avant de croire et de vouloir faire croire qu’il allait le donner pour se le faire redonner.

Ici nous parlons de politique, la politique qui fait le droit.

Nous sommes dans une situation toute particulière. Notre pouvoir né d’une alliance civilo-militaire ou militaro-civile dont les caractères dominant et récessif alternent au gré des gouvernements, qui se transmettent, sans faute, le pouvoir par la procédure du gré à gré civil et parfois militaire, selon les circonstances et les époques.

Il y a eu au début, un pouvoir civil imposé par la puissance coloniale, une démocratie presque monarchique. Ensuite, une succession de coup d’Etat militaires. Et puis vint Mouawiya SID’AHMED TAYA qui eut le génie, après son coup d’Etat militaire contre Haidalla, et se projetant dans la durée de nous apporter cette forme de gouvernement civil d’origine coudétatique, sous lequel nous vivons depuis 1993. Une forme de gouvernement bien bonne, qui rappelle aux militaires que le pouvoir est civil et rappelle aux civils que le pouvoir est militaire.

Les pouvoirs qui se sont succédés se passait se mettaient successivement à l’écart sans soulever de vagues. L’impunité était la règle et le fameux AFA ALLAHOU ANN MA SALAF venait absoudre tous qui auraient été tentés par l’argent public. Les nouveaux détenteurs du pouvoir, pressentant qu’ils feraient à moyen ou long terme partie du MA SALAF (appartient au passé), s’empressaient d’absoudre les fautes présumés de leurs prédécesseurs ou les ignoraient platement. Ils ne voulaient surtout pas faire quelque chose qui puisse perturber la fête.

Cette donne est semble-t-il en train de changer.

Depuis quelques temps, les mauritaniens sont préoccupés, par un événement majeur qu’ils n’auraient jamais imaginé voir se réaliser sur leur sol. Le sujet est de taille : Un Président de la République (devenus pour l’occasion monochromes), la Mauritanie et son rêve de justice. Le rêve d’une juste justice. Je le précise, parce que la justice pour les uns n’est plus la justice pour les autres et l’idéal de justice s’est fragmenté sur le dur rocher des passions pour devenir pluriel : les justices. Oui, c’est dans l’air du temps, les mots, aussi, se rebellent, ils veulent changer, avoir un autre sens, changer de genre, faire disparaître les différences, supprimer le féminin et le masculin, devenir libres et sans attaches avec la réalité, avec cette réalité elle, aussi, rebelle aux mots, qui ne la traduisent que très imparfaitement, le temps d’un discours ou le résultat déjà connu, commande l’approche et guide le raisonnement.

L’Ex-Président, qui a marqué, très fortement, la vie des mauritaniens en bien ou en mal, dirait chacun, en fonction de sa position, de ce qu’il a appris ou supposé, de son sentiment ou de son ressentiment, est l’objet de poursuites pour des accusations qui vacillent entre l’abus de pouvoir, le détournement des deniers et biens publics, l’abus de confiance, la violation de la loi, la violation des règles du code des marchés publics, le népotisme…etc. Et si l’on pouvait trouver quelque chose qui y ressemblerait, il serait, aussi, poursuivi, pour haute trahison. Les chefs d’accusation pourraient s’étendre à l’infini. Cela ne dépend que du Ministère Public, qui fait preuve d’économie en toute chose sauf en matière de chefs d’accusations, qui sont l’unique produit qu’il a su entretenir et développer sur le marché de la justice.

Comme « l’argent appelle l’argent », «le mal, aussi, appelle le mal ». C’est bien écrit dans les nobles versets du SAINT QURAN : « Quant à celui qui donne, fait preuve de droiture et croit à la vertu des bonnes œuvres, nous lui rendront les choses faciles. Quant à celui qui fait preuve d’avarice, de suffisance et qui ne croit pas a la vertu des bonnes œuvres, nous lui rendront les choses difficiles. ». « فأما من أعطى واتقى(5) وصدق بالحسنى (6) فسنيسره لليسرى (7) وأما من بخل واستغنى (8) وكذب بالحسنى (9) فسنيسّره للعسرى (10)  » صدق الله العظيم و بلغ رسوله الكريم صلى الله عليه وسلم.

Nous avons vu et entendu que l’Ex-Président a été convoqué, interrogé, gardé à vue, libéré…. Des ministres dont certains ayant encore en charge de grands services publics ont été écoutés, sont revenus à domicile et continuent à fonctionner (par leur maintien en fonction).

Le scénario ressemble à une partie d’échec, les pièces n’intéressent l’adversaire que dans la perspective de gagner par un échec et mat. Pour un excellent joueur la partie pourrait être gagné des les premières échanges d’hostilité. Tout cela dépendra des adversaires en ligne et de leurs capacités à se soumettre ou à se soustraites aux règles du jeu.

Ces procès contre le l’Ex-Président et ses ex-collaborateurs, ses hommes d’affaires et soutiens civils et militaires, composés de la majorité des mauritaniens, politiquement, actifs pourrait démarrer avec la rapidité de l’éclair ou se transformer en course de tortues. Des procès comme ceux qui ont défrayé les chroniques de la presse ces dernières décennies. De l’assassinat de Harir au Liban, au procès des islamistes en Égypte, de certains leaders Serbes, des chefs d’Erat africains déchus, des procès interminables ou la force et le compromis finissaient toujours par avoir raison du droit et de l’esprit de la Justice. Nous aurons peut-être droit à un long feuilleton ou la partie civile et les accusés changeront de rôles, se confondront parfois. La résistance sera, aussi, acharné que l’attaque.

Le temps passera, alors, et le premier mandat présidentiel touchera à sa fin. L’approche des élections pour le second mandat, imposera soit une accalmie qui pourra adoucir les mœurs le temps, de recharger les batteries pour un autre quinquennat, soit une surenchère ou tout les armes (civiles) seront utilisées pour gagner la partie. Le pouvoir n’aura plus, alors, que deux alternatives :

1. trouver un compromis avec les proches de l’Ex-Président, ceux qui auraient engrangé de quoi saliver la foule des électeurs et des souteneurs, majoritairement affamés et prêt à essaimer autour de tout ce qui pourrait suinter des mains, des détenteurs du pouvoir et de l’argent.

2. Durcir les attaques par une instrumentalisation de la justice habitué depuis les premiers jours de son existence à être un instrument utilisé par l’exécutif et malléable à volonté. Le pouvoir aura, alors, à faire face à un Biram DAH ABEID qui n’hésitera pas à faire partie de tout cortège opposé au régime à n’importe quel régime , à une CVE qui cherche encore à s’affirmer contre les discours et visées particularistes qui la tiraillent, et aux soutiens politiques, sociaux, économiques, financiers, de l’intérieur et de l’extérieur de l’Ex-President. Tout cela ajoute à l’ex-opposition non dialoguiste et l’opposition dialoguiste et dialoguiste qui pourrait se convaincre in-extremis d’abandonner le navire et de s’accrocher à tout ce qui flotte autour. Le lot trouverait, inévitable de la matière première dans les éternels laissés pour compte dont le nombre grandit et qui ne se reconnaissent jamais dans ce qui existe déjà.

Le mauritanien rêve de justice.

L’Etat sous le guidage de l’actuel Président de la République s’est engagé à l’appliquer en toute circonstance.

L’Ex-Président, une partie de ses ministres, certains de ses proches collaborateurs, et des membres de sa parenté ont été mis en cause sur la base d’accusations portant, majoritairement, sur le détournement de deniers publics à travers la passation de gros marchés par recours à la procédure du gré à gré, ou à la délégation de maîtrise d’ouvrage, neutralisant les règles du code des marchés publics , mises en place pour garantir à l’Etat, le meilleur rapport qualité/coût.

Le gré à gré, qui devait être l’exception bien été réglementé par le Code des Marchés Publics, était paraît-il devenu la règle. Cette procédure simplifiée ne pouvait se justifier, en dehors des exceptions prévue par le CMP que par une intention délibérée de percevoir des commissions servies par les attributaires en contrepartie des gains qui réaliseront sur le dos de l’Etat, c’est à dire du citoyen. Cette procédure permet, aussi, d’attribuer des marchés sans respect des conditions techniques et financières du projet à des prêtés noms ou à des membres de la famille au sens larges et des amis et soutien au sens éphémère, du Maître de l’Ouvrage.

Le gré à gré, porte en son sein l’arbitraire, peut servir de canal à la corruption et est contraire aux exigences de transparence requise en toute circonstance quand il s’agit de la gestion transparence.

C’est tellement grave que l’Etat pris sur lui de mettre en cause les plus hautes ex-autorités du pays qui pourraient sauf arrangement extra-judiciaire voir leur bien saisis et écoper de quelques années d’emprisonnement.

C’est, tellement, grave, le gré à gré. Mais, amnésie héréditaire ou force de l’habitude, notre administration actuelle qui est héritée de de l’Ex-Président, qui la hérite des Ex-gouvernements qui l’on précédé, vient de perpétuer ces mêmes pratiques qu’elle condamne et pour lesquels elle voudrait emprisonner et saisir les biens de l’Ex-Président et de ses collaborateurs.

En effet, après que l’Ex-Président (qui semble pour la circonstance avoir été plus économe) ait fait arriver deux avocats de France, à côté de deux confrères mauritaniens pour assurer sa défenses, le gouvernement mauritanien, représenté, déjà, par le Ministère Public et ayant main mise sur les autorités législative et judiciaire a constitué un collectif composé de 60 avocats comprenant l’actuel bâtonnier et la majorité des Ex-bâtonniers et des avocats sans bâtons, sélectionnés sur proposition des premiers.

Comble du paradoxe, ce collectif recruté, théoriquement, pour ajouter à la force de l’Etat en tant que partie civile et pour aider à saisir d’éventuels biens qui appartiendraient à l’Ex-Président et une partie de son équipe a été recruté dans les conditions les plus opaques et à travers la procédure, tant incriminée, du gré à gré.

Je ne peux clôturer cette réflexion, au risque d’être long sans poser rappeler cette interrogation qu’ALLAH LE TRES PUISSANTS a adressé aux fils d’Isrël : « Commandez-vous aux gens d’être juste et vous oubliez vous-mêmes, pendant que vous lisez les Écritures, n’êtes-vous pas raisonnés ».

أَتَأْمُرُونَ النَّاسَ بِالْبِرِّ وَتَنسَوْنَ أَنفُسَكُمْ وَأَنتُمْ تَتْلُونَ الْكِتَابَ ۚ أَفَلَا تَعْقِلُونَ

Tout le monde s’entend parler de la force des engagements pris par le Président de la République d’asseoir les bases d’un État moderne, juste et mesuré. Tout le monde parle de sa volonté de monter un cran au-dessus de la mêlée.

La demande que je pourrais porter à l’intention du Président de la République, en ces moments solennels, c’est de mettre fin une fois pour toute au monnayage des services publics, au clientélisme, à la médiocrité et surtout et surtout à l’impunité.

J’invite, par ailleurs, tous ceux qui ont été victimes de mauvaises pratiques ou qui y ont assisté de les dénoncer avec force détails et d’informer les autorités et l’opinion publiques et cela est le plus faible degré de croyance en ALLAH et en ses nobles messagers.

Oumar MOHAMED MOCTAR EL HAJ

Avocat

oumarmohamed@hotmail.com