Wending : un soldat commet une « bavure », les activistes politiques sortent de leur confinement !

Wending : un soldat commet une  3 jours seulement après le drame survenu dans la nuit de jeudi à vendredi dans la petite localité de Wending, le vase est déjà plein de «condamnations» qui fusent de toutes parts pour dénoncer cette forme de violence qui ne contribue pas vraiment à instaurer le climat de sérénité et de concorde dont le pays a besoin pour avancer en direction d’une cohésion nationale.
La CVE/VR, dans un communiqué distribué samedi considère qu’il s’agit bien là d’un acte “délibéré” maquillé en “assassinat”. Sale affaire donc qui s’est déroulée par un sale temps.

“Accident mortel” qui fait suite à une affaire survenue quelques jours auparavant sur ce même lieu du drame quand, en cette période de Corona, des jeunes de la localité excédés par le trafic incessants de contrebandiers entre les deux rives, se sont substitués au forces de l’ordre et de sécurité pour arraisonner une pirogue de trafiquants.

L’Affaire s’est mal tournée pour eux. Au lieu d’être récompensés comme ils s’y attendaient ils ont été déférés devant le parquet de la Wilaya du Brakna. Les jeunes conduits devant la justice justifiaient leur acte par le fait qu’ils étaient excédés par un trafic sur lequel les forces de l’ordre et l’autorité fermaient les yeux comme expliqué dans un enregistrement audio diffusé sur les réseaux sociaux et dont notre rédaction détient une copie.

Devant cette situation les jeunes s’étaient proclamés et comportés en milice d’auto défense pour leur village pour mettre fin au trafic entre les deux rives qu’ils considéraient comme pouvant être une cause de contamination incontrôlée pour leurs parents et au-delà pour le pays tout entier. Considérant que les autorités devant lesquelles ils ont porté plainte ne font pas leur travail ils ont appliqué leur propre loi et arraisonné une pirogue qui servait pour les trafiquants de moyens de déplacement entre les deux rives.

Les jeunes de Wending, un petit village blotti sur la rive du fleuve Sénégal non loin de Mbagne, un village de pécheurs, considéraient qu’ils agissaient en citoyens conscients et qu’ils s’opposaient aux mouvements d’infiltrations continus entre les deux rives contre lesquels les autorités ne réagissaient pas. Les jeunes de Wending avaient à la fois raison et tord. Raison de refuser d’accepter des infiltrations à risques, mais ils avaient tord de se faire justice eux-mêmes en se substituant aux forces de l’ordre pour jouer à la milice en saisissant une pirogue comme pièce à conviction.

A la suite de cette première affaire, un incident survenu la nuit de jeudi à vendredi qui a malheureusement endeuillé le village a été mis à profit par certains pour contourner les questions qu’ils devaient se poser.

La pirogue arraisonnée par les jeunes de Wending était t-elle le moyen par lequel le charretier tué par balle « perdue » retrouvée quand même logée dans sa poitrine assurait-elle la navette entre les deux rives ? Le villageois victime de la “bavure” pour les militaires, et “acte délibéré” pour les autres, était-il celui qui exaspérait les jeunes vigiles du village ? L’enquête va certainement infirmer ou confirmer. Quoiqu’il en soit une navette entre les deux rives ou une infiltration par ces temps de fermeture des frontières et en période de Covid-19 -plus présent au Sénégal qu’en Mauritanie-et surtout à des heures tardives est une infraction à la loi et une entrave à la sécurité sanitaire des citoyens. Mais en aucun cas elle ne peut justifier l’usage excessif de la force surtout quand mort d’homme même « accidentelle » s’en suit.

Il a fallu dans cette affaire une addition d’éléments c’est à dire « un lieu de l’homicide, Wending », un « nom de victime , Abbas Diallo » et un auteur de l’homicide un « soldat » pour que cette affaire, par l’ingrédient qu’elle constitue, déclenche une avalanche de condamnations politiques et civiles : celles de Tewassoul , de la CVE/VR, de l’ AFCF, de l’UFD, de la CVE, de l’AMDH, de IRA-M, auxquelles il faut ajouter les voix concordantes d’Ould Bedredine et celle de Amadou Dia.

Malheureusement toutes ces réactions même celles qui n’ont pas employées des expressions excessives et incriminantes pour dénoncer cet acte considéré par certains comme un “crime” à coloration raciste, semblent vouloir déplacer le problème de son contexte véritable et à le classer dans la série de “faits divers politiques ” graves. « Bavure » pour les uns « Incident » pour les autres, les voix qui se sont élevées réclament toutes une enquête indépendante», ce qui signifie simplement que les arguments avancées dans le communiqué officiel des forces armées ne sont pas convaincants.

Ce que je peux retenir moi de cette affaire qui envoie en “écho de vallée” un scandale dont les tenants et les aboutissants vont faire couler certainement encore beaucoup d’encre, c’est que, parmi ceux qui se sont prononcés dans cette affaire, il y’a quelques négros africains, quelques maures blancs, quelques harratines, quelques activistes de la société civile et quelques affiliés à des organisations des droits de l’homme qui semblent présenter des symptômes de drogués « accrocs » d’une substance à base de dénigrements.

Sous effet de cette substance, même, pour des événements qui n’ont aucun lien avec des actes racistes ou xénophobes ils déclenchent une guerre redoutable de mots à maux. Ces “drogués”de la classe politique ou de la société civile en manque de “doses” se ravitaillent, à partir d’erreurs ou fautes commises involontairement ou volontairement par les pouvoirs publics, pour essayer de rehausser leur image vis-à-vis de l’occident et des Etats-Unis au détriment de leur pays. La nature et la spécificité de ces acharnements sont l’expression d’un malaise profond qui “disjoncte” l’unité nationale.

Les négros-mauritaniens et certains de leurs sympathisants en «perte d’identité d’origine» se décrivent comme des nationaux marginalisés ou opprimés à chaque incident survenu, que cet incident soit grave comme celui de Wending ou -minime survenu dans d’autres circonstances. On a comme l’impression qu’ils cherchent à montrer à des observateurs “d’ailleurs” la preuve qu’ils ne sont pas respectés ou qu’ils sont défavorisés. Cette situation met à mal dans les faits l’instauration d’une politique de « vivre ensemble »« pour les parties en conflit politique et social perpétuel.

Même si moi je considère et franchement que l’acte par lequel un mauritanien a été tué, même s’il est prouvé qu’il s’agit bien d’une bavure, est inacceptable, impardonnable, intolérable et très répréhensible, je prends mes distances par rapport à la qualification de l’acte. Je prends mes distances puisque dans le cas présent on a pas cherché à répondre à certaines questions qu’on était en droit de se poser.

Pourquoi à 21 h 30, une heure et demie après le début du couvre feu un charretier s’adonne à une activité illicite dans une zone à risque élevé pour la sécurité nationale et surtout pour la sécurité sanitaire en cette période de coronavirus ? Pourquoi le ressortissant de cette localité mauritanienne s’adonne t-il à des activités en bande organisée avec des riverains d’un pays voisin ? Je ne trouve nulle part la réponse à ces questions dans les communiqués des crieurs au scandale.

Le mal a été fait et Wending pleure son mort, le pays aussi. A tord ou à raison un soldat a tiré sur un mauritanien la mort s’en est suivie. Mais si, par des propos et des réactions certains qui cultivent la haine raciale, veulent assimiler un incident comme celui-là par qualification des faits, à l’affaire de George Flloyd de Minneapolis qui secoue en ce moment l’Amérique je proteste, persiste et signe pour dire non aux cultivateurs de la division.

Le projet de la coalition « vivre ensemble » très bonne initiative ne doit pas souffrir d’une distanciation progressive de la cohésion nationale à cause de certains citoyens, qui, comme des accrocs à la drogue, ont besoin de leur dose habituelle de scandales pour respirer à pleins poumons la haine raciale. Wending ne doit servir de “dose” à ceux qui sont en “manque” d’amour pour leur pays. A moins qu’ils soient, par des intérêts inavoués apatrides. Ce qui est peut être vrai pour certains d’entre nous mais que je ne m’explique pas personnellement.

Mohamed Chighali

Source : Points Chauds (Mauritanie)